~Too young

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《- Hum, bonjour mademoiselle...》
《- Élodie, je m'appelle Élodie.》
《- Bien, alors bonjour mademoiselle Élodie. Alors, pour cette première consultation je vous demendrais de bien vouloir vous coucher sur le fauteuil. Oui, voilà très bien. Maintenant nous pouvons commencer madame...》
***
《- Je veux mourir. Je veux mourir et m'enfuir d'ici, de cette vie. J'arrive plus à m'y faire, tout me rattrape et je ne fais que me taire. Ma vie n'a plus de but, si ce n'est que cette chose qui pause problème parfois. Elle m'injecte une dose d'anxiété et je n'arrive plus à rien contrôler. J'en perds la raison, ne veux que retourner à la maison. Cette habitation qui n'est plus mienne a présent, l'endroit autrefois réjouissant dont je ne peux plus y mettre les pieds. Je ne peux plus y pointer le bout de mon nez. J'en pleure encore dans mon lit, seule et enfouie sous les couvertures. C'est dur de voir la vérité en face. D'apercevoir cette interface de la réalité, la crevasse de notre existence. Docteur... Est-ce que mon cœur bat toujours ? J'ai l'impression de n'avoir qu'un amas sur la poitrine. Lourd et sourd. Je ne me sens pas en vie, seulement envahie par la peur. Engloutie dans toute cette ampleur. Docteur, j'ai l'impression d'être morte depuis des mois, de ne plus être moi. Suis-je vraiment vivante ? Ou ne suis-je que cette personne qui hante sur la terre ? J'aimerais bien savoir. 》
《- Très bien, Élodie. Maintenant, parlez moi de votre travail et de vos occupations.》
《- Je reste chez moi, seule avec ce monstre qui me brouille l'esprit avec sa bouille. Je prie parfois pour qu'il ne soit plus là. Tout serait tellement mieux sans cela. 》
《- Vous êtes encore sous le choc, c'est normal. Votre situation est délicate et il n'y a personne à votre portée, personne vers qui vous pouvez vous tourner.》
《- Il était avec moi, lui, avant. Mais il s'est enfui, il a fuit la réalité, à préféré se casser avant d'attraper cette maladie comme il l'appelait. Il m'a laissée seule avec ce monstre qui me bouffe l'énergie. Au début, sans lui c'était facile. Je n'ai pas pleuré, j'ai simplement accepté. Puis, j'ai vite compris que la vie ne me rendrait pas la tâche facile. Les connaissances sont biens utiles, mais les épreuves sont biens plus difficiles qu'une équation de mathématique. C'est comme un projet artistique qui prend forme avec le temps. Docteur, j'ai peur d'échouer... 》
《- Oui, Élodie, je comprends très bien. Qu'est-ce qu'à dit votre famille, quel soutient vos proches vous amènent-ils ? 》
《- Je n'ai aucun soutient de personne. Une petite voix résonne dans ma tête, me disant que je ne suis qu'une pauvre conne qui ne connait rien et qui a tout raté. Tout le monde me tourne le dos, on me dit que je ne suis et ne porte qu'un fardeau. Est-ce faux ? Je ne le sais plus... Cette bête m'a tout volé, mais je ne peux que remercier le ciel de me l'avoir confiée. 》
《- Madame Élodie... vous devez être claire quand vous parler de ce "monstre", comme vous dites. Qui est-il et qu'est-il ? 》
《- Je... 》
《- Prenez votre temps, madame. 》
《- Il s'agit de mon garçon... Charli. Ce bonhomme de seulement quelques mois qui hante mes journées. 》
《- Quel est exactement le problème ? 》
《- Le problème n'est pas Charli même s'il m'arrive de mettre la faute sur lui. Le problème c'est tout ce qui vient avec. Prendre soin d'un enfant c'est beaucoup plus épuisant que ça en a l'air. Le plus dur n'est pas de subvenir aux besoins, comme acheter le nécessaire, non, le plus dur c'est de se faire rejeter. Rejeter par son entourage en entier, excepté ceux qui ont accepté mon bébé. Le plus dur c'est de se faire lâcher aussi par son petit ami, celui avec qui on rêvait d'un destin parfait. Celui qui se voulait être l'homme idéal, mais qui n'était en fait que la relation fatale. Cependant, on passe au travers. Mais il y a bien une chose pour laquelle je me laisse faire, ne disant rien. C'est bien le jugement des autres. Les gens effrontés qui ne pensent pas avant de parler, de lancer un regard hautain. Ça vient me toucher. Ils chuchotent entre-eux, se disent que je suis trop jeune, que je ne serai jamais une bonne mère. Mais comment être une bonne mère si on me crache au visage ? Comment être une bonne mère si on m'abandonne à mon sort ? Comment être une bonne mère si le père n'est pas assez fort, assez adulte pour m'aider ? Comment ? ... Je ne sais pas trop. Le jugement c'est quelque chose de puissant. Je suis une jeune fille de 17 ans, et alors ? Est-ce que j'ai eu tords de créer ce miracle de la vie ? La réponse est non. Pour rien au monde je ne pourrai le remplacer, même si j'aurais aimé avoir eu la chance de profiter un peu. Pas question de retourner à l'école de sitôt. On me prendra encore plus pour une moins que rien... 》
《- Avez-vous trouvez un travail, êtes vous en contact avec l'aide social pour subvenir aux besoins de l'enfant ? 》
《- Oui je le suis. Je n'ai pas encore d'emploi, ça viendra. J'essaie pour l'instant de m'occuper convenablement de Charli en demandant conseils un peu partout. C'est tout ce que je peux faire. L'aide sociale me met de la pression. Si je ne fais rien de bon, il me priveront de mon bébé. Pour une jeune maman, il n'y a quasiment aucune confiance, aucune patience de la part des autres. Pas de conscience. On nous met du stresse sur les épaules et on nous demande de ne jamais nous défaire du rôle de la maman. C'en est étouffant. 》
《- Comment vous sentez-vous ? 》
《- Mal. Très mal. On me prend pour une cruche et c'est ça le pire. On me dit que j'aurais dû me protéger. C'est ce que j'ai fais ! C'est ce que j'ai fais, mais il est arrivé un accident qui a tout provoqué. Les gens disaient que je me droguais, buvais et fumais. Foutaises. Je sais comment m'occuper d'un enfant, comment survivre face à une grossesse. Je l'ai fais. Personne n'a confiance en moi, docteur, personne n'a confiance en toutes les autres jeunes femmes comme moi. Nous sommes souvent seules et prises au dépourvu. 》
《- Le stresse est trop pesant sur vos épaules, Élodie ? 》
《- Oui, beaucoup trop. 》
***
《- Très bien, madame, vous pourrez revenir me voir la semaine prochaine. Même heure. Au revoir Élodie, bon courage. 》
《- Merci docteur... 》

Textes d'une idioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant