Je lève les yeux vers ce miroir, contemplant mon reflet imparfait. Ma main se pose sur la glace froide. Un frisson ma parcourt tout le corps, hérissant mes poils. Mon bras trop gros, mais bien trop mince.
《Est-ce vraiment moi?》je me demande.
Je vois ma peau blanche, vide de vie. Mes cheveux roux en pagaille, mes veines bleues semblant ressortir de ma peau. Je contemple précautieusement mes fines jambes qui semblent à peine tenir debout tellement mes tremblements sont puissants.
Je remarque cette marque de naissance, toutes ces taches de rousseur. Je vois ma petite poitrine, mes hanches inexistantes et mon ventre trop plat.
Mon corps osseux, sans graisse restante. Sauf que je ne vois que ces kilos en trop, cet autre centimètre de gras au niveau de mes cuisses. Je ne remarque pas mes joues creuses, les immenses poches de fatigue sous mes yeux verts. Je me focalise sur ce qu'il y a à améliorer, ce qu'il y a à enlever. Je peux très bien brûler un kilo de plus.
Sans apercevoir que mes jambes sont trop minces, que je ne ressemble qu'à un squelette vivant. Sans apercevoir que je vais mal, que m'empêcher de manger affecte tout dans ma vie, que mon poids a déjà chuter en bas de la limite. Que l'anorexie est déjà présente, qu'il sera difficile de m'en sortir.
Je suis aveugle sur les conséquences de ma mal nutrition, aveuglée par mon apparence. On m'a dit que j'étais trop grosse, j'ai pris les choses en mains. Et me voilà maintenant, complètement mise à nue devant mon propre reflet, constatant les dégâts.
Ma mâchoire tremble faisant claquer mes dents. Mes lèvres rosies, de même pour mes yeux. Les larmes dévalent mes joues rapidement. Le dégoût devant l'image de moi-même.
《Je suis repoussante.》déclarais-je alors froidement.
Mais ce n'est pas vrai... seulement, je ne le vois pas. Je ne remarque que la laideur, pensant qu'il n'y a plus rien à faire pour changer. Que je vais rester ainsi et que rien ne peut m'aider. Sans réfléchir à la possibilité d'aide, de me sortir ces idées noires de la tête.
Je ne pense pas, ne vois pas que je ne vais pas bien. Autant physiquement que mentalement. Il faudrait quelqu'un d'autre pour me conduire vers le droit chemin. Mais il n'y a personne.
Personne pour me réconforter, personne pour me dire que je suis trop mince. Personne.
Devant le miroir, seule devant mon désespoir.
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Textes d'une idiote
PoetryNDA : Ces textes sont le produit de la 13-14-15 ans que j'étais. Ils ne sont pas corrigé depuis leur publication, donc soyez indulgents. Certains sont bons, d'autres pas, à vous de juger. « Le cycle ne s'arrête pas. Ça clique ou ça clique pas. Passe...