La balade en jeep

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« On a besoin, au cours de ce cheminement intérieur, de se remémorer les moments heureux, pour ne pas douter d'avoir aimé, d'avoir été aimé. Se souvenir, c'est ça aussi : être certain d'avoir été en vie »

- Laurence Tardieu



6 Juin...

Le mois de Mai s'est évaporé pour laisser place à Juin et son tempérament chaud, humide et ensoleillé. D'ailleurs, on ne peux pas dire que cette première semaine le fut...

Presque une semaine s'est écroulée depuis ma soirée avec James. Parfois, je me surprend à repenser à ce jeudi soir. Je me demande aussi à quelques moments, si il a envisagé de me contacter malgré le fait qu'il m'avait demandé : et si j'aimerais te revoir ?  Ces mots sont toujours aussi présents dans ma tête que quand nous étions dehors, sur le trottoir grisé par le temps. Les jours qui ont précédés la nuit en question, ont été pluvieux et nuageux. Aucune boule de feu apparaissait dans le ciel durant la journée. J'étais chez moi la plupart du temps, sinon à la librairie.

***

C'est donc un soir, quand je me suis assise sur mon balcon, désormais fleuris de roses de jardin avec anémones et tulipes, que j'ai repensé à Tom. À ce moment, j'ai eu une envie foudroyante de vouloir l'appeler, de lui écrire et de vouloir tout recommencer. D'oublier tout. Tout le mal qu'il m'avait supposément fait, s'était envolé comme le vent. Comme si, cette douleur déchirante de la révélation n'avait jamais vu le jour. Je me suis donc remémorée, les souvenirs et les trois plus belles années de ma vie à ces côtés. À mes 18 ans, je l'ai rencontré et j'ai tout de suite sentis mon coeur palpiter et mon ventre en tourbillonner. J'étais de nouveau amoureuse. Après 1 mois de fréquentation, nous pouvions donc crier sur tous les toits, que Maya Leroy sortait avec Tom Avery. Un beau couple. Notre première sortie en amoureux, fut bien spéciale à mes yeux. Nous sommes allés regarder les étoiles dans son petit bateau. Il avait prit soin d'apporter plein de petites choses bizarre que j'aimais bien et pour moi, ces petites attentions valaient beaucoup plus que le Loto Max. Je me souvenais aussi de la fois, où nous avons eus notre premier voyage en amoureux. C'était magique à cette époque. Après tout ces souvenirs je me décidai enfin, à lui envoyer un message. C'est seulement après avoir saisis mon téléphone portable, que je m'arrêtai pour prendre conscience du geste que j'allais poser. Un message et tu ne pourra plus jamais passer à autre chose, puisque tu va toujours penser...

      Cinq bonnes minutes passèrent et je me rendis compte que ça ne changerais rien au final. Pourquoi se faire tant de mal? Je secouai la tête et je rangeai mon téléphone dans le fin fond de mon sac. Il est temps de passer à autre chose, de penser à autre chose et d'oublier pour de bon. Mais comme le dit un certain proverbe, plus nous essayons d'oublier, plus nous y pensons.


Le lendemain... 14 h 00


Mon chiffre de travail est terminé. Toujours aussi heureuse d'avoir la chance de pouvoir travailler dans un de mes endroits les plus chouchoutés. Une librairie. Je fis mes traditionnelles salutations à Estelle et à Cara puis je passa la porte. Je tomba nez à nez avec James.

Il me sourit tandis que je manquai de faire une crise du coeur.

- Hey... Comment-va tu ? Me demanda t-il essoufflé comme si il avait couru un Iron Man. Je me retient de rire.

- Bien et toi ?

- Bien... je voulais juste te dire que je suis désolé... je ne t'ai pas re-contacté depuis jeudi passé, me lança t-il mal.

- Non, c'est correct! De toute façon j'étais quand même très occupée...

Mensonge. Je n'ai fais que penser à toi.

- Exactement, moi aussi j'avais beaucoup de chose... Je devais classer et ranger les papiers des étudiants étant donné que la session est terminée et que les vacances reprennent le « beat »...

Puis nos regards se croisèrent. Dit quelque chose...

La pluie parla à notre place.

Effectivement, le déluge des chutes Niagara se mirent en action et je suis en vélo. Quel bon synchronisme, dame nature ! Je soupirai et je me dirigeai vers ma bicyclette qui n'attendait plus que moi. Par contre, James me rattrapa doucement par le bras et me retourna vers lui.

- Il pleut des cornes, je te ramène ! Me proposa t-il.

J'hésitai un moment et je me dis, que rien ne pouvait être pire pour l'instant que me promener sous la pluie en vélo.

- D'accord, cédai-je.

Il sourit et m'aida à transporter ma bicyclette jusqu'à son auto. Bref, son jeep, un Wrangler noir. Après avoir réussi à faire la faire entrer, nous nous dépêchâmes à entrer dans son jeep. Je me retournai vers lui pour que nous constatons, au même moment, que nous étions trempés de la tête aux pieds et que nous paraissions ridicule.

- J'éclatai de rire et lui aussi. Nos rires s'estompèrent finalement, après 2 minutes.

- Où est-ce que je te dépose ?

- Tu peux aller chercher la rue Pfeiffer, après je te guiderai, lui répondis-je.

Il démarra et abaissa une plaquette et il en sortit un disque.

- Quel genre de musique écoutes-tu ? Me demanda t-il le regard toujours braqué vers l'avant.

- Quel genre de musique j'écoute?

- Pas du blues, certainement pas du rap...

- Mmm... Difficile à dire parce que je suis pas très difficile dans ce domaine mais j'aime bien la musique alternative et celle que l'on appelle dance ?

Il pouffa et je rougis.

- Je ne sais pas trop si l'on appelle ce style de musique de cette façon mais je comprend ce que tu veux dire... Par contre, moi je reste dans le même répertoire que toi. Alternatif et parfois du « grunge ».

- Un écrivain qui écoute de la musique grunge ? Lui demandai-je avec un sourire joueur.

Il me regarda et secoua la tête en signe de désespoir.

- Que des préjugés! Nous ne sommes pas tous obligés d'écouter du jazz, et puis de toute façon, tous les goûts son dans la nature...

- D'accord, d'accord...

Je souris. J'ai rarement eus des connaissances, dont avec qui j'avais quelques points en commun. Du moins, la musique. Il se mit donc à fredonner une chanson, ça me prit quelques secondes avant de retrouver ses origines mais quand je trouvai, je poursuivis avec lui, comme si de rien était. C'était  I Still Haven't Found What I'm Looking For de U2. Une de mes chansons favorites. En arrivant au refrain, on se mit à chanter à tue-tête, ce qui me parut un peu étrange mais je me sentais incroyablement bien avec lui. Quand la chanson tira ces dernières paroles, James lâcha le volant pour faire des salutations à un public imaginaire et j'éclatai de rire. Il se retourna alors vers moi, le sourire aux lèvres...

Au gré du ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant