Je me fis réveiller par la lumière perçante mais réchauffante du matin. Je portai mes doigts à mes yeux et je vis volte-face, couchée, pour regarder l'heure. Mon cadran indique à ce moment, 6h30. Je soupirai et je me levai même si je suis plutôt exténuée. De toute façon, je travaille ce matin. Sortie de ma chambre, je passa à la cuisine, là où je me servis un grand verre de jus d'orange. Après l'avoir but cul-sec, je tombai pertinemment dans la lune, le regard plongé dans la tuile grise et ma tête dans les nuages.Ma première pensée fut Luce. Elle occupe mon cerveau depuis quelques jours, remplaçant de peu James. C'est un peu égoïste, mais... si Luce ne me préoccupait pas, je ferais sans doute juste penser à lui. J'ai toujours hyper mal en évoquant les souvenirs des deux derniers mois. Déjà deux mois ce sont écroulés depuis notre rencontre... Et Luce reprit le dessus. Je dois lui changer les idées, elle m'a l'air tellement... morte. Ouais, littéralement morte.
Je déposa enfin mon verre sur le comptoir et je retourna à ma chambre pour m'habiller. Je pris un short de toile avec un chandail blanc avant de saisir mon téléphone et d'appeler Luce. Je composa son numéro, les trois sonneries retentirent mais aucune réponse.
- OK, elle doit sûrement dormir...
Et je recomposa le numéro.
Aucune réponse.
Je fronçai les sourcils, légèrement perplexe et je descendis en bas pour aller cogner en personne à sa porte. J'arriva sur le seuil et je frappa quelques coups, ce qui ne me donna aucun résultat.
- Bon...
Je recommença mais plus longtemps mais toujours rien, silence radio. L'inquiétude me monta à la tête et mon rythme cardiaque s'éleva juste un peu plus. Il est 6h30, elle a 77 ans, plus en très grande forme depuis quelques jours... C'est clair qu'elle doit être dans son appartement. D'ailleurs, pourquoi elle ne répond pas ?
Tendue, je me mis à la recherche d'une solution pour ouvrir la porte.
Je peux certainement pas la défoncer... Je n'ai pas d'épingle... Je n'ai pas de clé...
Bordel. J'ai une clé !
Je me dépêcha à rejoindre le minuscule meuble près de la grande porte d'entrée. J'ouvris rapidement le tiroir pour y saisir la clé de son appartement. Le morceau de fer à la main, j'accouru vers sa porte et je la déverrouilla. Quand j'entrai dans l'appartement, tout ce que je pouvais entre c'était le bruit de ma respiration saccadée, et les murmures du vent. Je balaya en deux secondes le salon fleuris et la cuisinette de Luce, sans la trouver. J'enjamba le fauteuil qui prenait trop de place à mon goût pour passer aux secondes pièces. J'ouvris en grand la porte de la salle de bain, anxieuse à l'idée de ce que je pourrais découvrir. Par chance, rien. Juste une baignoire vide, un lavabo possédant des articles de beauté sur celui-ci et une toilette. Et je me retournai pour faire face à la dernière pièce. Sa chambre. Actuellement fermée... J'avançai lentement pour éterniser le moment quand j'atteignis la poignée. Je le tourna et je tomba sur une grande pièce meublée de souvenirs. Elle n'est pas là. C'est impossible... Où peut-elle bien être ? Je regardai prudemment le côté droit du lit mais je n'y vis rien. Je fis un pas ensuite par la gauche et... mon coeur s'arrêta quelques secondes tout comme mon coeur.
Elle est étendue au sol, gisante. Son teint est bien trop blanc et elle ne bouge plus. Environ cinq secondes s'écroulèrent avant que mon corps retrouve ses capacités. Je couru les deux mètres qui me séparait d'elle. En premier, je vérifia en tremblant si elle est toujours consciente et si elle respirait.
Par chance oui.
- Non... non... qu'est-ce que je dois faire... Bordel, je n'ai pas reçu mon cour de RCR...
Abandonnant Luce, je me précipita dans le salon pour saisir le téléphone central avant de composer le numéro des urgences. Pour vu qu'elle aille bien...
Ce fut les quatorze minutes les plus longues de ma vie. Les ambulanciers franchirent enfin la porte d'entrée à ma rescousse et à celle de Luce. Quand ils arrivèrent, deux d'entre eux ce précipitèrent vers Luce tandis qu'une femme vint me voir.
- Mademoiselle, comment allez vous ?
Je la regarda avec tristesse sans être capable de répondre. Elle hocha la tête et vint s'accroupir à mes côtés.
- Je vais avoir quelques questions pour vous, c'est très important.
Je pu acquiescer un petit oui. Et je tenta de répondre aux moindres questions qu'elle me posa, dont : que c'est-il passé ? J'ai l'air d'en avoir la moindre idée ?
Quelques secondes plus tard, je vis les deux hommes soulever une civière jaune, le corps de Luce placé sur celle-ci. L'ambulancière m'aida à me relever et me guida jusqu'à l'ambulance. Les deux hommes échangèrent quelques mots avec la femme et montèrent au devant de la camionnette. Je fis de même avec l'ambulancière mais à l'arrière. Je ne fus même pas encore tout à fait assise quand nous nous mirent à avancer. Nous pouvions bien entendre les bruits de sirène... Elle s'accroupie, avec quelques instruments et objets avant de venir les positionner un peu partout.
J'avais la vielle main de Luce dans la mienne quand je demanda, la voix cassée, à l'ambulancière :
- Va t-elle survivre ?
Elle me regarda avec compassion et espoir.
- Nous allons tout faire pour, mais je crois bien que oui.
Cela me rassura.
- Tout dépend de ce qu'elle a.
Ça non.
- Est-ce que je pourrais savoir votre nom... J'ai l'impression d'être bien trop en territoire inconnu actuellement alors si je pouvais avoir un repère, ne serait-ce qu'un prénom, je le prendrais...
Elle m'adressa un sourire.
- Karen.
Je plissai les lèvres et je fermai les yeux quelques instants. Elle ne peut pas me quitter. J'ai besoin d'elle... Sur qui vais-je compter dans cette ville, lorsque je vais avoir des problèmes ? J'ai personne ici. Tammy, est en France. Mes collègues, jamais de la vie, je n'ai pas assez confiance en elles pour leur confier certaines choses. Et puis il y a James. Il n'est pas là et il ne le sera surement jamais plus...
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Au gré du vent
RomanceT E R M I N É Début vingtaine, n'ayant pas d'idées précises pour son avenir qui la suis de trop près, perdue dans un chagrin éternel... Maya se fit une promesse. Mais durant un matin de fin printemps, un homme viendra perturber le cour de sa...