Maladie ?

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J'ai peur. C'est fou à quel point je suis effrayée.

Seule, au milieu de plein de gens qui sont tous accompagnés de leur proches. Il y a déjà trois heures que Luce est entrée dans cet endroit. Et c'est la première fois que j'y mets les pieds. UCSF Médical Center at Mission Bay. Cet emplacement me donne un peu plus de confiance. Karen, l'ambulancière m'avait dit que c'était un très bon hôpital et qu'elle allait s'en sortir vivante. J'espère...

 

Je m'étais assoupie, quand une femme, vêtue d'un espèce de sarrau blanc vint à ma rencontre. Ça y est, c'est le moment, elle va m'annoncer que Luce est décédée...

- Bonjour, je suis le docteur Maxwell. Je suis l'une des spécialistes qui vont suivre Luce.

Elle aborda un sourire bienveillant, tout en tendant la main vers moi.

- Maya...

Je tentai de lui sourire moi aussi, mais j'échoua me résignai à seulement lui serrer la main.

- Comment va t-elle ?

Elle plongea alors ses yeux d'un gris de glace dans les miens.

- Mieux. Quand elle est arrivée... son état était plus ou moins stable. Nous allons lui faire passer des tests pour savoir un peu qu'est-ce qu'elle a.

Jouant dans mes mains, nerveuse, elle me demanda curieusement :

- Comment était-elle durant les derniers jours ?

Je fronçai les sourcils pour repenser aux moindres détails.

- Beaucoup plus fatiguée. Elle était souvent essoufflée, et je suis allée faire ses courses à sa place. Chose que je n'ai jamais faite, puisqu'il y a une semaine environ, elle était la Luce que j'ai connu depuis toujours. Souriante, pleine d'énergie, en plus d'être très en forme. Elle a tombé d'un coup, dimanche passé.

Elle fit une moue, qui m'inquiéta.

- Avez vous une idée de qu'est-ce qu'elle pourrait avoir ?

Elle secoua la tête.

- Non, mais nous allons bien le découvrir après les tests.

- D'accord, est-ce qu'elle est éveillée ?

Elle plissa les lèvres et me répondit par l'affirmative.

- Oui, c'est pour cette raison que je suis venue aussi. Nous allons recevoir les résultats sois cette nuit ou demain matin. Alors, vous pouvez très bien rester ici ou vous nous donnez votre numéro et dès qu'il y a du nouveau, on vous passe un coup de fil.

J'hochai la tête.

- Je vais vous donner mon numéro mais je crois rester un peu encore ici...


J a m e s

Depuis une semaine, j'enchaine les rendez-vous à la recherche d'une nouvelle conquête histoire de ne plus penser à elle. Elle. Cette jeune femme, grande et mince aux cheveux bruns courts et ne parlons pas de ses yeux... Verts comme de l'émeraude. J'en ai toujours pas parlé à Caleb. Même si je le vois presque à tout les soirs, il est clair qu'il se doute de quelque chose. Au lieu d'être avec celle à qui je dois tout, je reste assis sur des bancs à boire de la bière. J'ai vraiment l'air dépressif et alcoolo. Image que je n'aime pas vraiment. De toute façon, il est actuellement trop tard pour faire quoique ce soit. Je sais que je lui ai fait beaucoup plus que de la peine, je l'ai carrément blessée. En y repensant, c'est la plus grosse erreur de ma vie. J'avais enfin trouvé la femme de mes rêves, celle qui allait m'aimer peut importe les coups bas que j'aie pu faire auparavant et celle qui me faisait rire et agir comme un idiot. Durant les derniers mois, elle m'avait fait vivre ce que personne n'a pu accomplir en moi durant 28 ans. Et... je l'ai larguée. Pour une histoire d'âge. C'est certain, qu'en rentrant chez elle, Maya m'a traité de tout les noms et c'est juré de ne plus jamais me reparler. J'étais convaincu de cela, mais j'ai eu tort quand je l'ai croisée pour la première fois depuis le dimanche à l'épicerie. Elle venait de mettre dans son petit panier des pochettes de thé. Un certaine envie m'avait passé à ce moment. J'avais juste envie de courir vers elle, de l'embrasser tout en la soulevant pour la sentir près de moi. Mais... non. Comme à chaque fois, je n'ai pas suivis mon coeur mais ma tête. J'ai passé à côté d'elle sans échanger le moindre mot, par contre, son regard voulait tout dire. Il était remplis jusqu'au bord d'une tristesse, d'un manque et de solitude... Je suis passé à la caisse et j'ai quitté la petite épicerie, l'eau aux yeux.

  J'étais assis, ce soir, dans un bar rustique et moderne à la fois. Pour faire changement des autres journées, Caleb n'était pas assis avec moi seul mais bien avec sa copine. Sarah. Nous étions en train de parler quand je cru voir entrer Maya par la porte de l'endroit. Mon coeur fit un bond.

- C'est Maya ? Me demanda soudainement Caleb.

Il me pointe la fille de dos près du comptoir.

- Maya... ?

- La copine à James.

Sarah tapa dans ses mains, elle jubilait.

- Enfin ! Je ne serai plus seule dans vos soirées stupides...

Toujours les yeux rivés sur Maya, elle se retourna vivement et je remarqua bien que ce n'était pas elle.

- Ah non... Elle est bien plus moche que Maya.

Je le fusilla du regard. Il rit.

- OK. J'arrête.

Sarah but une gorgée de son Negroni et me regarda attentivement.

- Elle est où Maya, ce soir ?

Je soupirai et baissai les yeux sur la table de bois.

- Ah, bordel. Qu'est-ce que t'a encore fait ?

Caleb est sur le point d'exploser et il boit un soupçon de sa bière. Sarah se retourna vers lui et puis moi, en haussant les sourcils.

- C'est idiot.

Sarah plissa les lèvres.

- Allez, dit.

- C'était dimanche passé. C'était sa fête et... je lui ai demandé quel âge elle avait et puis elle m'a dit qu'elle avait 21 ans... Alors... je lui ai dit qu'elle allait perdre son temps avec moi et sa jeunesse aussi.

Je fis une pause pour examiner leurs réactions quand Caleb me demanda impatient :

- Et alors ?

Je soupirai fortement avant de créer la plus grosse pagaille en ville.

- J'ai en quelque sorte rompu.

- À cause de son âge ?

- Putain, James ! T'es complètement à côté de la plaque là...

Les deux s'étaient exclamés au même moment.

- Tu es bien plus qu'idiot.

- Maya. C'est. Une. Perle. Et puis tu l'as laissé... ! C'était peut-être ta seule chance, je t'avais jamais vu aussi heureux et voilà que tu romps avec elle à cause qu'elle a 21 ans et toi 28.

- J'ai pas pensé à mon affaire...

Il rit sarcastiquement.

- Ça tu peux le dire.

Sarah fait une moue.

- Je vais laisser tomber à l'eau mes plans de filles...

Caleb rit tandis que moi je les regardes perdu.

- J'ai besoin d'aide.

- Pour quoi ?

- Pour n'importe quoi... J'ai juste besoin d'aide ! Je sais plus quoi faire... Tout était si bien et parfait avec elle. J'ai tout gâché.

Ils se jetèrent un coup d'oeil complice.

- Est-ce qu'elle t'aime encore tu crois ?

- Ça doit pas...

- Tu le penses sérieusement ?

J'y pensai deux secondes et sincèrement je ne sais pas.

- Eh... Je sais plus trop quoi penser, je ne l'ai pas revue depuis.

- Et toi tu l'aimes ?

Je plissai les lèvres. Trop de confessions à trop de gens, pour moi ce soir.

- Ouais.

Sarah prit la parole et agita sa main dans les airs.

- Alors, tu dois aller la voir. Et crois moi, ce sera ta dernière chance. Si elle t'en donne une. Dit lui quelque chose, je sais pas mais fait quelque chose.

J'hochai la tête, tout en y repensant. Je l'aime et c'est ma dernière chance. Alors je vais la prendre et je vais arrêter de jouer au gars prétentieux et égoïste que je suis en train de devenir.

Au gré du ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant