Un retour, l'amour

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M a y a

Je suis autant vide de l'extérieur que de l'intérieur. Hier, Luce est entrée d'urgence à l'hôpital. Les médecins m'ont dit qu'ils ne savaient pas qu'est-ce qu'elle a, mais dans leurs regards menteurs, je vois bien qu'ils le savent. Et que c'est grave... Je suis finalement du centre vers minuit. Je croyais avoir des nouvelles mais non. Fatiguée, j'étais retournée à mon appartement à pied, étant donné que je n'avais pas amené mon portefeuille. La nuit était terriblement froide et je n'avais personne pour me réchauffer dans ce moment. Ni en ce moment.

Je m'étais réveillée par la sonnerie du téléphone vers 7 heures du matin, contrairement à d'habitude. C'était la secrétaire du docteur Maxwell. Elle m'annonça que Luce pouvait recevoir des visites. En sautant au plafond, je m'étais dirigée une fois de plus vers ma penderie pour mettre un short blanc et un chandail en mailles. Après avoir pris de vitesse quelques billets sur la table basse du salon, je passai la porte sans vraiment prendre le temps de la verrouiller et j'accourus vers ma bicyclette. En moi, j'ai eu un regain d'espoir et d'énergie. Et j'avais l'impression que la vie m'aidait tout d'un coup. Tout me paraissait encourageant ce matin. Le soleil chaud qui faisait disparaître peu à peu la rosée et la brise matinale était dans mon dos, me poussant vers Luce. J'empruntai un raccourci et je passa devant une petite boulangerie. J'arrêtai et laissai tomber mon vélo et en quelques secondes, j'achetai quelques viennoiseries et en ressortie un sac rempli jusqu'au bord. Ne sachant pas vraiment qu'est-ce qu'elle aime, je lui ai acheté un peu de tout. De retour sur le siège en cuir de cet amas de pièces, je pédalai le plus rapidement que je put vers le centre médical.

   Arrivée, essoufflée et épuisée, j'accourus dans le bâtiment et j'allai aussitôt à la chambre de Luce. Arpentant les couloirs, j'admirais les motifs et les couleurs qui peignaient sur ceux-ci. Arrivée, je ralentis soudainement le pas. Je voulais pour la dernière fois me souvenir de ma Luce, avant. Je sais pertinemment que quand j'entrerai dans cette chambre, je n'y verrai surement pas la dame que j'ai connue. Je sais qu'elle sera différente et ce pour toujours... Je soupirai et tentai de chasser la boule qui s'était formée dans le milieu de ma gorge. Je passai le cadre de porte et mes yeux vinrent chercher les siens.

- Oh Maya...

Les larmes commencèrent à couler à flots sur ses joues comme les miennes.

Je m'avançai pour venir la serrer fort dans mes bras. Elle est la grand-mère que je n'ai jamais connue et elle est mon amie éternelle.

Je me reculai après une minute, pour venir m'assoir sur son lit. Je ramassai mon sac de plein au as et je lui adressai un sourire.

- Je suis venue dès que l'on m'a appelée, et j'ai en quelque sorte arrêté dans une boulangerie...

Elle éclata de rire en remarquant le sac de toile remplit jusqu'au rebord, sur mes cuisses.

- Par contre, je ne savais pas qu'est-ce que tu aimais le mieux alors j'ai acheté tout ce que je pouvais avec un billet de vingt dollars. 

Luce me fit des gros yeux.

- Tu n'aurais pas dû dépenser autant d'argent pour moi dans des petits fours...

Je rigolai.

- Voyons, ce n'est rien. C'est ce qui est plaisant lorsque nous sommes malade, nous pouvons nous gâter un peu...

L'ambiance devint légèrement moins heureuse quand je mis le mot malade sur le tapis. Je plissai les lèvres, et je tentai d'enfouir le sujet.

- Alors, j'ai des chocolatines... Croissants, chaussons aux pommes, éclairs au chocolat et macarons...

Au gré du ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant