La lettre

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M a y a


J'ai entendu il y a quelques temps de cela, quelqu'un citer un certain Jean d'Ormesson. Celui-ci disant, il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. Cette phrase ne m'avait jamais réellement touché en plus de ne jamais l'avoir vraiment comprise. Mais aujourd'hui, je comprends chaque syllabe de ce proverbe. C'est vrai que c'est fort. Puis, en plus ça fait un mal de chien. Luce est réellement décédée. J'ai toujours de vagues souvenirs de comment ça c'est passé et surtout comment j'ai réagis. Mais je sais que j'ai pleurer plus que n'importe quand dans toute ma vie. Ouais. Je sais qu'en 21 ans, je n'ai jamais pleurer autant. Ma petite Luce... C'est encore douloureux à y repenser. Ça me fait à peu près le même effet que toucher une grave blessure toujours pas cicatrisée. Ça me pince dans tout le corps et sa me consume totalement... Lorsque j'étais arrivée à l'hôpital affolée, et autant démolie, j'ai perdu complètement le fil. Je ne me rappelle de rien, excepté le moment où l'infirmière m'a tendu une enveloppe avec mon nom écrit sur celle-ci et une à James. Je n'y avait pas porté réellement attention. Et ni en ce moment.

Je suis couchée dans le grand lit de James dans son loft. Celui-ci dort fermement et je le comprends très bien. Il est quand même minuit pile. Moi en revanche... Je lui avait fait croire que je dormais, mais en fait j'étais pleinement éveillée. Je suis pas capable de dormir sur mes deux oreilles en sachant que quelqu'un que j'aime est mort. Je voudrais tellement la faire revenir. Je regrette tant, de plus...

   Assise sur le lit, j'attends les heures passer. Je fixe le fin rideau blanc depuis... longtemps. Je ne sais pas depuis quand mais ça fait assez longtemps merci. Puis, je clignai des yeux et je repensai à l'enveloppe que l'infirmière m'avait donnée.

Où est-elle d'ailleurs ?

Ah oui. Je l'ai laissée sur le comptoir de la cuisine en arrivant tout à l'heure. Je n'y pas porté la moindre attention depuis le premier instant où je l'ai saisie. Je me levai discrètement du lit et je me dirigeai vers l'enveloppe blanche postée sur le comptoir de marbre de la cuisine. Arrivée, je la saisis et l'ouvrit, le coeur palpitant. À l'intérieur, j'y trouvai une lettre. J'amorçai ma lecture.


À Maya,

   Salut, ma petite fleur. Si tu lis cette lettre, c'est que l'infirmière à bien fait sa job ! Sinon, eh bien... C'est ça. Je t'écris pour te dire que depuis le début, tu as toujours été pour moi, la fille que je n'ai jamais eue et que j'ai toujours désiré. D'ailleurs, tu l'es encore présentement, même si je ne suis plus vivante. Mais écoute bien. Je ne suis peut-être plus vivante, mais... je suis partout où tu es. Partout où tu iras, je serai avec toi. Je te le promet. C'est donc à partir du coup de fil que j'ai reçu lorsque j'étais en train de faire à déjeuner que j'ai aussitôt sus, que tu allais changer ma vie. Bien sûr, je ne te fais pas une déclaration d'amour mais une déclaration du fond de mon coeur, en tant qu'amie de 87 ans. Exactement. Je suis ta veille amie. Les quelques mois que j'ai pu passer avec toi, on sûrement été témoins des évènements les plus importants en 50 années. C'est vrai, avant que tu débarque avec ton air à la française, j'étais vraiment mémé. Mais, quand tu es arrivée Maya... Tu m'as grandement aidé. Tu m'as aidé à reconnecter avec mes soeurs, tu as été là pour appeler l'ambulance lorsque j'avais perdu toutes capacités dans mon appartement. Imagine, je serais morte si tu n'aurai pas été là. Là, tu te dis peut-être, mais de toute façon j'aurais crever ? Bien sûr, mais je n'aurais pas pu revoir Philip. Si tu savais à quel point cela m'a fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre lorsque je l'ai vu... Tout cela grâce à toi, ma chouette. Tu es formidable. Et, aussi je ne t'ai pas entendu souvent parler de tes parents, ta famille et tes amis en France. Je ne sais pas ce qu'il ce passe avec eux, mais ils manquent quelque chose à ne pas renouer avec toi ! Tu es formidable et unique, Maya. Ne l'oublie jamais. Et si quelqu'un venait par te quitter, console toi en te disant qu'il ne te méritait simplement pas.

    Je ne veux surtout pas écrire un roman avec cette lettre, déjà que la page s'achève de lignes en lignes... Alors, je te dis au revoir ma petite fleur. Vie ta vie, je te souhaite que du bonheur, de l'amour et de la santé.  Prends soin de toi, oublie pas, je suis toujours avec toi.

- Luce


Je fini la lettre et je me rendis soudainement compte que j'avais mouillé presque toute la feuille de papier et que mes joues étaient bien plus qu'humides. Je serrai une fois la terre contre ma poitrine comme si elle pouvait remplacer les étreintes de Luce et je la replia afin de la mettre dans l'enveloppe et je retournai dans le lit. Couchée, je me retournai vers James. Nos visages presque collés, il ouvrit doucement les yeux et il vint m'embrasser doucement sur les lèvres avant de venir me serrer contre lui.

Le lendemain matin, je m'étais réveillée avec le coup de fil de Philip. Il part pour le Chili, manquant les funérailles de Luce. Je lui ai demandé pourquoi, mais il m'a répondu qu'il aimerait mieux pas y assister, il fêterait ses funérailles au Chili, là où il a le plus de souvenirs de sa vie avec elle. J'avais acquiescer à sa réponse puis Philip m'avait remercié avant que nous raccrochions tous les deux. Les funérailles de Luce vont se passer demain matin.

Au gré du ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant