Chapitre 8 - Le ciel devint menaçant

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Garrigue laissa sa monture s'approcher lentement de l'endroit tant convoité. Au fur et à mesure que la distance se réduisait, l'odeur typique de la terre humide et fleurie du sous bois emplissait ses narines de ce parfum de moisissure si caractéristique.

Quand Garrigue mit pied à terre, son cheval eut un mouvement de recul. Les bêtes ont un sixième sens qui leur permet de sentir les dangers imminents. Garrigue n’en était pas doté.

Panache d'Or avait peur. Garrigue, maladroit et sûr de lui, ne chercha pas à le calmer et accrocha simplement son harnais sur une branche toute proche.

Une légère brise se leva apportant des tintements de cloches du lointain. L'air était parfumé et lourd. Le jeune garçon avait chaud et son cœur battait contre ses côtes, comme s'il voulait s’extraire de sa cage. Il repensait aux fameuses histoires qu'il avait entendu sur ce lieu étrange et peu à peu l'appréhension se faisait grandissante. Il était temps de se dépêcher.

Il s'approcha alors de la fontaine et put voir une eau cristalline qui jaillissait doucement des entrailles de la terre. Le chant du filet d'eau, qui se déversait dans la vasque, était enchanteur et envoûtant. Il profita un moment, les yeux dans le vague, se laissant caresser les tympans par ce ruissellement mélodieux de l'eau qui s'écoule doucement.

Alors qu'il était sur le point de se baisser pour prendre de l'eau dans le creux de sa main, de petites rafales, plus fraîches, vinrent remplacer le vent léger et firent s'envoler les feuilles tombées au sol. Bizarre, le temps était magnifique et ne semblait pas vouloir se mettre à la pluie !

Garrigue leva les yeux au ciel, les nuages couraient à grande vitesse, le ciel bleu se métamorphosait en un champ de mouton gris. La tournure des éléments annonçait une pluie imminente. Il espérait juste avoir le temps de rentrer avant d'essuyer une averse, qui mouillerait ses beaux habits.

En un instant, le ciel s’assombrit et devint plus menaçant. Le vent, qui maintenant lui giflait le visage, emportait les feuilles dans une tornade horizontale.

Garrigue, jaugea alors l’urgence et attrapa la bride de Panache d’Or, pour amener le récalcitrant jusqu'à la fontaine. C'est quand même pour cela qu'il était venu jusqu'ici. Il se devait de réussir sa mission jusqu'au bout. Le cheval, nerveux et frémissant, ne trempa qu'à peine les naseaux dans l'eau du petit bassin.

Mission réussie pour Garrigue. Il était parti seul à la fontaine et avait fait boire son cheval. Et les « on dit » sur cette fontaine n'avait absolument rien de fondé. Sans doute était elle un peu effrayante, mais en tout cas elle n'était pas ensorcelée. Son père avait raison, ces paysans n'étaient pas très courageux, la bravoure n'était pas leur principal atout. Heureusement que son père les protégeait, sans lui, ces pauvres fermiers ne seraient rien.

Maintenant, rentrer au château ne serait qu’une formalité et si tout se passait bien, il arriverait avant la pluie.

L'ŒIL DE PAONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant