About A Girl

| prologue |

...

Ok, on va la faire simple... :

Je suis dans la merde.

C'est assez vague, comme explication, je vous l'accorde, en même temps je n'ai pas trouvé plus approprié...

Donc voilà, je suis dans la merde, bien enfouie, des orteils à la racine des cheveux. J'ai sauté dedans à pieds joints, et je pus jusqu'au cou.
Motivant.

La raison, parce qu'il y en a bien une, est d'autant plus ridicule, une situation que j'aurais trouvé probablement drôle dans un livre, tout de suite moins dans ma propre vie.

Ça avait commencé lundi matin, en fait. J'avais passé une nuit atroce, trop chaud, trop froid, trop de réflexions inutiles. Bref. Je m'étais réveillée avec une tête d'enterrement et une attitude qui laissait à désirer, le contraire exemplaire d'une Victoria Secret, voyez vous ?
Évitant soigneusement d'écouter les remarques désobligeantes de ma mère ("tu pourrais être tellement belle si tu le voulais!"), j'étais sortie de l'appartement le ventre vide.

Sur le chemin, j'avais écrasé une limace, dont le cadavre répugnant avait collé à ma chaussure.
J'étais arrivée en retard en cours, n'avais rien suivi, trop occupée à gribouiller des phrases anglophones révoltées sur ma pochette en carton.

J'avais traîné les pieds derrière Lisa, qui batifolait comme à son habitude à droite à gauche, pensant qu'il était plus que temps de me faire une véritable amie.

C'est le soir que ça empira. Ma mère m'attendait dans la cuisine, une coupe de champagne à la main (pour elle) et un verre d'Oasis sur la table (pour moi).

-Tu te souviens de ce reportage sur les espaces ruraux profitables dont tu m'avais parlé ?

J'avais bu mon verre en quinze secondes, puis l'avais posé sur la table et m'étais assise nonchalamment, attendant que ma mère continue.

-Et bien, je me suis renseignée... Regarde.

Elle m'avait tendu sa tablette numérique.
Sur l'écran, des photos d'une mansarde plutôt accueillante, apparement située dans une ruelle campagnarde.
C'est quand j'avais vu les infos en dessous que mes yeux s'étaient écarquillés.

-Tu... Tu veux l'acheter ?

C'est à ce moment là que Dan, le copain actuel de ma génitrice, était apparu dans la pièce, souriant de ses dents blanches de dentiste fortuné.

-Nous l'avons acheté, avait-il rectifié. Toi, ta mère et moi. On emménage dans une semaine.

(...)