{chapitre 45}

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Je n'en peux plus.

Ma situation, messieurs mesdames, se présentait de plus en plus pénible à vivre.
Pas d'eau, pas d'air frais, pas de nourriture, une pièce de neuf mètres carré, quatre murs, une chaleur écrasante, une fatigue infatigable, et un ennui mortel.
Je me sentais plus proche des participants de The Island tout à coup.
A l'unique exception qu'il n'y avait aucune plage à l'horizon.

-J'ai faim. J'ai soif. J'ai chaud. J'ai besoin d'aller aux toilettes. Je m'ennuie !

J'avais beau être accoudée à la fenêtre depuis trente minutes, j'étais à peine moins écrasée par la température. Camille avait raison, les moustiques s'étaient immédiatement sentis bienvenus dans la chambre d'hôtel.
Tant pis.

-Tu ne veux pas fermer la fenêtre maintenant ? Répéta-t-elle, assise en tailleur contre un mur, emmitouflée sous sa couverture.

Je voyais seulement ses mains dépasser de sa combinaison improvisée.

-NON. Et toi tu ne veux pas sortir de là ? T'as pas chaud ?

On avait toutes les deux l'air de rescapées au bout du rouleau, parlant et agissant comme si notre survie dans ce monde atroce devenait de plus en plus compromise.

-C'est une question de vie ou de mort, Haly. Ceci, expliqua-t-elle en désignant la couette, est mon unique chance de m'en sortir. Les moustiques sont DEHORS, je suis DEDANS. Ces suppositoires de Satan ne m'auront PAS.

Je la regardai et esquissai un sourire, du moins j'essayais. J'aurais sûrement éclaté de rire devant son allure si je n'étais pas présentement si zombiesque.

-Sauf s'ils sont déjà à l'intérieur de ta carapace.

Camille sembla se pétrifier sur place pendant une seconde, puis débuta une danse d'agitation paniquée, faisant de grands gestes dans tout les sens sous sa couverture.

Cette fois-ci, je ris vraiment. Elle finit par s'arrêter et refaire surface de dessous la couette.

-Oh putain ! S'exclama Camille en ouvrant des yeux ronds.

-Quoi ?

-Je viens de réaliser un truc...

Elle se rua sur son sac à main et fouilla à la hâte.
Sous mes yeux ébahis, elle sortit une bouteille d'eau à moitié remplie de son foutoir, qu'elle leva à bout de bras comme Simba du Roi Lion.

-DE L'EAU ! Hurlai-je presque en lâchant tout de suite la fenêtre.

La blonde fit voler le bouchon et avala en deux secondes la moitié de ce qu'il restait d'eau.

-Laisses-en moi je t'en supplie.

Elle éloigna la bouteille en plastique de sa bouche et un sourire mesquin se dessina sur son visage.

-Je te laisse le reste à une condition.

-Quoi ? M'indignai-je. T'es sérieuse ?!

-Très sérieuse.

Je tentai de lui dérober la bouteille mais elle fut plus rapide. De toute évidence, je risquai seulement de renverser le peu d'eau qu'il restait sur le sol. Je me résignai alors à l'écouter.

-C'est quoi ta consigne ?

Elle fit une pause avant de répondre.

-Tu me passes le numéro de Wane.

(...)

-QUOI ?!

-T'as déjà dit ça.

-Nan mais QUOI ?! Cherchez le rapport ! J'ai soif, donne moi l'eau et c'est tout.

Elle soupira et me tendit la bouteille, que je lui arrachai presque des mains avant d'en boire le contenu.

-Pourquoi c'était un problème ? Me demanda-t-elle en reprenant sa couverture.

J'haussai les épaules.

-C'est juste stupide.

-T'as peur que je sois une trafiqueuse cachée qui va l'embarquer dans un service de putes travesties ?

Je levai les yeux au ciel et laissa échapper un sourire pendant que Camille riait à sa propre blague.

-Nan...

-C'est quoi alors ?

Je me retournai, le sourire aux lèvres, histoire d'avoir l'air moins sérieuse.

-Wane est MA pute.

Ma cousine hocha longuement la tête.

-Je vois, dit-elle en me rendant mon sourire.

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