Chapitre 5

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Samedi 1er novembre

A Paris

 

Quand je me réveillais, une bonne partie de la journée était déjà passée. Je sursautais en voyant qu'il était déjà quatorze heures.

-C'est pas vrai ! Je vais me faire tuer par Marie, dis-je en essayant de pousser ma couette avec mes pieds.

Pourquoi je ne peux pas bouger la cheville droite ? Je laissais glisser ma main droite sur ma jambe droite. Cuisse ? OK. Continuons. Genou ? OK. Jambe ? Pas ok. Pas ok du tout. C'est quoi ce truc sur ma jambe ? Je relevais la tête et vis le plâtre qui s'étendait du dessous du genou au bord de mes orteils. Comment me suis-je fait ça ?

-Comment me suis-je fait ça ?, me demandais-je en paniquant.

Mettons ses souvenirs à plat. Donc hier, on était jeudi. J'ai dû aller au concert des Jonas Brothers, avec mes demi-sœurs, Emma et Clara. Ensuite ? Ah oui, après je les ai rencontré dans les loges. Je suis rentrée et je me suis couchée.

-Comment me suis-je fait ça ?, me redemandais-je pour la énième fois.

Et là, tout me revient. Toute cette satanée journée, que j'avais réussie à oublier. Sans ce plâtre de malheur, je l'aurais complètement et irrémédiablement oublié. Seulement, s'il n'y avait pas eu ce plâtre, cette journée, j'aurais voulu m'en souvenir. J'avais rencontré Alicia Rama. Cruel dilemme, quand même.

Seulement voilà, ce que j'avais pris pour un rêve, non plutôt un cauchemar, créé par mon esprit n'en était rien. Toute cette histoire était vraie. Et je me retrouvais coincée avec ce plâtre, pendant un mois. Je laissais retomber ma tête, sur l'oreiller de désespoir. La seule chose qu'il me restait depuis la mort de mes parents venait de s'envoler, comme un oiseau qui retrouvait sa liberté. Je pourrais redanser, mais pendant ce temps, il ne me restait plus rien.

Je me levais, comme je pus et allais me passer de l'eau froide sur le visage. Mes deux mains posaient sur le lavabo, me permis de tenir debout. Je me regardais dans le miroir. Je n'avais jamais trop fait attention à mon apparence, à part pour les rares représentations que je faisais. Je m'en suis rendu compte, quand j'avais atterri dans cette maison, deux semaines après le décès de mes parents. Les jumelles avaient mon âge et elles se maquillaient déjà, portaient des tenues plutôt aguicheuses et avaient des petits amis. Moi, je n'avais rien. Pourtant d'après Louiza, j'étais jolie avec mes cheveux noirs qui éteignaient mes hanches, mes yeux noisette, mon nez fin et ma bouche discrète. J'étais grande et très svelte avec tout le sport que je faisais et continuais d'exercer.

Je sursautais quand j'entendis du bruit dans ma chambre.

-Cléa ?, demanda Louiza.

-Ici, dis-je en sortant de la salle de bain à cloche-pied en me tenant au chambranle de la porte.

-Ça va ?, dit-elle en me tendant les béquilles.

-Bof, dis-je en m'écroulant dans mon lit. Tu sais que la danse, c'est toute ma vie et ça me permet d'oublier.

-Je sais, dit-elle en me souriant.

-Mercredi, cela fera quatre ans, mais je n'arrive pas à oublier toute cette peine. Seule la danse m'y aidait et là je n'ai même plus cela, dis-je les mains sur mon visage pour essuyer les larmes qui commençaient à rouler sur mes joues.

Je ne la regardais pas mais je savais qu'elle compatissait à ma douleur. Elle ne connaissait pas mes parents, mais elle savait combien s'était dure de vivre sans eux car elle était également orpheline depuis plus d'une dizaine d'années.

Quand une rencontre peut tout changer [Meeting and change]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant