Chapitre 38.

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-Point de vue d'Ashton-

Je gardais toujours en souvenir ma première impression sur Connie Birdtail. J'étais le petit nouveau qui se cherchait une place et j'étais tombé sur cette fille assise seule, l'air désinvolte et le regard insensible. On la saluait et elle répondait simplement, mais ce n'était pas pour autant qu'on s'approchait d'elle. Elle se contentait de regardait autour d'elle, ne laissant rien transparaitre. Et sur le moment, il m'eut semblé qu'elle régnait sur le monde.
Les jours passaient et je l'observais de temps à autre. Cette fille froide aux premiers abords, intelligente, souvent accompagnée d'une bleutée -que je trouvais bizarre avant de me rappeler que je m'étais lié d'amitié avec Michael Clifford qui était un arc-en-ciel un peu punk sur les bords. Connie Birdtail n'était pas appréciée de tous, bien évidemment. Elle avait une réputation au sein du lycée, concernant son exigence; madame serait trop bien pour la nourriture de la cantine alors elle venait tous les jours avec son propre repas, elle était bien trop au-dessus de tout le monde pour se rendre aux fêtes organisées de temps à autre par le lycée, et bien entendu, la grande Connie Birdtail valait mieux que David Sanders ou l'un des tombeurs du collège de North Hill (il avait par contre perdu tout son charme en arrivant au lycée). Toutes les raisons étaient bonnes pour la haïr, pourtant elle n'avait jamais fait de mal à une mouche. Avec honte, certains reconnaissaient qu'ils avaient des préjugés sur elles mais au final on ne pouvait pas leur en vouloir, elle avait toujours été un grand mystère.
Un jour, un jour qui n'avait pourtant rien de particulier, j'avais commencé à la voir différemment. Ce jour là, je remarquai ses traits finement dessinés par la nature, ses boucles qui tombaient sauvagement dans son dos, sa chemise toujours déboutonnée vers le haut dévoilant sa peau de porcelaine, et bien entendu, ses jambes infiniment longues et musclées comme il se devait. Connie était qualifiée de tout -froide, insensible, exigente, coincée, intellote et j'en passe- mais je n'avais jamais entendu dire qu'elle était belle. D'une beauté des plus simples qu'on ne pouvait pas forcément la remarquer. Son caractère et sa réputation faisaient de l'ombre à son physique, cependant je m'estimais heureux d'avoir réalisé à quel point elle pouvait être séduisante. J'avais mis pratiquement un an avant d'avoir ce déclic et je ne pouvais encore moins l'approcher sans être juger de fou.

Trois mois plus tard, je l'invitai à un rendez-vous et deux semaines après, je fus son premier baiser. Entre temps, elle était passé de la fille que je trouvais belle à celle qui me plaisait. Je n'aurais jamais pensé ni même voulu que les choses prennent une telle tournure. J'aimais séduire, me laisser aller dans des relations sans lendemain et ne m'attacher d'aucune manière. Voilà que je me retrouvais à sortir avec une garce à la limite de l'antipathique qui se montrait une fois sur deux drôle et adorable. Quand et pourquoi elle avait commencé à me plaire, ça je ne pouvais pas le dire. Elle me plaisait, c'était tout ce que je savais. Sa présence me rammenait sur Terre lorsqu'on mon esprit s'égarait, un seul de ses regards suffisaient pour que je me sente bien. Birdtail n'avait rien de spécial, si ce n'était que sa personne, mais je n'en demandais pas plus. Elle était une touche de joie dans ma vie qui n'avait pas toujours l'aspect que je voulais.
L'envie de l'embrasser me démangeait depuis la fois où je l'avais vu appliquer son baume à lèvres en classe d'histoire. Connie avait tendance à se mordre les lèvres assez souvent, surtout lorsqu'elle travaillait, par conséquent elles étaient abîmées assez facilement, quoiqu'elles prenaient alors une teinte rouge très attirante. La couleur de ses lèvres étaient encore une chose qui me donnait la folle envie de les toucher des miennes. Ce rose virant vers le rouge sautait aux yeux, me laissant obnubilé. J'avais réussi à résister à l'envie que me démangeait, d'autant plus qu'elle semblait avoir peur d'être embrassée...
J'étais en ce moment même très surpris. Surpris qu'elle ne m'ait pas repoussé. Surpris du goût sucré de ses lèvres. Surpris de ses mains qui me serraient d'avantage contre elle. J'en rêvais presque de ce moment, tellement il me tentait, et nous y voilà enfin. Après m'être rapproché d'elle, la faisant perdre ses moyens, j'embrassai Connie Birdtail. Elle sembla d'abord choquée et je regrettai presque mon geste lorsqu'elle ferma ses yeux et répondit à mon baiser. Elle bougea ses lèvres maladroitement, m'arrachant un sourire mais bien vite elle se laissa guider par moi. Je glissa une main sur sa joue d'un geste lent alors que ses petites mains de porcelaine se posèrent sur mon tank top tirant dessus. Je ne savais plus où nous étions, quelle heure était-il, il n'y avait que Connie et moi, ensemble. J'avais embrassé plusieurs filles, mais sans rien ressentir de tel. Des frissons parcourirent mon corps tout entier alors que mes organes étaient en feu. Embrasser la fille qui me plaisait rendait les choses différentes, d'autant plus que j'étais son premier vrai baiser. Je tentai du mieux que je pouvais de lui transmettre mes sentiments par ce simple contact physique, la voulant toujours plus auprès de moi. Birdtail me rendait fou, terriblement fou.
Lentement, nos lèvres se séparèrent et je rouvris les yeux. Je caressai sa joue, admirant son visage illuminé par les derniers rayons de soleil. Elle fixa ses mains posées contre moi alors que nous restions silencieux. Je voulais parler, mais ne savais pas quoi dire. J'avais peur de dire une connerie, gâchant cet instant que j'avais longtemps attendu. Je pouvais me montrer maladroit, peut-être pas autant que Luke mais presque. Un sourire minuscule prit place sur mon visage, penser à Luke alors que j'étais avec ma petite-amie -enfin, on était ensemble, n'est-ce pas ?- était la dernière chose à faire. C'était très étrange et embarassant. Encore heureux que Connie ne puisse pas lire dans mes pensées, auquel cas elle m'aurait dévisagé. Je tentai tant bien que mal de me sortir la perche humaine de la tête, et de reporter mon attention vers la bouclée. Elle releva d'ailleurs la tête vers moi, une expression des plus surprenantes sur le visage. Moi qui m'attendais à voir de la joie, au pire de la gêne sur son visage, elle abordait plutôt un air totalement apeurée. Oui, une peur flagrante se distingait dans ses prunelles. La panique m'envahit alors, j'avais fait quelque chose de mal ?
Mais la raison de cette peur était toute autre. Alors que je m'apprêtais à m'excuser, les mots qui sortirent de sa bouche me laissèrent sous le choc.

Chocolate & Curls // IRWINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant