Chapitre 40.

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Les paroles de ma mère flottaient toujours dans mon esprit, alors que nous étions le lendemain matin. Elle les avait dit en étant certes ivre, mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'avait pas raison. Résultat : je me sentais à présent lâche. Je considérais que c'était la fin du monde alors que je pouvais tout régler si j'avais le courage d'en faire autant. Je voulais absolument tout réparer, je n'étais pas le moins du monde une personne à problème. Mais je ne savais pas comment m'y prendre et j'étais complètement tétanisée par une peur exagérée.
Je poussai un soupir avant de sortir de mon lit. Ce matin, j'étais la première debout. Ce n'était pas réellement étonnant vu l'état dans lequel était retournée ma mère. Déjà que j'avais dû conduire sur le retour car sinon elle et moi risquions de nous retrouver dans un ravin -j'avais pourtant été étonnée de voir qu'elle se rappelait du trajet. Elle était dans un état bien particulier, mais elle avait quand même une partie de son esprit plus ou moins claire. Le cliché de la mère dans la quarantaine qui était une grande buveuse de vin n'était pas un cliché dans ma famille, non. Ma mère était exactement cela. Ça se disait adulte, mais dans le fond ce n'était pas si loin que ça de nous autres les jeunes.
Quoiqu'il en soit elle dormait toujours et tant mieux pour elle. Un jour de repos ne serait jamais de trop pour ma mère, étant donné qu'elle ne s'arrêtait jamais. Cela était comme une obligation pour elle, d'être toujours active, autrement elle se sentait innutile. Mais arrivé à un certain stade, la batterie se vidait et il fallait bien la recharger. Alors nous y voilà. Elle dormait profondément et ne risquait certainement pas de se lever avant deux heures, étant donné qu'il était dix heures et quart. Je profitai de mon moment de solitude pour nettoyer ma chambre. Mon bordel organisé n'était plus autant organisé. Ces quatre jours où je n'avais pas trouvé le courage de bouger de mon lit faisaient que je n'avais pas non plus le courage de ramasser les vêtements qui trainaient çà et là. Alors je me retrouvai ainsi à mettre à laver ce qui était sale et à ranger ce qui était propre. Je n'étais pas une magniac de l'ordre mais j'appréciais le rangement, ça m'aidait à me sentir mieux pour être honnête. Je ne m'étais laissée aller que pour quatre jours et je me voyais déjà terrifiée par le désordre qui régnait dans ma chambre. Durant ces jours de désespoir intense, je n'avais apparemment pas assez de courage pour mettre mes vêtements sales à laver et cela allait avoir des répercutions : j'avais beau avoir une armoire remplie de vêtements, je ne mettais que les mêmes quatre paires de jeans, et les mêmes quatre t-shirts, et les mêmes quatre soutien-gorges et culottes. Ce qui faisait que j'avais ces quatre mêmes vêtements dans la machine à laver, en d'autres termes j'allais devoir mettre ces bouts de tissus que je faisais exprès de garder dans le fin fond de mon armoire. Je grimaçai à cette idée, il était fort possible que je porte un short ou pire, une robe aujourd'hui. Il faisait plus de trente-deux degrés à l'extérieur donc en soit ce n'était pas une mauvaise chose mais la haine
que j'accordais à ce type de vêtements faisait qu'il en était tout autre. Je poussai un soupire, pliant mes pyjamas qui eux apparemment étaient propres. En les rammassant sur l'étagère qui leur était attribué, je tombai sur ce fameux t-shirt gris qui appartenait à Bouclette. Je le contemplai un sourire triste sur le visage. Je ne savais pas si je pourrais un jour le lui rendre. A vrai dire je n'en avais pas envie, j'adorais ce t-shirt plus que tout et il avait un côté symbolique qui faisait que je m'y attachais d'avantage. A aucun moment à cette époque là je ne me serais douter qu'il me plaisait, pourtant il était celui que j'avais appelé ce soir là. Celui qui s'était dérangé pour venir me chercher à une heure si tardive de la nuit, quand les gens dormaient normalement. Et moi, moi je n'étais pas capable de remarquer qu'il y avait très probablement quelque chose qui débutait entre nous. Ou, ce qui serait une autre possibilité, je n'osais pas me l'avouer.
Lorsqu'on disait que de l'amour à la haine il n'y avait qu'un pas, cela n'était pas totalement faux. A l'exception d'un peu d'affection, les deux sentiments se ressemblaient indéniablement. On y pensait tout le temps, se laissant ronger par ce sentiment fort qui rendait fou, qui donnait lieu à des sensations impossible à décrire et des pensées impensables. Je disais les haïr ces garçons, je disais ne pas supporter leur existance. Or je vins enfin à voir en eux des humains, et ils réussirent à voir en moi un être conscient. Et à ce moment là, la haine devint amour.
Ils me manquaient, ces idiots.
Ils me manquaient beaucoup et je ne savais pas comment réparer ce que j'avais brisé. Un esprit logique et rationnel comme le mien, qui trouvait des solutions à tout, se retrouvait fort dépourvu lorsque le problème était de l'odre de l'émotionnel. Et je voyais ainsi en ma plus grande qualité mon plus grand défaut. J'étais trop logique.
Je soupirai fortement. Le t-shirt toujours dans ma main, je le contemplai d'un regard triste avant de le plier et le poser sur l'une des étagères. Si un jour Ashton venait à revoir son t-shirt, j'aimerais qu'il soit sur moi à ce moment-là. En d'autres termes, je comptais bien à ce qu'on recommence ce à quoi j'avais terriblement mis fin.
Ma chambre rangée, je me décidai à prendre ma douche, me laissant encore aller dans un flot de réflexions et de regrets.

Chocolate & Curls // IRWINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant