Chapitre 42.

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Je n'étais pas une patriote pure et dure mais j'étais fière d'être née au pays des kangourous. Je veux dire, on avait le Mont Uluru, les cent animaux les plus mortels au monde et AC/DC, il y avait de quoi être fier, non ? Et il n'y avait pas meilleur moyen de le montrer qu'en devenant, le temps d'une journée, une guide touristique.
Cela faisait maintenant une demi-heure que Dekka et moi nous prommenions dans la ville la plus connue d'Australie. Elle était elle-même Australienne, mais pas de Sydney. Elle avait vécu le début de son enfance un peu plus au nord, à Brisbane. Ayant vécu neuf ans à peine ici, elle n'avait pas eu l'occasion de bien voir le pays. Bien sûr elle revenait presque toutes les années, mais elle allait voir sa famille, elle visitait la Tasmanie, rencontrait les cow-boys de l'ouest et des années même, elle posait les pieds ici juste le temps d'une escale avant de partir visiter les autres îles du Pacifique. Cette fois-ci, elle était à Sydney et comptait bien voir tout ce dont on lui avait parlé. Des choses à voir ici, il y en avait beaucoup. Elle en avait vu le trois quart, le reste était à moi de lui montrer. Je ne saurais dire si la journée suffirait, mais je ferais de mon mieux. Entre le temps, l'occasion était parfaite pour renouer avec mon ancienne amie. En dix ans, les personnes changeaient. Plus jeune, j'étais une personne calme certes, mais plutôt sociable. Un enfant ordinaire, qui n'était en rien plus spécial que les autres. Ce fut en grandissant que vinrent mes... comment dire ? Enfin bref, disons que je n'avais pas toujours été un cas social. Donc je ne comprenais pas réellement pourquoi Dekka tenait tant à passer son temps avec moi. Croyait-elle que j'étais restée la même personne qu'auparavant ? Si c'était le cas, elle se trompait de A à Z. Bien entendu j'étais toujours aussi calme, mais la partie sociable avait été emportée par le temps. J'avais peur qu'au cours de notre discussion je lui sorte des phrases des plus bizarres. J'étais totalement capable de lui dire que les serpents réticulés avaient deux penis et dès que je lui sortirais une chose pareille, elle s'enfuirait en courant. Mais pour l'instant elle était encore là, ce qui était déjà un bon début. J'aurais bien pu la faire fuir après cinq minutes, là ça faisait pratiquement une demi-heure ou plus qu'elle était en ma compagnie, ce qui était énorme.
J'enfonçai mes mains dans les poches de mon jean, alors que la petite blonde prenait en photo le Harbour Bridge qu'on voyait de là. On aurait dit une petite fille qui se rendait en ville pour la première fois de sa vie; ses yeux noisettes brillaient comme deux soleils, un air joyeux sur son visage. Elle était magnifique, ça m'énervait. Mes amies étaient toujours des beautés et moi... moi j'étais un mouton-asperge blanche comme de la fiante de pigeon. Ça voulait dire quoi ça ? Que j'étais un aimant à belles personnes ? Parce que si on se tournait du côté de mes amis qui s'identifiaient en tant que garçon, il y avait du niveau. Entre la bande de "mecs au plus fort sex-appeal du North Hill High School" et Francis, on ne pouvait pas dire que ces garçons-là ne rentraient pas dans les critères de beauté de la société. En soi, tout me donnait une raison de questionner ma situation. J'étais entourée par des gens si attractifs.

"Tu m'as l'air pensive, entendis-je résonner la voix de Dekka.

Je sursautai, sortant de mes pensées.

- Je le suis, répondis-je maladroite, pensive. Je suis assez pensive en ce moment.

Un silence prit place, ce qui était totalement compréhensible puisque je ne savais moi-même pas ce qu'on pourait répondre à ce que je venais de dire.

- Il y a des choses qui te tracassent ? Demanda-t-elle finalement.

- Oh non, répondis-je, je suis juste... comme ça. J'aime penser disons.

Bravo Connie, toi et la communication apparemment vous ne faites qu'un.

- On bouge ? Dis-je pour changer de sujet. Il y a des choses à voir par-là.

Chocolate & Curls // IRWINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant