Chocolate & Curls // IRWIN

Chapitre 41.

"Alors ?

- On s'est réconcilié, et il a dit que la couleur menthe me va bien."

En sortant de chez Calum, j'avais fini par retrouver Michael au bout de la rue. Le coloré était resté caché dans la cour des voisins jusqu'à ce que je rentre à l'intérieur de la maison, ce qui expliquait sa soudaine disparition. Il était juste derrière un buisson dans la cour d'à côté, comme l'être humain tout à fait normal qu'il était. Et entre temps, il s'était rendu à l'épicerie du coin et s'était acheté de quoi grignoter. Ce garçon m'étonnait beaucoup, honnêtement ? Il était vraiment bizarre. Mais bon, je n'étais personne pour le juger. Nous marchâmes donc dans un silence seulement perturbé par l'aboiement d'un chien et les quelques voitures qui passaient. Je n'arrivais pas à croire que je n'étais pas dans une situation si horrible que ça. Enfin oui, la personne qui me plaisait me détestait peut-être de toute son âme mais je n'étais pas complètement abandonnée. Et c'était incroyablement réconfortant. Il ne me restait donc qu'à présenter mes excuses à Luke pour l'avoir ignorer et je gardais le plus laborieux pour la fin : récupérer Ashton. Le fait d'avoir retrouvé mon Néo-Zélandais préféré faisait naître en moi tellement d'espoir et de motivation, c'était dingue.
Toutefois, il m'avait paru un tantinet moins avenant qu'en général en ma présence. Cela me semblait tout à fait normal, je m'étais excusée certes mais ce n'était pas pour autant que tout était oublié. Dans quelques jours cependant, je pouvais espérer retrouver le Calum d'avant. Il était tout de même surprenant que, étant donné la situation, il n'avait pris partie ni pour Ashton, ni pour moi. Le brun tenait à rester amis avec nous deux, en dépit de la relation pour le moins étrange entre son meilleur ami et moi. Je pense que c'était pour cela que notre reconciliation me faisait pousser des ailes. Si Michael et à plus forte raison Calum ne m'en voulaient pas autant que je le pensais d'avoir fait souffrir leur meilleur ami, alors ledit meilleur ami ne devait probablement pas me haïr autant que je le croyais. Le raisonnement paraissait logique, non ? Enfin, je n'en savais rien.
Nous arrivâmes à l'entrée de mon quartier, et, son paquet de snack entre les doigts, Michael me fit ses adieux.

"Eh... je dois t'abandonner ici, fit-il. J'suis content de ce qu'on a accompli aujourd'hui.

- Merci beaucoup, souris-je.

- T'es pas si horrible Birdtail, tu mérites bien ça.

- T'es pas si con Clifford, je t'apprécie bien en fait. Mais bon, ça reste entre nous hein, il ne faut pas qu'on sache que je t'ai dit ça.

- Oui, c'est mauvais pour ta réputation qu'on sache que t'as un cœur.

J'hochai la tête en signe d'approbation, laissant échapper un rire de ma bouche.

- Bonne route, dis-je au coloré, on se revoit bientôt.

- Merci, et oui on va certainement se revoir."

Il m'octroya d'un clin d'œil et alors que je pensais que nous allions se quitter simplement, il saisit ma main et me la serra, comme faisait mon grand-père avec ses amis. Michael Clifford m'avait serré la main en guise d'au revoir. Quand je vous disais que cet enfant était bizarre... Il disposa finalement, jetant son paquet de snack vide dans la première poubelle qu'il trouva. C'était une bonne chose que de savoir qu'il ne poluait pas les rues avec des déchets. J'aimais savoir que mes fréquentations utilisaient les poubelles, ça les rendait tout de suite plus importants à mes yeux. Ok, il n'y avait pas lieu d'être de parler de poubelle et de déchet, du moins pour une personne sensée. Mais, les choses avaient toujours été faites de manière à ce que je ne sois jamais considérée comme sensée. Nous en venons ainsi à l'importance des poubelles dans ma vie. Exigente comme je l'étais, je détestais toute forme de polution et demandais à ce que mes fréquentations en fassent de même. Oui, je choisissais mes amis en fonction de ça.
En parlant d'amis, je vis une tête blonde promenant un griffon blanc à proximité. Il y avait bien un moment que je n'avais pas adressé la parole à Francis, et pourtant, je le considérais comme le frère que je n'avais jamais eu. Je m'amusais à exercer ma supériorité sur lui tout autant que je prenais du plaisir à passer du temps avec le blondinet. N'est-ce pas à peu près à ça que ressemblait une relation entre frère et sœur ? Je l'avais bien ignoré pour ne pas dire oublier ces dernières semaines... Si la culpabilité m'envahissait peu à peu, je ne laissai rien transparaître lorsque je le saluai. Et en réponse, il fronça les sourcils et continua son chemin. Francis Müller, mon voisin et ami d'enfance m'avait tout bonnement ignorée. Mon temps de réaction fut longue sur le coup car je restai bien figée durant cinq secondes avant de marcher vers lui. J'étais le genre de personne qui cherchait à régler les problèmes par la discussion. Si j'avais réussi à me reconcillier avec Calum, alors je pouvais très bien parler à Francis.