Chapitre 2.

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Je marchais à pas rapides vers les toilettes des filles. Déjà que je marchais vite en temps normal, on aurait pu croire que je courrais à ce moment même. J'étais énervée. Ils m'avaient énervée. Déjà que je n'étais pas en ma bonne semaine, ils avaient aggravé mon cas. Remarque, elles auraient été nombreuses à vouloir être à ma place. Vous savez, celles qui rêveraient d'avoir le "mérite" de l'avoir fait avec Luke, Michael, Calum ou encore Ashton. Je devrais peut-être m'estimer chanceuse que c'était moi leur cible actuelle. Ces quatres jeunes hommes pensaient, j'imagine, que je les valais bien qu'à mon avis, sans me vanter, je valais quatre mille fois mieux.

Je rentrai dans les toilettes et me plaçai devant le large mirroir en face des lavabos. Je réageai mes longs cheveux bruns qui bouclaient tel le pelage d'un mouton. Ensuite je détroussai mes manches et fermai les boutons de ma chemise et finalement baissai ma jupe de manière à ce qu'elle ne paraisse pas trop courte. Cet après-midi supposement, ma mère recevait ses futurs beau-parents. Ils étaient un peu de la vieille époque, du genre Mamie Josephine et Papi Joseph, l'ancien militaire et l'ancienne boulangère. Le genre de personnes âgées qui nous rappeleraient toujours qu'à leur époque ils trimaient beaucoup pour obtenir qu'une paire de chaussettes et nous, la nouvelle génération, devions nous estimer heureux d'avoir tout à porter de main.

Je sortis des toilettes et me dirigeai à la sortie de ce lycée de la banlieue de Sydney. Je marchais pour retourner chez moi. J'aimais marcher. Il y avait plein de bénéfices à cela : déjà c'était écologique, ensuite ça me permettait de garder la ligne et j'avais développé une certaine musculature à mes cuisses ainsi. J'ouvris mon sac et y sortis ma consolation de la journée. Enfin, aujourd'hui cela faisait office de consolation. Peu importe la manière dont se déroulait ma journée, ça me rendait heureuse. J'en étais accro, bien que cela n'avait pas que des bons effets sur ma santé... Quoi que. Je retirai le paquet et l'ouvris puis cassai un morceau. Je le mis en bouche et le laissai fondre sur ma langue. Son goût esquis me posséda, laissant un sourire apparaitre sur mon pale visage. Comment ferais-je pour vivre sans chocolat noir belge ? Cette merveille était la seule chose qui comblait mon caractère exigeant. Car s'il y avait bien une chose à savoir sur moi, c'était que j'étais exigeante. Surtout lorsqu'il s'agissait de garçons. Je voulais à tout prix trouver la perfection, quitte à ce que ça me prenne toute ma vie. Je ne savais pas, par contre, ce qui expliquait cela. J'imagine que ça avait toujours été ainsi.

Je tournai ma clé dans la serrure de ma porte d'entrée, saluant au passage ma voisine, Chantal. Chantal était une vraie commère, et pire même. Elle nous surveillait tous, ce qui m'inquiétait car, comme toute personne dans ce monde, j'exigeais un minimum d'intimité. Ma mère m'avait toujours dit que ceux qui aimaient faire des commérages n'étaient pas des gens heureux. Je comprenais son raisonnement. Si nous nagions en plein bonheur, nous n'avions pas grand chose à faire de ce qui se passait chez autrui. Et Chantal était une femme triste. Veuve depuis bientôt trente ans, ses enfants l'avaient abandonnée. Elle était contrainte à se distraire en faisant des commères ou en s'occupant de ses pétinuas...

Je rentrai dans ma maison et ôtai mes vieilles Converses. Je déposai mon sac au pied du porte-manteau et partis dans ma cuisine, boire un verre d'eau. Nul doute qu'en octobre, la chaleur tuait en Australie. Ma mère étant Irlandaise, avait eu du mal à s'y habituer lorsqu'elle avait bougé à Sydney pour ses études.

Je saluai les Wilson (soit les parents de mon futur beau-père) avant de monter dans ma chambre, histoire de glander un peu. Ma chambre était ce que j'appelais un bordel organisé. Ce n'était pas l'endroit le plus rangé du monde mais je m'y repérais -c'était ce qui comptait, non ? Je tirai les rideaux de ma chambre jusqu'à l'heure fermés. Je n'avais pas eu le temps le matin de les ouvrir. Mon voisin d'en face faisait glisser son médiator sur sa guitare acoustique avant de lever la tête vers moi, un sourire au visage.

"Hey Francis ! Lui dis-je.

Francis était d'un an plus jeune que moi et avait des parents allemands. Il n'était pas spécialement moche, ni spécialement beau. Toutefois il avait des yeux verts, perçants. Une mèche blonde couvrait son front, cachant de ce fait ses boutons d'acné.

- Connie ! Répondit-il.

- Alors, tu jouais quoi ?

- Nouvelle composition, tu veux l'entendre ?

- Oui, vas-y.

Je me penchai au bord de ma fenêtre, tandis qu'il commença de gratter les cordes de son instrument. Une douce mélodie s'en échappa, un air simple mais poétique. Mes doigts tapotèrent le rebord de ma fenêtre en rythme avec sa guitare jusqu'à qu'il s'arrête.

- C'est tout ce que j'ai pour l'instant, tu aimes ? Demanda Francis, un sourire plein d'espoir sur son visage.

- Oui, j'adore, m'exclamai-je.

Il posa sa guitare, se penchant au bord de sa fenêtre à son tour.

- Alors ta journée ? Fit-il.

- Horrible, sans mentir, soupirai-je.

- On t'as fait chier ?

- Un peu oui.

- Je vais les taper alors...

- C'est gentil mais le p'tit Francis ne fera pas le poids face à Calum Hood, Ashton Irwin, Luke Hemmings et Michael Clifford.

- QUOI ?! Oh je vois... Leur nouvelle cible ?

- Exact.

Il dessina un sourire désolé sur sa moue.

- Mais tu me connais hein ? Ils ne m'auront pas, affirmai-je.

- Je sais Connie mais... fais attention.

Je dévisageai mon voisin, ne comprenant pas trop ce qu'il insinuait. J'avais assez confiance en moi pour savoir qu'aucun de ses quatres nigauds n'auraient de moi ce qu'ils voulaient. En outre, je me connaissais mieux que quiconque. Le jeune blond se redressa après avoir fait une longue expiration.

- J'ai des devoirs, on se parle plus tard, déclara-t-il.

- Au plus Francis."

Je m'assis sur mon lit, réfléchissant longuement sur ma journée quelque peu spécial.

J'avais pris l'habitude d'un quotidien assez simple, sans rebondissement. Cette vie calme me convenait. Je n'avais pas de frères et sœurs, cela me promettait une vie familiale assez tranquille. Je n'avais pas quatre milles amis, m'évitant plein de drames. Je ne cherchais pas la bagarre avec tout le monde, bien que j'avais du mal à garder mes pensées pour moi-même. Puis, sans que je m'y attende, sortant de je ne savais où, j'étais devenue l'objet d'un défi. Néanmoins, je comptais faire comme-ci je n'avais pas entendu cette discussion entre Clifford et sa bande. L'ignorance, voilà ma solution.

J'espérais juste que ça marcherait...

Chocolate & Curls // IRWINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant