Chocolate & Curls // IRWIN

Chapitre 43.

-Point de vue d'Ashton-

Dix-huit jours. Dix-huit jours que je n'avais pas adressé un mot et encore moins vu le visage de Connie. Oui, j'étais assez désespéré pour compter les jours. En même temps, cela faisait dix huits jours que je végétais ici dans mon antre, entre les ballades punk et les nuits blanches. Si les élèves du lycée me savaient dans un tel état et d'autant plus à cause de Connie Birdtail, ils penseraient que ce serait étonnant, choquant. Moi, Ashton Irwin, réputé pour draguer tout ce qui bouge, désespérait à cause d'une pseudo rupture. Pourtant je n'y pouvais rien, mon état actuel trahissait ma réputation. Dieu merci, on n'avait pas cours autrement tout le lycée aurait déjà parlé de Birdtail et moi, et mille tracas viendraient avec ça. Je soupirai en refermant mon carnet. Les garçons venaient me voir de temps à autre, mais ils ne suffisaient pas à me remonter le moral. Ce n'était pas pour faire mon pleurnichard, j'étais vraiment au plus bas. C'était cette fille au cheveux bouclés, cette fille qui me regardait de haut en public mais tendrement en privé, c'était elle cette fille intelligente et froide mais douce et rêveuse en même temps. C'était Connie qui me mettait dans cet état. C'était le fait d'avoir participé à ce défi, c'était le fait de perdre la fille qui me plaisait -si ce n'était pas plus que je ressentais pour elle. C'était juste tout ça.
Les gars étaient venus me voir souvent à vrai dire. En fait, Luke avait été le premier à me voir après ce fâcheux rendez-vous.
Quand Connie était partie, j'avais tenté de la retrouver. Alors j'avais silloné l'endroit dans tous les sens à sa recherche. Mais après une trentaine de minutes, je ne l'avais pas revu. Peut-être l'avais-je perdu dans la foule, peut-être qu'elle avait trouvé un moyen de sortir de là-bas, je n'en savais rien. Alors j'avais pris la route vers Hornsby, dans une instabilité émotionnelle que j'avais rarement connue. J'aurais pu retourner chez moi, mais je devais parler, m'exprimer au plus vite donc je m'étais rendu à l'improviste chez Luke. Il était l'un de mes meilleurs amis et l'oreille la plus attentive que je connaissais. Je savais que si je devais parler de ce qui s'était passsé, le blondinet serait la personne idéale. J'avais conduit jusqu'à la maison des Hemmings, tentant de sécher mes larmes. Je ne pleurais pas souvent, juste quand j'étais un véritable déchet émotionnel, ce qui était mon cas ce jour-là. Quand j'étais arrivé chez lui, c'était sa mère, Liz, qui m'avait ouvert. J'imagine qu'elle avait constaté par mon apparence que j'étais mal en point puisqu'elle m'avait tout de suite fait entrer et avait appelé son fils. La perche humaine était parti pour me saluer avec enthousiasme, jusqu'à ce qu'il croise mon regard et là on s'était assis et j'avais parlé.

"Elle est au courant depuis le début, elle est au courant ! J'avais répété.

- De quoi ? Il avait demandé.

- Du défi, Connie sait pour le défi et j'ai essayé de lui dire qu'on l'a annulé et qu'elle me plait vraiment mais elle est... partie."

C'était à se moment là que je m'étais effondré, la revoyant me fuir comme si j'étais son pire cauchemar. Luke, lui, avait paniqué. Jamais il ne m'avait vu dans un tel état donc cela se comprenait. Il avait eu un premier reflexe relativement logique, celui de me donner un mouchoir. Et après avoir bien paniqué pendant deux ou trois minutes, il avait commencé à poser des questions. Je lui avais alors tout raconté. Ça m'avait fait bizarre de parler de Connie à Luke. J'évitais d'aborder le sujet en général car il avait, durant un moment, eu un faible pour elle. Je me disais que ce n'étais pas très juste de lui parler de notre relation alors qu'il avait souhaité un jour entretenir ce genre de relation avec la bouclée. Mais ce jour-là, je ne pouvais pas penser à ce détail. La seule chose qui comptait à mes yeux c'était de rendre compte de ce qui m'était arrivé et, éventuellement, trouver une solution. Sauf que la solution qu'on avait trouvé après concertation avec les garçons le lendemain était de parler à Birdtail. Enfin, d'envoyer ceux d'entre nous qui lui était le plus proche de lui parler. Calum avait essayé, Luke avait essayé -en vain. D'autre part, cet évènement avait jeté un froid dans le groupe. En effet, nous nous sentions tous un peu coupables car au même titre que moi, les garçons aussi étaient à l'initiative du fameux défi et aucun d'entre nous avait pensé qu'on aurait dû lui en parler et lui dire que nous l'avions annulé. Ça aurait également causé une dispute, mais on se serait réconcilié bien plus vite car là peut-être, elle nous aurait écouté. Moi... elle n'avait même pas cherché à entendre mes explications. Quand j'y repensais, je la comprenais. Je venais de l'embrasser, dans sa tête quelque chose avait dû lui dire que si elle ne me repoussait pas dans l'instant, j'allais me jouer d'elle. Je n'en avais pas l'intention, mais ça, je n'avais pas pu le lui dire.
Alors nous y voici. J'étais desespéré et trop apeuré à l'idée qu'elle me rejette pour lui parler. Donc je restais enfermé dans ma chambre, sortant de là uniquement pour aller au toilette et me doucher, des fois pour manger mais ça ne marchait que de temps à autre. Ma mère essayait de me sortir de là à l'heure du dîner, mais elle finissait par me rammener à manger dans mon antre, non sans me faire un discours comme quoi ce n'était pas bon pour moi de rester dans cet état. Je le savais ça, mais je ne savais pas quoi faire si je sortais d'ici. Tout finissait par me rappeler Connie, jusqu'à mes meilleurs amis. Je me rappelais qu'ils avaient plus de chance de lui reparler que j'en avais, et je les soupçonnais même d'être proches d'elle. Je ne pouvais pas leur en vouloir pour cela cependant -ce n'était pas parce que je n'avais pas les couilles de reconquérir la fille qui me plaisait que mes meilleurs amis devaient se priver de tout lien avec elle, n'est-ce pas ?