Chapitre 13.

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Le lendemain de ce jour où Luke s'était aventuré à toucher à mes lèvres, je n'avais pas mis les pieds en cours. J'avais prétendu avoir une migraine insupportable et, j'ignore si cela pourrait faire office de confirmation à mon talent de comédienne, mais ma mère m'avait cru. Donc je m'étais retrouvée à traîner sur mon lit, un livre à la main et du chocolat noir belge à mes côtés. La raison à tout cela était simple : je ne voulais pas voir Luke. Rien que de prononcer son nom était devenu un tabou. Dans l'idéal, j'aurais bien fait d'en parler à quelqu'un et par quelqu'un, j'entendais Orsay. Je comptais bien faire cela lorsque je retournerais au North Hill High School.
Quoiqu'il en soit, je n'appréciais pas de me voir ainsi, j'étais pitoyable mais diantre, il me fallait souffler un peu. Et puis, nous étions à la fin de l'année scolaire donc je ne ratais rien de bien important. J'étais ce genre d'élèves qui ne manquaient pas une seule journée de cours en fait, cela était un des critères qui faisaient de moi une élève modèle, comme me le rappelait si souvent mon bulletin scolaire. Mais voilà, je travaillais beaucoup et avais beaucoup de mal à garder mon calme qui était une de mes qualités principales ces derniers temps. Et ce n'était pas un secret qu'Ashton, Calum, Michael et... l'autre y étaient pour quelque chose. "Habitue-toi" m'avait dit l'un d'entre eux, et je devais constater qu'il s'agissait de ce que j'avais commencé à faire. Mais tout fut lamentablement gâché.
Le point positif dans tout ça, c'était bien que j'avais pu satisfaire la grande dormeuse qui sommeillait en moi. Ainsi, je m'étais réveillée à 11h30 à la place de 7h.

Aujourd'hui cependant, j'étais relativement en état pour retourner en cours et revoir le visage du blond. Enfin non, juste en état pour retourner en cours. Mais les jeudis, malheureusement, nous avions deux heures de mathématiques. Deux heures à côté de lui. A moins que je me munisse d'une cape d'invisibilité ou quelque chose du genre, il n'y avait pas moyen de l'éviter. Mais bon, je ferais appel à ma vieille amie l'ignorance.

Je me retrouvai donc à passer la porte de mon lycée, mon chocolat en main et me dirigeant vers la salle de musique. Les couloirs, comme tous les matins, étaient vides. Quelques élèves qui prennaient leurs bouquins de leurs casiers mais autrement il n'y avait personne. Encore moins dans les salles de classe et je me demandais franchement comment Orsay s'était arrangée pour avoir la salle de musique tous les matins.
Je pénétrai dans la salle, faisant glisser un carré de chocolat entre mes lèvres. Ma meilleure amie travaillait encore et toujours sur cette mélodie qu'elle avait débutée il y avait trois semaines. Elle semblait si concentrée qu'elle ne m'avait pas vue entrer... Je m'assis tout de même au bureau du prof de musique, lâchant mon sac au pied du mobilier. La bleutée lâcha son piano et orienta ses magnifiques orbes grises vers moi.
"Salut Connie, dit-elle.
- Bonjour.
Elle marcha vers le bureau et s'assit dessus.
- Pourquoi t'es pas venue hier ?
Je relevai la tête vers elle, me mordant la lèvre. Je ne savais où commencer mon récit... Peut-être en lui disant en premier lieu qu'il était venu chez moi mardi, qu'ensuite nous avions si bien travaillé et qu'il me semblait si sympathique que je pensais à le considérer jusqu'à qu'il m'offre mon premier baiser que je voyais plutôt comme le viol de mes lèvres ? Oui, c'était une bonne manière de parler de mon cas. Et ce fut ce que je fis. La bleutée (qui visiblement avait troqué le turquoise de ses cheveux contre un baby blue, comme elle le souhaitait), me fixait avec une tel concentration et sérieux, comme s'elle voyait en chacun de mes mots l'explication d'une affaire critique. Après, vu ma petite vie plutôt calme, je ne m'étais que rarement "pleinte" de ma vie avec elle. Je finis mon récit, me mordant les lèvres, encore.
- Donc, soupira-t-elle, te connaissant, tu n'es pas venue parce qu'il te fallait un jour pour digérer ce qui s'est passé et retrouver ton côté insouciante qu'on t'associe.
- Exactement.
- Ils te cherchaient hier, tu sais. Mikey est venu me demander si j'avais des nouvelles de toi.
J'ouvris grands les yeux, surprise. Ils, soit les quatre nigauds, me... cherchaient ? Non, non, non. Attendez, Orsay venait-elle de désigner Clifford par l'appélation "Mikey" ?
- Ils t'ont dit pourquoi ils me cherchaient ? Demandai-je.
- Non mais peut-être qu'ils... je ne sais pas, qu'ils s'inquiétaient pour toi.
Mon cerveau reffusa de considérer cette hypothèse. Pourquoi s'inquiéteraient-ils pour moi ? Sachant que je ne tenais que le statut d'objet à leur défi, je ne pensais pas qu'ils étaient attachés dans un premier temps, pour  ensuite s'inquiéter à mon sujet. Alors, soudés comme ils étaient, nul doute que Hemmings leur avait parlé de notre mardi après-midi ensemble, et donc ils me cherchaient peut-être pour cela.
- Il vont me coller plus que d'habitude je pense, soupirai-je.
Mon amie m'offrit un regard désolé auquel je répondis d'un petit sourire.
- Il me l'avait dit, Bouclette, je dois m'habituer."

Chocolate & Curls // IRWINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant