Séquestrés {Boy x Boy}

CHAPITRE 5

Shane

Le week-end qui était d'habitude ma partie préférée de la semaine, était devenu mon enfer personnel après la soirée d'anniversaire d'Abby.

Après être sorti des toilettes, où j'étais resté pendant plusieurs minutes à me lamenter, j'ai vaguement salué les invités et je suis parti sans perdre plus de temps. En rentrant dans mon appartement, je me suis déshabillé, puis je me suis étalé sur mon matelas en espérant la venue du sommeil. Cependant, celui-ci ne vint pas. Je me mis alors à fixer un point invisible sur mon plafond en passant en boucle les évènements de la soirée. Ce n'est aux alentours de 5 heures du matin que la fatigue prit raison de moi et m'emporta dans un sommeil agité. Trois heures plus tard, je me réveillais, le corps lourd et engourdi, secondé d'un mal de tête. Impuissant, je restais allongé dans mon lit retournant à la contemplation de mon plafond. Vers 13 heures, mon estomac cria à la famine et je décidais enfin de me lever. Ma main se dirigea vers un paquet de pâtes japonaises instantanées et les prépara automatiquement. Je passais le reste de l'après-midi affalé dans mon canapé avec la télé en fond sonore.

Ce schéma se répéta, identique à lui-même, le dimanche. La seule différence notable de mon emploi du temps si peu chargé fut l'appel Skype de ma sœur, qui me certifiait sa joie de me voir. Sa bonne humeur aurait été réciproque si je n'étais pas plongé dans ma solitude et mon malheur. Durant toute la durée de l'appel, j'avais feint le bonheur de le revoir même si l'envie n'y était pas.

-Et sinon, tu t'es trouvé quelqu'un depuis que tu es parti ?

Sa question me stoppa net, et le baiser que j'avais partagé avec Walter me revint en mémoire.

-Je vais te laisser maintenant, répondis-je sur un ton plus sec que je ne l'aurais voulu.

Sans laisser le temps à ma sœur de répondre, je coupais l'appel vidéo et fermais mon ordinateur portable, avant de me positionner en chien de fusil dans mon canapé. La fatigue cumulée et le mal de tête constant me firent m'endormir dans mon sofa aux alentours de 20 heures.

Je me réveillais à 7 heures, en retard et non-motivé pour aller travailler. J'avais pensé me faire porter pâle mais je trouvais ça peut crédible et immoral. Je me levais donc, me dépêchais pour me préparer avant de me rendre au bureau. J'arrivais 15 minutes en retard et ne manquais pas de me faire -gentiment- sermonner par Peter.

Je passais ma matinée à me retourner le cerveau, essayant tant bien que mal d'obtenir une entrevue avec un soldat français qui était accusé de viol sur des civils, pendant sa mission en Afghanistan. L'après-midi j'avais mis de côté l'idée d'interview pour aider Josh dans l'avancement de son reportage. Au final, venir travailler m'avais fait plus de bien que je n'eus pensé : j'avais l'esprit totalement occupé par mon travail, plutôt que par un baiser qui me déprimait. Qui plus est, je n'avais pas croisé Walter de la journée.

Lorsque que je quittais les locaux de l'Independant vers 18 heures, une main se posa sur mon épaule et cela ne me prit pas longtemps de reconnaitre le propriétaire de cette main tatouée.

-Salut Shane, désolé de te demander ça alors que tu allais partir, mais est-ce que tu as cinq minutes, il y quelque chose dont je dois te parler.

Sa voix légèrement enrouée et son visage fatigué - mais néanmoins très plaisant- me ramenèrent trois jours en arrière, dans les toilettes du Johnny Foley's Irish House et au souvenir de cette scène mon corps s'embrasa en quelques instants sans que je puisse y faire quoique ce soit. Je hochais la tête pour répondre à la question de Walter puis le suivit silencieusement dans son bureau. Allait-il reparler de vendredi soir ? Allait-il m'en vouloir ? Surement, très certainement même. La culpabilité et le désespoir revinrent me frapper comme un boomerang, lorsque je m'asseyais en face de lui. Pendant qu'il fouillait dans son tiroir, mes sentiments négatifs me faisaient que s'accentuer, redoutant de plus en plus le moment où Walter me hurlerait dessus parce que je n'avais rien fait pour l'empêcher de m'embrasser. Je senti mes épaules s'affaisser quand Walter arrêta de fouiller frénétiquement dans son tiroir.