CHAPITRE 11

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Shane

Walter venait de s'écrouler lourdement au sol et la panique s'empara directement de moi. Je me précipitais au sol pour vérifier son état et à mon grand soulagement, mes craintes disparurent quand je vis Walter sourire, puis éclater de rire.

-Putain ! T'es tombé en plein dans le panneau !

Walter avait quasiment crié sa phrase, mais il ne sembla s'en formaliser, car il reprit une bouchée de couscous. Je soupirais de soulagement, secouais légèrement la tête, et m'assis aux côtés de mon collègue. Je me servis à mon tour et goûtais ce fameux couscous, qui, il fallait l'avouer, était succulent. Cela m'étonna, nous étions des prisonniers –peut-être sur le point de se faire abattre- et pourtant, on nous servait une nourriture délicieuse.

Une fois l'assiette terminée, nous nous partageâmes le petit bol d'eau, puis un silence gênant s'installa dans la pièce. Au bout de quelques minutes, Walter se releva et retourna s'asseoir contre le mur, où il gratta à nouveau le sol, du bout de ses doigts. J'hésitais pendant un moment à aller le voir : peut-être avait-il envie de rester seul pour réfléchir, ou alors était-il juste en train d'angoisser ?

Le bruit de ses ongles contre le sol en béton commençait sérieusement à me gonfler, c'était à peu près aussi agréable que le bruit d'une craie crissant sur un tableau. Je me levais donc et me dirigeais vers mon patron. Une fois arrivé devant lui, celui-ci ne daigna même pas lever le regard, il continua juste de gratter inlassablement le sol. Je me saisis de ses mains pour le forçer à arrêter et malgré la pénombre, je pus voir passer dans ses yeux, un éclat de panique et de surprise. Nous nous regardâmes silencieusement, je sentais ses doigts trembler entre mes mains et une vague de compassions m'envahi. Je tirais doucement sur ses mains pour le forcer à le lever, puis le pris dans mes bras, tout en lui caressant amicalement le dos.

-Tu sais..., si tu as besoin de parler, n'hésite pas ..., affirmais-je.

Malgré la proximité de Walter, aucune envie d'user de lui ne me parcourait, j'avais juste envie de le réconforter et d'essayer de comprendre son comportement.

-J'ai... j'ai envie d'une clope.

Evidemment, Walter était un fumeur, donc le couper de son addiction du jour au lendemain devait le troubler, mais j'étais sûr qu'il y avait autre chose derrière son comportement anormal. Je stoppais l'étreinte, et l'amenais vers le matelas, où nous nous installions l'un face à l'autre.

-Tu sais je ne suis absolument psychologue, mais je pense que parler de ce qui te tracasse te fera plus de bien que tu ne le penses.

Une lueur d'hésitation passa dans son regard, mais après quelques instants de silence, il reprit :

-Je me sens coupable...

Je ne compris pas directement le sens de sa phrase, mais quand il continua, son comportement me parut tout de suite plus clair :

-Je me sens coupable de la mort de Bruce... c'est moi qui l'ai tué, tout ça parce que j'ai été un putain d'égoïste et que je suis pas foutu de protéger mes employés, qui plus est mon ami !, cria-t-il.

-Ecoute-moi bien Walter. Tu n'es en aucun cas responsable de la mort de Bruce. Tu ne savais pas ce qu'il allait arriver quand tu as répondu à sa question.

-Oui mais je n'aurais pas dû y répondre ! Je ne sais pas si tu te rends compte mais tu aurais pu crever si j'avais répondu autre chose ! Et s'il faut on crèvera tous les deux ! Comme des merdes, en plein milieu du désert !

Je n'avais jamais vu Walter aussi révolté qu'à cet instant. Il avait raison, j'aurais pu mourir à la place de Bruce, ou peut-être que je ne tarderai pas à mourir, assassiné par un de ces tarés. Je ne pouvais rien répondre à Walter, il avait raison, malgré sa colère.

Séquestrés {Boy x Boy}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant