CHAPITRE 6

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Walter

En arrivant au bureau à 5h45, j'avais beaucoup à faire, si bien que je ne me servis pas de café – fait étonnamment rare pour être noté- pour ne pas perdre trop de temps. Je devais préparer un plateau télé pour ce soir, finir les préparatifs de notre voyage en Irak, puis réaliser et rédiger deux interviews pour les faire paraitre dans notre prochain numéro. Somme toute une journée comme les autres. Je décidais, dans un premier temps, de m'occuper de notre voyage vers l'Irak. Tache plutôt périlleuse au vu de la situation politique du pays, aucune ligne directe, même avec escales. La solution la plus simple qui s'offrait à nous était donc de prendre un vol vers la Jordanie puis de prendre un bus pour traverser la frontière Irakienne. Cette tâche accomplie, j'étirais mes muscles endoloris et me levais pour finalement céder à la tentation d'une tasse de café. Dans l'espace détente du rez-de-chaussée, je rencontrais Abby qui se préparait un thé comme à son habitude et nous discutâmes de la pluie et du beau temps. Alors que je remplissais une deuxième fois ma tasse, j'aperçus Shane, qui se dirigea vers nous pour nous saluer.

-Tu as eu le temps de lire le dossier, sans vouloir te presser, demandais-je.

-Oui et je suis partant.

-Parfait ! Merci beaucoup d'avoir accepté à la dernière minute.

Il me semblait avoir vu Shane rougir, mais je devais sûrement rêver, il devait juste avoir froid dans son manteau trop léger pour la saison. Je constatais aussi les regards lubriques jetés par mon amie rousse. La connaissant, Shane lui plaisait, et je pense que c'est pour cela qu'elle l'a invité à son anniversaire. Cela me fit sourire, peut-être qu'elle allait enfin trouver chaussure à son pied, après ses innombrables tentatives de trouver son prince charmant. Je décidais de les laisser seul pour le moment et surtout pour m'occuper de la montagne de travail qui m'attendait encore.

Je ne quittais pas le bureau de la journée, même lors de la pause déjeuné, me contentant uniquement d'un sandwich acheté le matin même. Quand je levais – enfin- les yeux de mon travail, il était déjà 19 heures, et je dû me dépêcher pour rejoindre le plateau ou je devais être interviewé. Une fois dans les locaux de la chaîne télé, je constatais l'agitation et le brouhaha provoqué par les caméramans, les maquilleurs, les ingénieurs du son qui, tous, lançaient les ordres aux uns et aux autres qui finissaient par se perdre dans l'écho du bâtiment.

La présentatrice vint me saluer, brièvement, car une maquilleuse m'assit ou plutôt me poussa dans un fauteuil rouge. Elle s'appliqua dans à me rendre parfait tout en lançant des « quel beau visage » souvent suivis par « par contre ces cernes ! Horiiibles ! ». En un peu plus de cinq minutes, elle avait fini, me montra mon reflet dans un miroir et je n'eus pas le temps d'observer quoique ce soit, qu'elle était déjà repartie faire son métier ailleurs. Je demandais poliment, à ce qui me semblait être un cadreur, où se trouvaient les toilettes, et il me répondit d'un vaste geste de la main avant de retourner à son travail. Je me dirigeais vers l'endroit indiqué, chercha quelques instants avant de trouver les sanitaires.

En observant pour de bon mon visage, dans le grand miroir, je ne pus pas m'empêcher d'exploser de rire devant mon propre reflet. La maquilleuse avait bel et bien fait disparaitre mes cernes, mais sous une couche beaucoup trop épaisse de fond de teint ce qui me donne une peau bronzée – voire orange- comme si j'avais passé trois jours non-stop sur une plage brûlante. Alors que je continuais à rire bêtement de moi-même, une des cabines s'ouvrit sur un homme d'une cinquantaine d'années qui me regarda comme l'on regarde un fou : un mélange de peur et de curiosité. L'homme quitta la pièce, sans même prendre le temps de se laver les mains : je devais vraiment lui faire peur. Regardant à nouveau mon reflet, je ne pus retenir un sourire et décidais de prendre une photo pour pouvoir la montrer à Ryan ce soir. Je me lavais ensuite le visage pour laisser place à mon teint naturellement blanc et à mes cernes trop marqués.

Séquestrés {Boy x Boy}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant