CHAPITRE 10

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Walter

Après avoir éteint les deux caméras, nous ne restâmes pas longtemps dans la pièce où gisait le corps de Bruce. Un des homme me plaça un sac de toile sur le visage, avant de me forcer à me lever. Après quelques pas, je ne tardais pas à m'écrouler sous mes blessures, et sous la culpabilité qui m'envahissait un peu plus à chaque instant. Je sentis alors un deuxième homme aider son collègue, et ils me portèrent vers une destination inconnue. Après une marche plus ou moins longue –je ne souvenais plus très bien-, à moitié inconscient et totalement aveugle, le petit cortège s'arrêta enfin et quelques instants plus tard, on me poussa sans ménagement dans une pièce. Un de ces connards, coupa les liens qui m'entravaient les mains puis enleva la cagoule. La pièce était peu éclairée, mais une fois mes yeux habitués l'obscurité, je remarquais un vieux matelas posé à même le sol, ainsi qu'une petite bassine en métal, remplie d'eau. J'entendis la porte se fermer dans mon dos et alors que j'allais me retourner, je sentis une paire de bras se fermer autour de mon corps. Je commençais à paniquer : étais-ce mes agresseurs qui allaient m'étrangler, ou procéder à de la torture ? Mes pensées sordides furent vite balayées lorsque j'entendis :

-Putain Walter, j'ai eu tellement peur ! Tu vas bien ? Où est Bruce ?

A l'entente du nom de mon ami, les images de son corps sanguinolent me revinrent en mémoire, et je ne pus retenir une envie de vomir. Shane me fixa, et je secouais la tête pour essayer de répondre à sa question. Le brun sembla comprendre mon hochement de tête car il lâcha un petit « merde » avant d'abattre son poing dans le mur voisin. Je sentis les larmes me piquer les yeux, et laissais échapper un sanglot. Shane eu la gentillesse de me prendre dans ses bras.

Je sentais extrêmement coupable de la mort de Bruce. J'avais lâchement choisi de défendre mes parties génitales, plutôt que de sauver mon collègue. Une vague de dégout remonta en moi et un nouveau flot d'eau salée se déversa sur mes joues. Par-dessus, je sentis les épaules de Shane qui tressautaient et quelques instants plus tard, les larmes tombèrent sur mon épaule dans un rythme régulier. Nous restâmes ainsi, pendant un long de moment, jusqu'à que nos glandes lacrymales soient vides.

Même si je ne disais rien, le corps de Shane collé au mien, me faisait atrocement souffrir, et mon collègue sembla s'en rendre compte au vu de la grimace qui tordait mon visage. Il s'écarta vivement, mais en maintenant ses mains sur mes épaules pour constater les dégâts que j'avais subi. Il ne prit pas longtemps avant de m'ordonner de m'allonger sur le matelas et de boire un peu. Ensuite, il enleva sa chemise, pour en déchirer un pan. Il trempa le morceau de tissu dans la bassine, puis s'appliqua à le passer sur mon torse, mon cou et mes bras pour nettoyer mes plaies.

J'étais exténué, vidé et je me sentais extrêmement coupable de la mort de Bruce, et même si l'envie de pleurer me tiraillait, je n'y arrivais tout simplement plus. Au fur et à mesure des minutes qui passaient, alors que Shane s'appliquait toujours dans sa tâche, je me sentais happé, impuissant, par l'envie de dormir.

Je me réveillais en sursaut, et mes plaies me firent souffrir dans mon mouvement brusque. J'avais chaud, mon corps était trempé, et j'eus du mal à reprendre mon souffle. La mort de Bruce m'avait hanté toute la nuit : son fantôme revenait me voir, m'accusant d'être coupable de sa mort, en me nommant de tous noms d'oiseaux possibles, avant de m'étrangler, lentement, en répétant sans cesse que j'avais détruit sa vie, qu'il ne reverrait jamais sa femme et son fils. Un frisson glacé me parcourut l'échine, je me roulais en boule et me bouchais les oreilles pour faire taire les voix qui m'accusaient. J'étais en train de devenir complètement fou, si bien que ma respiration se faisait de plus en plus saccadée. Le contact de la main de Shane dans mon dos, me sortit de ma transe.

-Walter ? Tout va bien ?, demanda-t-il d'une voix grave.

Je ne répondis pas. Les voix ne voulaient pas se taire, et j'avais peur que Shane se mette aussi à m'accuser. Je serrais plus fort –si cela était possible-, mes genoux contre mon torse, même si cela m'envoya plusieurs décharges de douleurs. Shane enleva sa main, et pensant qu'il avait abandonné, je me détendis un petit peu, mais je n'arrivais pas à retrouver le sommeil dont j'avais tant besoin.

Après avoir attendu que Shane se rendorme, je m'étais levé. Il fallait que je bouge, que je trouve quelque chose à faire, ou j'allais devenir fou. Seulement, la pièce n'était pas plus peine qu'avant. Je commençais à faire les cents pas dans le petit espace dont je disposais. Par nervosité, je commençais à me ronger les ongles, jusqu'au sang, parce cela me donnait quelque chose à faire. Je ne savais même pas quelle heure, ou quel jour nous étions : la pièce était faiblement éclairée par la lumière du couloir, mais impossible de savoir si nous étions le matin ou le soir. Mon ventre commençait à crier scandale, et je ne pus l'en empêcher. Après un long moment, où je marchais inlassablement dans ce que nous pouvions appeler une prison, mes pieds crièrent leur douleur, et je m'asseyais donc contre un des quatre murs, qui nous encerclaient.

Les petites voix, sifflantes et malicieuses revinrent immédiatement, et ma plus grande envie à ce moment-là fût de vouloir fumer une cigarette. Pour calmer mon envie de tabac, je commençais à gratter le sol bétonné, m'écorchant le bout des doigts, mais malgré la douleur, cela occupait mon esprit. Dans la pénombre, j'arrivais à apercevoir Shane, allongé sur le matelas, et dont le torse se soulevait régulièrement, au rythme de sa respiration. A cet instant, je me mis à le jalouser de son sommeil si profond, au moins il n'avait pas l'esprit occupé par des pensées néfastes.

Shane

Je me réveillais à la suite d'un cauchemar, où comme Bruce, ces connards m'avaient aussi pris Walter, merde, il occupait beaucoup trop mes pensées à mon goût. Alors que je m'asseyais en tailleur sur le matelas, je ne reconnus pas tout de suite la silhouette recroquevillée de Walter qui semblait gratter quelque chose sur le sol. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit, que j'entendis le loquet se déverrouiller, puis le grincement sinistre de la porte. Une idée venimeuse s'infiltra dans mon esprit : ils venaient pour nous achever, tout comme ils l'avaient fait avec Bruce...

Pourtant l'homme qui se présenta dans l'encadrement de la porte, posa juste un plateau au sol puis repartit sans plus de cérémonie. Une fois que les pas furent éloignés, je me levais pour observer le contenu du plateau : un bol d'eau, une assiette remplie de couscous et deux fourchettes. Walter me rejoignit quelques secondes plus tard, et regarda le plat avec une envie non dissimulée. Alors qu'il allait pour s'emparer d'une fourchette, je le retins.

-Ça pourrait très bien être empoisonné, affirmais-je.

-Tu ne penses pas que s'ils avaient voulu nous tuer, ils ne l'auraient pas fait ?

-C'est vrai, mais c'est peut-être ce qu'il essaye de nous faire croire.

-Mais je crève la dalle putain !, cria-t-il.

Il détacha sa main de ma poigne, et se saisit d'une fourchette du plat puis l'avala goulument.

-Tu vois ! Rien à craindre.

Quelques instants plus tard, je le vis s'écrouler d'un coup, d'un seul.

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Séquestrés {Boy x Boy}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant