Séquestrés {Boy x Boy}

CHAPITRE 9

Shane

Je me réveillais aux alentours de 13 heures, alerté par le bruit de papier de sandwich qu'était en train d'ouvrir Bruce. J'avais eu beaucoup de mal à m'endormir la veille, la chaleur et mes angoisses m'avaient maintenu éveillé contre mon gré.

-Mal dormi ?, lâcha Bruce, en gobant un nouveau bout de sandwich.

-Ouais, j'ai eu du mal à m'endormir...

-Laisse-moi deviner, tu stresses pour ce soir ?

Je le regardais incrédule. Comment savait-il que j'angoissais pour ce soir ? Etais-je si transparent que ça ? Voyant mon air effaré, Bruce lâcha un petit rire malicieux avant de s'expliquer :

- Hier, quand Sana nous expliquait le déroulé de l'interview, tu avais un regard sévère et concentré. C'était assez drôle à voir d'ailleurs...

C'est à ce moment-là que Walter décida de rentrer dans la chambre, les bras chargés de sandwichs et de couper court à notre discussion.

-Ah, enfin debout Shane. Alors pas trop stressé pour ce soir ?

Du coin de l'œil, j'aperçus un sourire se former sur le visage de Bruce, et alors qu'il s'apprêtait à répliquer à ma place, je le coupais et répondis :

-Un peu, mais j'imagine qu'il n'y pas de quoi se faire un sang d'encre.

-Tu as tout à fait raison, acquiesça-t-il, en me tapant sur l'épaule.

Ce contact, bien que tout à fait anodin, me renvoya les instants privés partagés avec mon patron. Je secouais légèrement la tête pour faire disparaître ses images alléchantes de mon esprit afin de me consacrer sur les dernières instructions données par Walter. Rien de bien nouveau par rapport à ce que nous avions entendu hier, mais une piqûre de rappel n'est jamais de trop.

...

La nuit commençait à amener la fraicheur et le repos tant attendu par beaucoup d'Irakiens, qui trimaient toute la journée pour pouvoir survivre dans ce désert infini. Ce repos, nous ne le partagions pas ce soir, c'était plutôt l'heure de travailler pour nous. Pendant que j'aidais Walter à ranger tout notre matériel dans des grands sacs en toile, Bruce surveillait la rue depuis la petite fenêtre. Nous étions tous habillés avec des habits sobres, noirs pour la plupart, de quoi rester discret dans la nuit sans nuages qui nous attendait. Alors que je vérifiais une dernière fois de n'avoir rien oublié, j'en profitais aussi pour me rincer l'œil en observant Walter. Il était en train d'essayer de rentrer ses cheveux rouges sous une casquette noire, il m'avait expliqué un peu plus tôt que c'était le seul moyen pour que personne ne puisse remarquer la couleur particulière de ses cheveux.

-Une Jeep vient de se garer dans la rue, annonça Bruce d'un air sérieux.

-Ok, attend de voir le signal lumineux, et après on y va.

Le silence était lourd dans la pièce, nous attendions tous ce fameux signal qui lancerait les choses. Le souffle coupé, les secondes défilaient, s'étirant inlassablement sans qu'une réponse ne soit prononcée.

-C'est bon !, s'écria presque Bruce, et par reflexe nous nous jetâmes sur les sacs, et partîmes le plus discrètement possible malgré notre engouement trop grand pour être contenu.

Une fois dans la rue nous nous précipitâmes dans la Jeep qui démarra quelques secondes après dans un vrombissement caractéristique de ces véhicules. Pendant le voyage, le silence était aussi au rendez-vous, personne n'osant prononcer le moindre mot, peut-être par peur de nous faire remarquer, malgré le fait que nous roulions dans la campagne désertique. Le lieu de l'interview était en fait une petite maison, de pierres maladroitement entassées, qui tranchait avec l'horizon plat qui s'étendait à perte de vue. Cette maison, fièrement dressée parmi les herbes jaunes et sèches, le sable et les cailloux, semblait avoir survécu à toutes les climats, et même au passage des Hommes, comme le montraient les impacts de balles qui traversaient la petite porte de bois.