Séquestrés {Boy x Boy}

CHAPITRE 24

Walter

Je me réveillais. Sans sursaut pourtant la panique était bien présente. Les battements affolés mon cœur tambourinaient dans mon crâne comme si une fanfare déambulant dans ma tête. La douleur était telle que je ne pus m'empêcher de pousser un gémissement étouffé. Pendant que je tentais de réguler mes battements cardiaques, je regardais l'heure qu'affichais le réveil. 4h13. C'était plus tard que mes réveils habituels, et pourtant je me sentais lourd de fatigue. Tellement fatigué qu'il me fallut plusieurs minutes avant de me rendre compte que le réveil qui se trouvait actuellement sur ma gauche, aurait dû se trouver de l'autre côté. J'avais bien compris que je n'étais pas dans ma chambre, et je retournais le plus doucement possible pour trouver Shane endormi sur ma droite. Les évènements de la veille, ou peut-être même de ce matin me revinrent en mémoire et me firent sourire.

Décidant de quitter le lit, pour trouver quelque chose à faire j'entendis Shane remuer et grogner légèrement, ce qui fit redoubler mon sourire. Je ne savais pas pour lui mais j'avais trouvé cette soirée très appréciable. Quittant la chambre, je me dirigeais directement vers la mienne pour aller chercher de quoi m'habiller. Pas que l'idée de me promener à poil me déplaisait, mais en ce début de mois de décembre je devais avouer que je me les gelais sévère. Sentant ensuite mes paupières papillonner, mais ne voulant pas retourner me coucher après ce cauchemar, je me dépêchais de préparer un café que je versais dans un grand mug. Paradoxalement, le contact avec le liquide brûlant me fit frissonner, mais je ne m'en souciais pas trop, appréciant seulement l'arôme de caféine.

Pour m'occuper mon premier choix s'orienta vers la télé, mais me rappelant de l'heure avancée de la matinée et de Shane dormant dans la pièce voisine, je me laissais plutôt tenter par mon ordinateur. Tout en branchant mon casque, je lançais une playlist contenant toutes mes musiques préférées. Cela faisait tellement longtemps que je ne les avais pas entendus que je restais quelques instants, yeux fermés, à savourer le solo de guitare suivi quelques secondes plus tard par la puissante batterie qui imposa un rythme cadencé.

Je commençais d'abord par répondre aux quelques mail non-lus que j'avais reçu la veille, et regardais ensuite les dernières actualités. Les premières me parurent insignifiantes, toutes concentrées sur la découverte du blanchissement d'argent d'un politicien quelconque. Je tombais ensuite une exposition d'un photographe syrien qui montrait le quotidien de guerre. Bien que je sache qu'il ne s'agissait ni de l'Irak et ni de ce que j'avais vécu, ces photos me glacèrent le sang. Malgré mon malaise face à ces clichés, je ne pus m'empêcher de tous les regarder attentivement, les décrypter, ressentir toutes les émotions que voulait y faire passer l'artiste, peut-être parce que je sentais plus que concerné dans ce sujet.

L'ouverture de la porte de la chambre me fit sortir de ma contemplation, et je me rendis enfin compte que j'avais passé près de deux heures à détailler chacune des photos du site.

-Qu'est-ce que tu fous debout, il est à peine 7 heures, demanda Shane avec une voix endormie.

-Je pourrais en dire de même que toi à ce que je sache, répondis-je.

-Je m'attendais à te trouver de moi, endormi, et je t'aurai maté en train de dormir, sauf que tu n'étais pas là.

Cette remarque ne passa pas dans l'oreille d'un sourd, et je m'étonnais, pour la première fois, à le trouver si direct et démonstratif, mais cela ne me déplut pas pour autant. Il quitta la pièce pour se rendre dans la cuisine et le bruit caractéristiques de la machine à café se fit entendre. Quelques minutes plus tard, il vint me rejoindre et s'installa sur le canapé tout en allumant la télé. Je fermais donc mon ordinateur et me calais, ma tasse entre les mains, contre l'épaule de Shane. Le choix du programme fut décisif quand le titre de Bob l'Eponge s'afficha à l'écran. Nous ne dîmes rien pendant un moment, laissant le café nous réveiller, mais quand les tasses furent vides et que le générique de fin débuta, je sentais bien que Shane était à bout de retenir sa langue. Alors que je tentais vainement de m'enfuir, Shane me retint par le poignet et me rassit sur le canapé, où je m'étalais de tout mon long.