Walter
Le véhicule qui avançait clairement vers nous, me semblait ne jamais arriver, malgré notre course effrénée dans sa direction. L'idée que le conducteur ne nous ait pas remarqué m'effleura l'esprit, et instinctivement, j'accélérais encore un peu. J'avais mal partout, mon sang tambourinait violemment dans mes tempes, et mon souffle erratique se faisait de plus en plus irrégulier. Je ne saurais dire, si c'était sous le coup de l'adrénaline, qui parcourait mes veines, ou si le soleil tapait trop fort sur mon crâne, mais un sentiment de joie s'empara de moi. Je me sentais plus vivant, que je ne l'avais jamais été depuis que j'étais parti. J'avais envie de crier de toutes mes forces pour pouvoir libérer ce sentiment, bien trop puissant pour être contenu, mais je n'eus pas le temps de le faire, car le véhicule que nous poursuivions, arriva enfin quelques mètres devant nous. Il me sembla qu'une éternité se déroula entre le moment où la portière du véhicule s'ouvrit, et le moment où l'homme armé descendit. Un visage dur, et abimé par le temps, sans voile, mais avec des yeux noirs, dont je me rappellerais toujours la dureté que l'on pouvait y lire. Un front haut et dégagé, sur lequel prônait un casque aux couleurs marronâtres, si caractéristiques des tenues de combats de l'armée.
-Ravi de vous voir enfin, M. Ionis, affirma l'homme qui se trouvait devant moi, en me tendant sa main
Sa voix rauque me réconforta, en amenant, une vague de chaleur incontrôlée, et incontrôlable. Deux autres hommes sortirent du véhicule, et nous saluèrent avec autant de formalité que le premier soldat.
-C'est plutôt à moi de vous dire ça, répondis-je en lui serrant la main en retour.
-Montez dans le véhicule, ce sera plus confortable pour discuter.
Nous suivirent les soldats dans le véhicule tout terrain, et nous installâmes sur les sièges. Le petit véhicule blindé, ne disposant que de petites ouvertures, en guise de fenêtre, l'obscurité dans laquelle nous étions plongés me réconforta. Le moteur démarra, et les deux soldats, montés à l'avant, prirent les commandes de l'engin.
Le dernier soldat, qui était assis face à nous, se racla la gorge pour acquérir notre attention.
-Messieurs, j'imagine que vous devez vous poser beaucoup de questions quant à ce sauvetage, mais d'abord laissez-moi me présenter. Je suis le Lieutenant-Colonel Turner, je suis celui qui était en charge de votre libération, et je suis ravi, que cela ait marché. Maintenant, je suis toute à votre écoute pour répondre à vos questions.
Les questions, déboulèrent, dans mon esprit, comme un tsunami, si bien que lorsque je réussissais, à en trouver une, une autre prenait sa place, sans plus tarder. Je jetais un regard vers Shane, qui sembla se trouver dans le même état que le mien, bouche bée, les yeux dans le vague.
-Je comprends bien, que ça ne doit pas être facile, pour vous d'avoir été pris en otage pendant si longtemps, et si je peu...
Le terme longtemps tiqua à mon oreille, et je ne pus m'empêcher de demander :
-Depuis combien de temps exactement, Lieutenant-Colonel ?
Ma voix n'avait été qu'un murmure, dans le vrombissement du moteur, pourtant, je voyais bien à l'expression gêné du Lieutenant, que celui-ci m'avait bel et bien entendu. Après quelques instants, où l'homme chercha les mots justes pour répondre à la question, il répondit :
-Un peu moins de deux ans, vingt-deux mois et demi, pour être précis.
Vingt-deux mois ?! Ma bouche toucha presque sol, tant cette réponse me paraissait irréelle. Non ! Ce n'était pas possible ! Nous n'avions pas pu passer presque deux ans dans cet enfer, on s'en serait rendu compte. Pourtant, quand le soldat me tendit sa montre pour vérifier par-moi-même, et la réalité s'imposa à moi, nous étions le 20 novembre 2***.
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Séquestrés {Boy x Boy}
General FictionWalter est un journaliste, qui décide de partir en Irak, à la recherche de témoignages. Il part en compagnie de Shane, un des journalistes qui travaille avec lui, et qui possède aussi cette envie de voyage et de vérité. Seulement, aucun des deux n'a...