Séquestrés {Boy x Boy}

CHAPITRE 18

Walter

La tête encore remplie de ces visions cauchemardesques, je me levais pour m'étirer longuement, puis me dirigeais vers mon ancienne chambre. La décoration n'avait pas vraiment changé, des dizaines de posters de groupes, ou de film ornaient les murs de ma chambre. Au centre de celle-ci se trouvait mon lit toujours recouvert de ma couverture à l'effigie du logo de Batman, et non loin, mon bureau, particulièrement bien organisé –ma mère avait dû passer par là, et virer tous mes documents, mes fiches de cours, et mes livres. Parfaitement pliés, les habits déposés par mère reposaient sur mon lit. La tenue était tout ce qu'il y avait de plus simple, mais je reconnaissais bien ma mère : une chemise et un jean noir, accompagné d'un petit nœud papillon de la même couleur. Ma mère adorait que je porte un nœud papillon et dès qu'elle en avait l'opportunité, elle m'en faisait porter un. Je me changeais donc, et n'oubliais pas de retrousser les manches de la chemise jusqu'aux coudes, laissant ainsi dépasser les tatouages qui courraient sur mes bras.

Quand je retournais au rez-de-chaussée, je trouvais Abby, en compagnie de ses parents et d'une autre femme qui m'était inconnue. Angus, me salua d'une forte poignée de main, et me répéta sa joie de me revoir. Abby, en fit de même, et me prit dans ses bras pour la dixième fois, au moins, depuis que j'avais posé le pied en Amérique. De ce que j'avais vu, elle ne semblait pas vraiment avoir changé : toujours ses cheveux roux qui retombaient sur ses épaules, un caractère hyperactif et extravertie qui la rendait si agréable à côtoyer. Ses traits semblaient plus tirés que ce dont je me rappelais, et je savais déjà qu'elle avait dû redoubler d'efforts et de travail pour maintenir le journal à flot.

-D'ailleurs, Walt', laisse-moi te présenter, Lacy, déclara-t-elle en me désignant la jeune femme qui était restée silencieuse.

-Enchanté de faire votre connaissance, me répondit-elle le plus poliment du monde.

-Pas besoin de formule de politesse, tu peux me tutoyer et m'appeler Walter.

La jeune femme aux cheveux châtains foncés hocha la tête, et Abby reprit, souriante :

-Lacy est ma petite-amie depuis bientôt un an, donc je voulais te la présenter au plus vite.

La première chose qui avait dû apparaître sur mon visage dû être la surprise. Depuis que je connaissais Abby, elle me semblait être en perpétuelle recherche d'un prince charmant et non d'une princesse, mais au vu de la joie qui pétillait sur son visage, je ne pouvais que me réjouir pour elle.

-C'est génial, acclamais-je à mon tour aussi souriant que mon amie. Alors Lacy, qu'est-ce que ça fait de sortir avec cette harpie rousse buveuse de bière, demandais-je tout en lançant un sourire moqueur vers mon amie.

A ma remarque, Abby me frappa doucement le bras, pendant que sa compagne –ça me faisait bizarre de le dire-, rigolait d'un rire authentique. Une fois Abby calmée, nous nous assîmes sur les chaises disposées dans le salon et Abby me raconta leur rencontre. Lacy était une amie de Junan, le frère d'Abby. Elle était originaire du Texas, et le jour où elle avait fait son coming-out auprès de ses parents, son père s'était empressé de la foutre dehors. Elle avait alors choisi de voyager pour expérimenter le monde, en trouvant de petits boulots pour subvenir à ses besoins. Alors que San Francisco ne devait être qu'une étape dans son road trip, elle avait été embauchée pour travailler au Johnny Foley's Irish House, le bar d'Angus. Les choses allant et venant, elles étaient finalement devenues amies, et plus tard, après une soirée un peu trop arrosée, elle avait passé l'étape cruciale, qui avait été une révélation pour Abby. Aujourd'hui, elles vivaient ensemble, dans une petite maison dans le quartier du Castro. Leur complicité me faisait sourire, et les regards amoureux qu'elles se lançaient tout au cours de la discussion, me mirent de bonne humeur. Mais je devais l'avouer, j'étais tout de même un peu jaloux de leur relation.