29. Solitude comblée

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Claquer la porte violemment : c'est le genre de comportement qu'a un type lorsqu'il a besoin de parler. Peter espérait sans vraiment en être conscient, que Lisa remarque sa mauvaise humeur. Pas de réponse, pas de questions. Il réalisa que sa tendre amante travaillait cette nuit. Il était parti pour se morfondre seul dans son living room. "Pas question de me morfondre seul dans mon living-room !" songea-t-il. Il passa en revue dans son esprit les personnes qu'il connaissait, susceptibles d'écouter ses malheurs, mais le trombinoscope restait affreusement blanc. L'ombre d'Emma apparut, puis disparût. La toile claire formée sur sa rétine resta livide. Quelle solitude... Il alluma la télévision en cliquant au hasard sur un chiffre de la télécommande. Apparemment, son doigt avait choisi la six. Xavier De Moulins présentaient un reportage signé "66 minutes", qui parlait de la richesse en Floride. La caméra commença par balayer le paysage, montrant des vacanciers danser sur des yachts privés au beau milieu de l'océan. Quelques femmes furent interviewées, elles étaient sur une autre planète. Même les sous-titres n'avaient aucun sens. De toutes façons ce qui comptait, c'était le visuel. L'émission rendait très bien comme ça. Et si Peter se délectait du spectacle plein de paillettes, il resta scotché dans son fauteuil lorsque le reporter expliqua que le propriétaire du bateau n'était même pas présent ! Il donnait une fête juste pour faire plaisir à des inconnus. Quelle classe.

Comme pour éloigner les modestes téléspectateurs d'un rêve inaccessible, le caméraman s'envola pour atterrir sur la terre ferme. Vue accélérée, il se téléporta jusqu'à un hôtel haut-de-gamme... ça avait juste l'air d'un second rêve inaccessible. Le Lush Royal proposait des chambres de luxe avec un jacuzzi personnel, un dressing rempli de costumes, des bouteilles de champagne à volonté et autres folies hors de prix. Dehors, une jungle encerclait la piscine, donnant une sensation de paradis isolé. Pourtant, l'hôtel se trouvait au bord du littoral, son trottoir de l'autre côté des arbres était bondé de flâneurs. Avant que le reporter n'ait pu déblatérer sur les commerçants du coin qui profitaient du tourisme pour gonfler leurs factures, Peter, cette fois-ci, appuya volontairement sur le bouton off de sa télécommande. La piscine de la TV lui avait donné une idée.

— Salut, on n'a pas eu le temps de se présenter la dernière fois, dit-il en s'écroulant sur un siège, au bord du bassin de la résidence.

— Moi c'est Lorraine, mais tu peux m'appeler "ma chienne" si tu veux.

— Je ne suis pas là pour ça Lorraine. J'ai besoin de parler. Tu veux bien te taire et m'écouter ?

Elle acquiesça en rapprochant son transat du sien, sûrement pour mieux l'entendre. A part eux, l'endroit était totalement vide. Ça arrivait souvent, à croire qu'ils habitaient dans un immeuble d'aquaphobes. La voix de Peter résonnait faiblement. En bruit de fond, on percevait l'eau qui roulait sur les gouttières du bassin. Peu importait ses mésaventures, les mots parvenaient aux oreilles de la gamine comme une poésie. Elle regardait sa bouche bouger sans capter le son, observait ses yeux bleus et mouillait dans son maillot. Voulant le soutenir dans ses problèmes, elle lui attrapa la main et caressa son pouce de son pouce. Puis son regard se posa de nouveau sur son nœud de maillot de bain. Décidément, cette fille était une perfectionniste... elle remarqua que la bouche de gauche faisait un peu moins du double de sa jumelle. Mais elle refoula son envie. Peter semblait aller de mieux en mieux à force d'exprimer ce qu'il ressentait. La jeune fille le voyait bien, elle attendait le moment où il soupirerait d'apaisement. Pour soulager son impatience, elle entrouvrit ses oreilles un instant.

— ... Ils m'ont tous sodomisé... cette chienne de vie me fouette les fesses à coups de savates... je me sens étriqué dans mon corps qui a besoin de s'exprimer... je bouillonne...

C'est tout ce que la jeune fille comprit. Elle traduit ces plaintes par une grosse envie de sexe. Souhaitant ne pas le brusquer comme la fois précédente – copuler sans pisse c'est sympa aussi – elle lui demanda avec un sourire bienveillant s'il voulait qu'elle se blottisse contre lui. Il trouva la question étrange, mais la case "attention fidélité en danger !" ne clignota pas. Peut-être percevait-il la proposition comme une simple aide innocente ? Ou avait-il récemment changé ses codes ? En tout cas, son étreinte projeta son être tout entier dans un cocon de coton, loin de la bogue épineuse qui l'avait logé toute la journée. Il se sentait bien, soupira d'apaisement. Sa solitude prenait fin. Et lorsque la jeune fille décala le tissu de son maillot pour pouvoir enfoncer son pénis en elle, il réalisa qu'autre chose commençait. Une chose qu'il savait mauvaise, mais qui pourtant lui plaisait. Il avait beau penser à Lisa, le plaisir ne diminuait pas. Au contraire... Peter avait l'impression de se délester de tous les reproches qu'il gardait enfouit dans son esprit, à chaque aller-retour, sous les gémissements encourageant de la diablotine.

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Tomber de bas ( Terminė)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant