— PETER ! PETER !
Ce n'était pas le genre d'appel d'un parent qui recherche son enfant. C'était plutôt le genre d'une poupée de film d'horreur qui poursuit sa proie, une hachette à la main. L'hôte de cette voix délirante avait perdu les pédales et Peter reconnut à travers cette démence son ami trahi à répétitions ; Tommy le traquait. Il faut dire que cette fois, Peter avait dépassé les bornes, il le reconnaissait et ça lui faisait une belle jambe. Impossible de savoir de quelle direction provenait le danger, le SDF révolté avait l'air derrière et devant lui, un pur cauchemar. Par où détaler ? Il l'ignorait.
"Mais comment ont-ils pu me retrouver ?!" se demanda le garçon en panique. Soudain, alors qu'il pensait s'être volontairement perdu dans la ville, il reconnut l'église de la Trinité. Il avait tourné en rond sans s'en rendre compte. Il réalisa alors sa chance... "Le toit ! Ils ne connaissent pas le code de passage !" se réjouit Peter. Il se précipita sur le boulevard éclairé par les lampadaires, totalement à découvert. Au loin, il vit trois ombres se déplacer rapidement à contre-sens.— C'est lui ! C'est ce fumier ! On le choppe ! hurla Tommy qui s'improvisait leader de l'assaut.
— Ne le blessez pas ! supplia Emma qui resta en retrait alors que les deux hommes chargeaient droit sur Peter.Il avait pratiqué le tennis, le golf, le yoga et la natation, mais jamais la course à pied. Le trait était censé être tiré sur la vie de sauvage, sur ses bagarres de rue et ses fuites. Parce qu'un conflit de sans-abris, ça ne se règle jamais avec de belles paroles. Blancs, marrons, jaunes, noirs se devaient le respect, et gare aux déviants. A ceux qui bafouaient les valeurs communes, on ne leur faisait pas de cadeau. Peter le savait, Peter ne savait plus courir. Il était fait comme un rat. Sa seule chance de s'en sortir se tenait à vingt-cinq mètres de sa position, à trente-cinq mètres des deux spartiates. Il tenta le coup. Son cœur se mit à envoyer des flux de sang de plus en plus puissants dans ses quadriceps et mollets. Il respira fort durant le sprint de sa vie. Mais il sentait que ses adversaires gagnaient du terrain. Plus l'espace qui les séparait se réduisait et plus il désespérait. Les oreillers le gênaient, ses bras ne pouvaient pas lui offrir d'élan. Tout à coup, un frisson d'effroi le parcourut. Il doutait de la combinaison. Mais son désir de se protéger était si fort que les quatre éléments qui émanèrent de son subconscient devaient être les bons. "55A4, 55A4, 55A4..." se répétait-il en boucle, prêt à presser les boutons comme un super automate. Dans sa course, il remarqua toutes sortes de sentiments dans les yeux du trio. Tommy et Maxime avaient l'air décidé à tuer. Derrière, Emma pleurait. Quand Peter atteignit le mur de l'interminable longueur, les deux révoltés touchèrent presque en même temps. Ils touchèrent la porte, refermée juste à l'instant sur Peter, vainqueur.
Le jeune homme, essoufflé, était presque sûr qu'il n'y avait pas d'autres moyens de sortir que la grande porte. Les échafauds peut-être ? Non, il se rappelait que les plateformes en métal ne correspondaient avec aucun autre immeuble. Tout penaud, il avança jusqu'à la fontaine au milieu de la cours. Elle lui parut bien moins majestueuse que la dernière fois, banale. L'eau propulsée dans les airs ne montait pas bien haut et les quelques éclaboussures étaient ridicules. Qu'il aurait aimé retrouver son optimisme d'autrefois... Là, les objets originaux, les beaux lieux ou encore la bonne météo, ne chatouillaient plus aucun récepteur de son cerveau. Peter était comme atteint par une maladie grave. Il observa cette grande cours encerclée de hauts murs comme des murailles, et se rendit compte que cette configuration claustrophobique le rassurait. Elle lui inspirait force et sécurité. Soudain, Peter fut parcouru d'une illumination : "La sécurité ! J'ai besoin de protection ! La police !" Sans tergiverser, il composa le 17 et expliqua son cas à une policière, blasée d'être contactée au beau milieu de la nuit.
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Tomber de bas ( Terminė)
AdventurePeter et Théophile ont touché le fond. Le genre de trou ténébreux qu'on ne remonte pas avec une échelle, mais bien en utilisant son cerveau. Un brin de courage peut aider, mais est-ce suffisant ? Il va falloir se salir... Terminé, pas de modifs en v...