Partie 12. Aux délices du potager !

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« Aux Délices du Potager ! »

C'est le restaurant des lapins, exclusivement végétarien.

Le chef propose serpolet et romarin,

Carottes tendres à l'estragon.

Belles crudités craquantes et parfumées.

Salades nuageuses, toujours savoureuses.

Herbes odorantes et bouquets garnis.

Il élabore toutes ses sauces, servies à volonté.

C'est délice au petit matin, et même en journée, on y revient.

Notez l'adresse sur votre calepin !

Les chasseurs ne sont pas admis avec leur fusil, mais inoffensifs, ils seront bien accueillis.

Autour des salades on se fait beaucoup d'amis. Il arrive même que certains en racontent ...


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« Fastfoodiquement »

Il y eut le temps des rupestres peintures où nous sortions de nos grottes pour entrer en forêts profondes,

Et chasser le gibier giboyeux.

Il y a maintenant le temps du fast-food où nous sortons du béton

Pour traverser nos zones urbaines,

Et entrer en ces lieux où la viande est moulée,

Parfaitement calibrée pour être sandwishisée,

Ensachée en pain de mie tout rond, tout plat et tout blanc.

Au diable, fourchettes et couteaux, outils de la civilisation !

Sauvages soyons, graissant nos doigts à l'huile de cuisson.

Sans saveur, sans passion, nous mâchons, sous la musique techno,

A l'ombre des arcatures dorées de grandes frites jaunes :

Majesté néogothique s'élevant en divine enseigne

Pour le culte du steak haché.

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« Robot, mon ami »

Mon inoxydable ami, mon robot, mon frère,

Toi, dont l'intelligence artificielle me simplifie la vie,

Plus tu fonctionnes et moins je pense.

Et plus tu penses, mieux je fonctionne.

Mais si la panne de tes composants survient,

Si un méchant virus infecte ton microprocesseur,

Dès lors, mes neurones inexploitées peinent à te remplacer.

Je ne suis plus le roseau pensant que j'étais.

Fragile et seul, courbé sous le vent, j'avais appris à me débrouiller seul,

Grâce à ton aide, rassuré, je suis devenu pensif, rêveur.

Ayant perdu bien des certitudes, seulement roseau bien pensant,

Caparaçonné pour se blinder contre toute inquiétude.

Tout cela m'a fait perdre ma flexibilité de pensée.

Survivrai-je ainsi encore longtemps ?


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« Les vaches »

De retour à l'écurie, au cul des vaches, la queue en essuie-glace,

Je compte les mouches ou j'entends tomber les bouses.

Parfois en fin d'après-midi, j'oscille entre le spleen et le blues.

Mais le soir venu à la traite, dans un nuage de lait,

J'entrevois à nouveau le beurre, la crème et le fromage : je revis dans les laitages.

Au crépuscule la laitière va passer ...

Alors j'aurai le beurre, l'argent du beurre et peut-être en prime le sourire de la laitière.


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« La piscine »

La piscine est un milieu aquatique profond standardisé, dit le texte officiel.

C'est l'idéal pour jouer avec un référentiel bondissant.

Jouez ! Jouons !

De temps en temps, pour créer un peu d'animation, on pourrait y introduire quelques piranhas ou un requin gonflable.

Hélas, ce n'est pas dans le référentiel ...

On n'est pas dans Les dents de la mer mais dans un milieu aquatique profond standardisé.

Ça ne m'étonnerait pas qu'un prof de maths traîne dans les parages.

Y a de l'interro dans l'air : du volume à calculer, des mètres cubes d'eau pour tout remplir ...

Mais ce sera après la piscine.

A moins qu'un requin de passage ait la bonne idée de croquer le prof de maths ...



Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant