Chapitre 93. Happy few

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« Les happy few » 

Bien de jeunes prétentieux, tout juste sortis du bac à sable et avant même d'avoir obtenu le bac voudraient faire chercheur et Prix Nobel. On les reconnaît à l'arrogance aveugle de l'ego, travaillé depuis la petite enfance par d'ambitieux géniteurs : mon fils, tu es le meilleur, ma fille, tu es bien plus que supérieure.

Ce sont d'heureux décagénaires vivant de l'air du temps, des chèques de papa, maman. Puis de vieux étudiants jusqu'à vingt-six ans, tout baigne ...

Au moins pour un ou deux lustres ...

Ces vies commencent en décors de carton-pâte, or les châteaux de cartes bâtis en Espagne, le vent les balaye d'un coup, la pluie les ronge en une averse. Le paraître tend à disparaître, c'est la loi du devenir : tout se transforme. Le plus souvent tout se déforme.

Les parents lucides conduisent toujours leurs enfants à la fête foraine dans la galerie des miroirs déformants, c'est riche d'enseignements.

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« Minceur et survie » 

La truite Fario sait qu'elle ne doit pas dépasser 30 cm ; 

La truite arc-en-ciel, 25 cm, et le brochet 50 cm. 

Au-delà, c'est le pêcheur qui l'emporte et qui les emporte.

Fitness de survie, c'est très efficace.

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 « La papillologiste » 

Papillologiste du jardin, dès que Marie s'arme de son filet bleu, elle file à travers les allées en quête de ces êtres précieux qui se posent sur les fleurs.

Pris dans son épuisette, consciencieusement elle les héberge ensuite dans sa boîte bleue et jaune où ils resteront colocataires jusqu'au soir. ALors avec son père, assis sur le banc de pierre, ils prendront un livre savant pour identifier les spécimens qui patientent derrière les parois de plastique.

Identifiés ou non identifiés, tous les papillons recouvrent la liberté ; et dans le crépuscule du potager, il y a comme un feu d'artifice d'ailes multicolores. Il est vrai, c'est alors le plus beau moment de la journée. La papillologiste est aussi aquarelliste.

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« La Traversée de la forêt » 

Vous me faites bien peur, pas le moindre petit pot de beurre, pas la moindre galette !

Mais comment comptez-vous traverser cette grande forêt qui s'étend derrière cet arbre ?

Avez-vous au moins dans votre havresac un couteau suisse et un briquet, une Bible et votre Mp3, sans quoi votre voyage pourrait être périlleux.

Méfiez-vous des chasseurs en battue car vous seriez abattue, prenez garde aux bûcherons fous avec leurs haches volantes, repérez les mycologues pervers, le serial-killer venant achever une série.

Peut-être croiserez-vous un poète égaré, un Petit Poucet rêveur et ses frères, quelques nains, quelques nymphes, Boucle d'or, trois ours...

Enfin, ayez un œil sur le Loup, je serais vous, je renoncerais à cette pèlerine rouge, de réflexes conditionnés en vieilles habitudes, cela pourrait lui redonner l'idée ; les psychiatres le disent guéri. On ne sait jamais.

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« Linge de maison » 

Plus de serviettes, plus de torchons, plus de tissus à entretenir,

L'essuie-tout de papier comme chiffon à tout faire.

C'est la meilleure issue pour les conflits familiaux : moins de linge sale à laver.

On jette tout, et l'on passe à autre chose.

Plus de linge de maison, plus d'armoires, plus de placards : gain de place et paix des esprits.

Enfin, ça repose.

Evidemment, il reste les fringues, mais c'est pour la penderie, c'est un autre sujet.

Une question de mode : là, c'est beaucoup plus délicat.

Il ne faut froisser personne.

Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant