Partie 91. Le bon lit

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« Le bon lit »

Costume-pyjama, le comédien entre en scène et se met au lit.

Drap du dessus, rideau d'avant-scène, drap du dessous, fond de scène, le lit est un théâtre douillet.

Oreiller côté jardin, et couette côté cour, le décor est bien connu.

Une nouvelle fois, l'histoire sera celle d'un rêve : une pièce en une nuit, et chaque nuit une nouvelle pièce dont personne n'a le souvenir au matin. C'est toujours unique et exceptionnel. Un théâtre de l'éphémère, un happening. Magique.

Morphée surveille, il se tient en front de scène comme Monsieur Loyal. C'est la sonnerie du réveil, au petit matin qui mettra fin à la représentation.

Le dormeur est bon comédien, connaît son rôle. Selon le rituel établi, il se glisse comme une ombre entre ses draps. Mince silhouette bordée de chaque côté. Il est prêt.

Le voilà qui s'endort ; et après le premier rêve, 1° acte, par le mitan du lit, il passera en dessous sur un deuxième matelas où se jouera le 2° acte et le rêve suivant.

Après, on sait que rien ne s'arrêtera, un nouveau drap s'ouvrira pour une entrée en sciène jusqu'à la 4° couette, au coeur de la nuit. Ensuite de rideau en rideau, il faudra revenir, se faufiler au devant de la scène, reprendre place sous le drap initial où le dormeur avait entendu Morphée pour la première fois annoncer la séance. Il était déjà tard, maintenant il est tôt. Il faut sortir de son lit.

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 « Besicles et pince-nez »

La première ligne du tableau : « Lu » flou ou « Lu » net : lunettes ?

 « Lu » flou chez l'ophtalmo, « Lu » net chez l'opticien.

Bonnes lunettes. Belle monture et nouvelle vue.

Certains les chaussent, d'autres les mettent : c'est à voir. De toute façon, à y regarder de plus près, c'est fait pour mieux y voir.

Et j'insiste, quel est le malheureux qui a dit : "circulez, il n'y a rien à voir" ?

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« Le zèbre mutant »

Un zèbre mécontent et chagrin jugeait sa robe ridicule ; il enviait le cuir du cheval, tout en élégance et brossé avec soin quotidiennement par des lads.

Exaspéré et ne supportant plus pareille disgrâce, il se rendit chez un généticien un peu magicien pour qu'il lui redonne une esthétique convenable, au moins des rayures verticales qui feraient de lui un être original. Pressé d'agir, le généticien ne garantit rien au pauvre animal, mais tenta de combiner philtres et élixirs en y ajoutant quelques molécules nouvelles.

« Prenez ce breuvage trois fois par jour pendant trois mois, et l'on verra ! »

La cure terminée, le zèbre avait effectivement changé, ce n'était pas vraiment l'effet espéré, mais ...  c'était curieux.Désormais les rayures horizontales croisées par les nouvelles rayures verticales lui avaient donné l'apparence d'un drapeau à damier.

Cela lui permit au moins de changer d'emploi, notre zèbre devint grille de mots croisés ambulante pour les cruciverbistes des caravanes de chameaux. Pendant les longues après-midi de cheminement dans le désert, il passait d'un chamelier à l'autre proposant ses énigmes.

Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant