Partie 20. Le chêne et le bûcheron

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« Le chêne et le bûcheron »

A peine le bûcheron eut-il achevé la lecture du dernier vers de la fable « Le Chêne et le Roseau » qu'il éclata en sanglots. Assis au pied de l'arbre, il restait inconsolable. Il ne pouvait pas. Non il ne pouvait pas abattre un arbre pareil.

Saisi de remords, il vida le réservoir de sa tronçonneuse, l'arrosa d'essence, y mit le feu.

Voir brûler ainsi la tronçonneuse lui redonnait bonne conscience.

Mais la terre était sèche, les brandes et les fougères sans eau peinaient à survivre, au contact des flammes, elles s'embrasèrent. Alors de loin en loin, l'incendie se propagea sur toute la forêt.

Le valeureux bûcheron défendit son chêne du mieux qu'il put ; il tapait avec sa hache tout à l'entour sur les moindres flammèches qui tentaient de l'assaillir. Le combat dura des heures, mais il sauva son arbre.

Tout autour, la forêt calcinée offrait un spectacle misérable, il ne restait de la tronçonneuse que six bouts de chaîne et de plastique calcinés.

Maintenant pour protéger l'arbre devenu solitaire, il n'y avait plus de forêt.

Mais le bûcheron savait que la hauteur de l'arbre est proportionnelle à son diamètre élevé à la puissance 2/3, et voyant son chêne impressionnant, il devinait qu'il serait encore plus majestueux pour ces cent ans.

Mission réussie !

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« Tableau estival »

Patchworks dans les prés, aux petits carreaux bleus, aux triangles rouges,

Aux rectangles blancs ou jaunes.

C'est un mélange improvisé, un collage au bord du lac ou de l'étang :

Voici le camping multicolore où chacun dresse sa tente.

Tout tient au vent par quelques bouts de ficelles, quelques piquets d'aluminium.

Et le spectacle est toujours changeant parmi ces petits volumes surprenants,

Structures gonflées au coeur de l'été.

Parfois les vaches viennent en visite, juste avant l'heure de la traite.

C'est convivial et bucolique. On fait connaissance ...

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« les Frites »

Le jour des frites, je fais un pèlerinage en cuisine, j'y vénère le bain d'huile, et renouvelle mon serment de fidélité à la pomme de terre.

J'embrasse l'épluche-légumes et la cuisinière.

Tout ce qui est doré me fait flipper. C'est jour férié et de grande festivité.

Affable, je m'attable avec mes joyeux commensaux : vieilles copines et vieux copains de la cantine ... ils ont apporté le sel, le ketchup et la mayonnaise.

C'est jour béni !

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 « Bredouille »

Le coup de fusil claqua, mais dans le canon la chevrotine humide chevrota ; sur ce coup-là, elle fuma longtemps, explosa mon chapeau et ricocha sur le marais. Les canards claudiquant en furent quitte pour quelques éclaboussures.

A midi il me faudrait manger les oranges, laquées en fruits déguisés ; les palmipèdes fangeux s'enfonçaient dans la brume automnale, sauvés par l'humidité.




Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant