Partie 5. Ticket

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" Ticket "

L'avion clignote et va dépasser le bus.

Le bus jaune a mis son gyrophare orange et suit le camion des pompiers.

Il y en a trois avec de beaux casques argentés qui se tiennent debout ; ils sonnent la cloche pour s'ouvrir le passage.

Quel embouteillage !

Derrière, sur un haut cheval blanc, un enfant se cramponne.

Il y a même un cochon rose en léger retrait qui semble suivre le mouvement.

Et le grand carrosse de Cendrillon, juste derrière l'avion supersonique.

Un pompon apparaît dans le ciel. Qui remportera le tour gratuit ?

Les enfants crient.

Il neige sur le manège. Voilà qu'il fait déjà nuit, mais chacun a déjà sa part de rêve pour aller se mettre au lit.

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« La Mine d'or»

Dès lors que le filon fut découvert à treize heures,

Les treize orpailleurs se mirent à creuser vers l'or.

Mais éblouis par Laure, la bergère,

Illuminant en passant la prairie au décor de boutons d'or,

Ils en oublièrent pelles et pioches, et cessant de creuser,

S'assirent tout rêveurs.

Ils rêvaient d'un autre trésor : l'amour de Laure !

Fussent-ils devenus milords, à quoi leur aurait servi leur or sans l'amour de Laure.

Ils tirèrent à la courte paille pour savoir qui serait aimé.

Le sort tomba sur le plus jeune.

On lui donna tout l'or pour Laure : un vrai trésor.

Vinrent seize heures, l'heure du goûter,

Ils partagèrent encore quelques pépites de chocolat.

Laure allait bientôt repasser ...


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« Passage piéton »

Tout vêtu de rouge sous sa marquise métallique,

Le petit homme s'est allumé, statique et immobile.

Silhouette de l'homme de Vinci.

Il se tient en équilibre, body guard quand il veille à ce que tous s'arrêtent.

Puis à son tour, le petit homme vert s'est éclairé, il a le profil égyptien,

Avance d'un pas décidé : le passage est ouvert.

C'est rouge ou c'est vert : le passage est protégé.

Traverser sans regarder peut nuire gravement à la santé.

Au carrefour, été comme hiver, il faut toujours regarder sous la guérite de fer,

Le petit homme rouge et le petit homme vert.


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« Le ballon rouge »

Chaque soir, le soleil couchant se prend dans les branches comme un ballon ; et chaque enfant rêve qu'un jour il aura un aussi beau ballon rouge, énorme, pour une partie qui pourrait ne pas finir, un ballon qui rebondirait à l'infini.

Alors quand le soir est tombé, que le soleil a disparu, c'est la Lune qui est suspendue pour les rêveurs aux fenêtres.

C'est l'heure des songes secrets où l'imagination s'en vient enchanter la raison pour toute une nuit. Car c'est seulement le lendemain que le hasard viendra tout corriger pour que le cadre du Destin tienne à nouveau tout entre ses mains.

A moins que le songe puisse s'attaquer au destin. Disons que ce n'est pas improbable.


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« Square du soir »

Un chien galeux sur la pelouse pelée, une flaque de lumière qui vibre au coeur du square.

Le réverbère rouillé poussé par le vent se courbe.

Soutenu par les branches d'un vieux chêne, il tient encore.

De qui viendra-t-il fendre le crâne lorsque la bourrasque le clouera au sol ?




Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant