Partie 72. Retour à la honte

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« Retour à la honte »

J'entrevois chez le maladroit l'image de mon frère en imperfection,

Incapable de tout exploit, je me retrouve dans son geste incertain.

C'est le parapluie récalcitrant qui s'ouvre brutalement, et se trouve pris par une attache à la boutonnière de l'imperméable dont on n'avait jamais soupçonné l'existence.

Promptement, le drame se noue : coincé dans une porte d'entrée, affolant le détecteur de présence, le parapluie à demi ouvert, ne peut plus ni reculer ni avancer.

Les clients et usagers se pressent derrière vous, impatients de se mettre à l'abri.

Vous faites obstacle !

Alors il vous faut choisir : étrangler le parapluie au risque d'emmêler les baleines ou déchirer

la manche de l'imperméable.

On sent la maladresse où pointe la détresse, la honte, ce sentiment de nullité qui reviendra avec la première étagère à monter : toutes ces vis, cette multitude de petites pièces qui se multiplient inutilement au fur et à mesure que vous pensiez toucher à la fin de l'ouvrage.

Vous pressentez que lorsque tout sera terminé, tout effondrera !

Vous voilà Sisyphe, condamné à tout reprendre, comme celui qui dans la vie ne comprend jamais le mode d'emploi pour quoi que ce soit.

Souvent on voudrait se couvrir de la cape d'invisibilité, se tenir au fond de la salle, demeurer sur le bas-côté, partir avant la fin et surtout rester les bras croisés ...


Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant