Partie 18. HELP !

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« HELP ! »

Certains disent encore « à l'aide ! », mais risquent de ne pas être entendus.

D'autres crient « au secours ! » et lancent un SOS : Save Our souls. Ils pensent à leurs âmes : c'est déjà mieux engagé.

Les matérialistes se contentent d'un SOS pragmatique : Save Our Ship, le bateau d'abord. C'est probablement une question d'assurance pour l'armateur.

Les pragmatiques crient SOS : Send Out Succour, envoyez des secours. On sent qu'ils y croient.

« Help ! » se veut bref, efficace et spontané, crié et bien accentué, il aura le mérite d'être compris sur toute la planète.

Mais dire que l'on volera à votre secours reste hasardeux.

On en a beaucoup vu, sombrer sans aide.

Par précaution en cas de détresse, il vaut encore mieux connaître quelques cantiques, au cas où ... On ne sait jamais.


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« Recueillement »

Si l'homme peut se recueillir,

La fleur, hélas, ne peut que se cueillir.

Quelle injustice !

Car souvent l'homme avant de se recueillir dépose devant lui quelques fleurs fraîchement cueillies.

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« Mariage »

Le tilleul a menti,

Il est bien marié avec la menthe.

D'ailleurs c'est marqué sur la boîte d'infusion :

« Tilleul – Menthe. »

C'est un couple apaisant.

Si je me souviens bien, ils ont pour fille la verveine ... toujours bien parfumée ...

Belle plante !


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« Les cauchemars »

Le cauchemar a son coach, le perfide qui sait monter nos inquiétudes en boucle pour les façonner en angoisses.

Il choisit dans chaque tiroir de la mémoire un point douloureux, et comme un collier de perles noires, il les assemble pour la nuit.

Alors prisonniers du lit, du sommeil et de l'obscurité, il nous dévoilera ces images entêtantes jusqu'à l'aurore.

Réveil hagard, mais sauvés !

Oui, mais sauvés provisoirement car on sait qu'un nouveau film se prépare. Et l'on sait surtout qu'il sera impossible d'y échapper.

Il y a le cauchemar, et plus cruelle encore la venue du cauchemar :

« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ». (Baudelaire)


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« Appartement témoin »

Petit logis côté cour avec vue sur le jardin.

Beaux arbres bien taillés, parterres fleuris toute l'année,

Elégants personnages flânant devant un horizon invariable.

Température clémente sans frimas. Bienheureux micro-climat.

C'est un petit appartement de théâtre,

Il y a un peu de verre et de carton-pâte,

Quelle que soit l'heure, il prend très bien la lumière.

Le soir un large public le regarde attentivement.

Là se jouent drames et comédies.

C'est un beau décor.

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« Curiosité »

Le trou de serrure est la clé de l'indiscrétion.

Ecouter aux portes ouvre des perspectives.

Les rumeurs bruissent dans les couloirs,

Autour des machines à café s'enflent les confidences, roucoulent les calomniateurs,

C'est là que filtrent les secrets de Polichinelle et les autres.

La désinformation monte des ascenseurs.

La communication reste complexe.

Et la vérité ?

A vrai dire, la vérité n'intéresse que peu de monde.

Seuls quelques historiens tentent de l'établir,

De la rétablir.

Longtemps, longtemps après ...

Mais pour beaucoup, vivre dans la dynamique du mensonge est un doux songe.



Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant