Partie 8. Mutant

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« Mutant »

Tourné en bourrique, ce fut sa première mutation génétique.

Il en devint chèvre, ce fut la seconde.

Comme il appréciait les choux, là fut son unique bonheur.

Malheureusement, il devint et trop gros et trop gras...trop appétissant pour tout dire.

Alors le loup le mangea prématurément : il apprécie beaucoup la chèvre au chou.

Le misérable n'eut donc pas d'autre avenir.

Pour l'instant ...


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« Renommée de l'âne »

N'ânonne pas notre nom, dit l'ânesse à son petit ânon.

Déjà si stupides nous paraissons que nous n'avons pas grand renom.

Soyons fiers d'être des ânes !

Ne portons plus le chapeau de la bêtise, surtout sous forme de bonnet.

En des temps anciens, nous fûmes renommés :

Pour le premier Noël, notre ancêtre l'âne réchauffa Jésus dans la crèche.

Un de ses fils le porta en triomphe dans Jérusalem.

Seul Buridan, piètre philosophe, s'est moqué de nous, il a fait mourir l'un des nôtres :

Un lointain ancêtre ayant autant soif que faim mourut de ne pas avoir su choisir entre boire et manger.

Et Buridan, cette bourrique, ne lui est pas venu en aide.

Ce fut une triste histoire, malheureuse à jamais pour notre renommée.

Ah ! ces philosophes, toujours à bricoler des concepts dangereux.

Méfie-toi de tout ce qui se dit cartésien. Certains feraient bien de rester cachés sous la table rase. Mais je ne donnerai pas de noms ...


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« Moral bas »

Quand le moral est en baisse, il descend dans les chaussettes : la graduation s'établit donc de la cheville au talon. Et si l'élastique fatigué ne retient plus la chaussette, si elle tombe sur le coup de pied en accordéon, alors l'échelle de mesure en est compressée : le moral baisse d'autant plus vite que l'élastique est lâche.

C'est évident, celui qui n'a plus le moral est victime de lâcheté.


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« C'est tout vu ! »

Dès que tu entends la phrase : « suivez mon regard ! »

Souris !

Tu as été démasqué, te voilà filmé. Cherche la webcam ou la caméra de surveillance.

L'oeil est quelque part qui te regarde, et toi tu ne le vois pas encore.

L'heure est venue ; tu seras sommé de t'expliquer. Les images feront foi.

N'aie pas l'oeil hagard : regarde-toi sur l'écran.

La vérité est devant toi. Te voilà ... vu !


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« Traitrise »

Salut ô Charybde !

Salut ô Scylla !

Pièges pour écoliers, cauchemars de dictée.

Funestes sont vos orthographes,

à se flinguer, tant elles sont triturées.

Ainsi nous errâmes parmi tous ces « y », « b », « d » inutiles.

Hallucinantes combinaisons de phonétique

Où les lettres ne retrouvent plus l'ombre de leurs sons,

Injuste malheur d'exercice cruel.

En ce reliquaire d'archéologie graphique : ô Charybde ! ô Scylla !

Traîtres vous fûtes , traîtres vous êtes, traitres vous resterez,

Engloutissant marins et collégiens.

Songez à toutes les carrières que vous avez anéanties.

Prématurément ...

Aujourd'hui ma vengeance est terrible. Je vous écris : Karib et Sila !


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« La Petite-Terreur »

Toujours dans sa haine et sa jalousie, le grand méchant

Envoyait ses SMS assassins anonymement,

Redoutable nuisible, de jour comme de nuit,

Réduisant ses victimes sous la terreur et le mépris.

Enfin, heureusement, le jeu changea de main,

Une fausse manoeuvre révéla son adresse IP : c'était la revanche du destin.

Réduit en poudre, sa messagerie fut broyée, et la Petite-Terreur expira en pantin numérique.

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« L'ogre nouveau »

L'ogre rêvait de brioche et de bidoche tant il avait grand faim. Désormais, devenu ogre bobo, il mangeait bio.

Hélas pour son approvisionnement, il avait épuisé tous les circuits courts du canton environnant. Le malheureux ogre avait donc repris son abonnement pour le supermarché et le fast food du quartier. A nouveau il se gavait de mauvaises graisses, de fruits saturés d'engrais, de légumes tout en chimie améliorée.

Tout obésifié, le pauvre ogre ne tenait même plus sur les selfies.

Et dès qu'il se mirait dans la vitrine du confiseur, le reflet des fruits confits où apparaissait le bout de son nez lui redisait tout le sucre dont il était imbibé.

Trop salé, trop gras, top sucré : c'est ainsi qu'il allait dépérir et peut-être même périr.

C'était terrible pour un conte où d'ordinaire tout est bien qui finit bien !

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Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant