Partie 34. L'archiduchesse

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 « L'archiduchesse »

Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches ?

De qui se moque-t-on !

Qu'une archiduchesse eût porté collants ou bas,

Nous ne saurions en disconvenir.

Mais des chaussettes ?

Que fit donc cette archiduchesse pour que, d'une part elle portât des chaussettes,

Et que d'autre part, elles fussent à ce point mouillées ?

Un retour de chasse pluvieux avec son jardinier ?

Une sortie précipitée de l'alcôve de son amant ?

Elle aurait mis alors les chaussettes de celui-ci par mégarde ?


Voilà le véritable chausse-trappe pour l'historien.

Nous en déduirons que l'archiduchesse avait au moins deux chaussettes.

C'est un peu mince me direz-vous.

Le pluriel en atteste indubitablement : « les chaussettes de l'archiduchesse ... »

L'Histoire n'a jamais dit : « la chaussette de l'archiduchesse ».

Ce qui aurait, au demeurant, relancé l'hypothèse d'une archiduchesse reprisant « une chaussette ».

Mais tout cela paraît peu plausible.

Cependant, on ne peut nier que l'archiduchesse craignait de s'enrhumer et refusait de partir nu-pieds ou les pieds dans des chaussettes humides.

La scène ne se passait donc pas en été.

Qu'eût-elle fait alors de pareilles chaussettes ?

Remarquez que l'on sent encore par la pratique insistante de la modalité interrogative, L'impatience tout aristocratique de cette archiduchesse qui fait dire par sa femme de chambre : « Sont-elles sèches, archi-sèches ? »

Il est avéré scientifiquement qu'une chaussette de laine séchant trop vite peut se détériorer. Est-ce l'inquiétude de l'archiduchesse sur ce point qui la pousse à prendre connaissance de l'état exact du textile ?

Cela paraît évident, car on ne suppose pas pour l'époque donnée qu'un pourcentage de fibre acrylique eût pu rendre la chaussette plus résistante à la chaleur et plus rapide à sécher.

C'est inquiétude archiducale quant à la dessication de la chaussette s'avère donc l'hypothèse la plus sérieuse à ce jour.

Notons enfin que si les chaussettes étaient alors à ce point « archi-sèches », ayant séché trop vite devant la cheminée, de la chaussette « archi-sèche » à la combustion de la chaussette, il n'y avait qu'un pas : limite au-delà de laquelle, l'archiduchesse serait repartie pieds nus !

Or comme nous l'avons démontré, c'est bien ce qu'elle voulait éviter.

Et l'on ne traite ici que des chaussettes !

Mais que sait-on de l'état de sa robe ? De son manteau ?

Ne portait-elle que des chaussettes ?

La pudeur nous oblige à clore le débat.

Sachons simplement qu'au moment crucial où la question est posée : les chaussettes sont encore en train de sécher.

Mais qui a bien pu allumer le feu dans la cheminée ? Le mystère reste entier ...

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« Prudence et politesse »

Par politesse, où que vous soyez, apprenez qu'on doit frapper avant d'ouvrir un placard.

On ne sait jamais. Tout peut se nicher dans l'obscurité d'un placard : des amoureux, un amant, un mari trompé, un espion, un parasite, un voleur surpris ...un revenant...

Tout cela peut s'avérer être très gênant, voire compromettant.

Derrière le balai, c'est un peu comme derrière l'arbre qui cache la forêt, le placard a ses profondeurs.

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« à la porte du grenier »

Toute maison est riche d'enseignement ; il faut visiter le grenier pour y lire le passé.

La cave pour y découvrir les arrière-pensées.

Les placards pour l'entassement des souvenirs. Les tiroirs gonflés de richesses.

Les dessous de meubles saturés de choses-qui- peuvent-encore-servir.

Et ces penderies bouffies de fringues. Les buffets où nichent les assiettes des héritages passés, toute prêtes et déjà en piles par 12 pour les héritages futurs.

Ce qui est sûr avec la moisissure, c'est qu'on aura du confit d'atmosphère confinée, mais ce ne sera pas bonne confiture. Il faudrait pouvoir zapper certains souvenirs, les éliminer enfin.

Hélas, les souvenirs nous encombrent et nous travaillent autant que nous le travaillons à les entasser.

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« Rêves du désert »

Les enfants du désert savent que le marchand de sable n'existe pas.

C'est seulement la poussière des étoiles qui vient piquer les yeux,

Elle apporte les rêves pour la nuit.

Plus l'oeil est brillant, plus le rêve sera grand.

Songez-y. Les enfants du désert connaissent les étoiles.

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Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant