Partie 33. Ernestine au potager

16 0 0
                                    

 « Ernestine au potager »

Depuis qu'Ernestine est devenue éco-responsable, elle se fait proche de la nature.Désormais elle se rend aux champs cheveux au vent, et roule en cabriolet.

Le hard top escamoté dans la malle, la bêche, le sarcloir et le râteau au long manche sont plantés sur la banquette arrière ; devant le siège passager, elle empile ses arrosoirs, les semences sont dans la boîte à gants. C'est chaque jour pour les rendez-vous du potager.

Bien entendu, notre Ernestine privilégie les circuits courts, en allant au jardin, elle visite quatre ou six vieilles copines tout au plus, ne fait que trois fois le tour du village.

Mais il est vrai, un huit cylindres en V, ça consomme, alors souvent on la voit pour le plein à la station.

L'empreinte carbone des salades et des poireaux s'en ressent.

C'est le néobio qui précède la transition énergétique.Il est vrai que certains mangent encore des bananes venues par avion du fond de l'Afrique ou des fraises qui poussent sous des serres chauffées au charbon.Notre jardin est planétaire ...

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

« Changements de couleurs »

Si c'est gris-souris, tu souris : c'est sans risque.

Si c'est tout noir, broie l'obscurité pour survivre, tu es comme le mineur au fond de la mine. Pour t'en sortir, il faut piocher.

Bleu, ne t'y trompe pas : c'est la peur, car la peur est bleue. Cela viendrait de l'affreux Barbe-Bleue que ça ne m'étonnerait pas. Relis son histoire !

Tout blanc : hélas un triste compliment ; tu as blanchi sous le harnais, comme c'est écrit dans les vieux dictionnaires. Disons que ça fait chanson de geste, un peu médiéval : chevalier à barbe blanche sous le heaume ou vieille femme assise au coin de la cheminée. C'est marqué ...

Rouge et rougi : au choix c'est honte, pudeur ou timidité. Comme le voyant rouge. Alerte !

Mais ce peut être la colère ou la rage : là, tu entendras le sang bouillonner.

Incolore, c'est assez pratique : tu files invisible et t'affranchis des coloris.

C'est parfois la solution.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

« La vie de Julie »

Dès que Julie commence à raconter sa vie vers la machine à café,

Il faut prendre un café long sans sucre,

Puis choisir un chocolat,

Finir par le thé aromatisé citron quand elle se met à pleurnicher.

Ça redonne du tonus pour la consoler. Ça vous prendra une demi-heure.

Obole pour une oreille bienveillante :

Une vie coûte en moyenne 3 Euros ...


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

« L'ennuyeux musée »

C'est un musée discret, spartiate et presque anonyme, gallo-quelque chose : une étiquette, un silex ; une étiquette, une pointe de flèche ; une affichette, une boucle de ceinture.

Et l'on va ainsi de vitrine en vitrine : un morceau de casque, un tesson de pot ...

C'est propre, bien net et bien éclairé, mortellement ennuyeux, ennuyeusement mortel, un peu comme une suite de dictionnaires ouverts au hasard sur des mots inconnus.

Le gardien s'est assoupi, les visiteurs baillent ... il est 14 heures : l'heure de la sieste.

Quelqu'un a ouvert une fenêtre, soudain on sent comme un léger courant d'air.

Dans la salle des squelettes, les ossements pourraient commencer à s'animer. Vite ! allons reprendre vie sous une petite brise néandertalienne.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

« L'école indienne »

Un premier indien passa en tenant son tomahawk, il partait pour la chasse.

Un deuxième indien passa, de profil, il suivait une file indienne.

Sortie de son tepee, on vit une squaw vêtue d'une indienne,

Elle accompagnait les enfants, munis de leur plume,

Ils partaient pour l'école chez le grand sachem.

Mais les papooses s'inquiétaient, ils ne resteraient pas sous le wigwam,

Déjà en petits nuages, l'énoncé de l'exercice défilait sur l'horizon bleuté.

Ils venaient de comprendre qu'il y avait interro ...

Le ciel, pas de plus beau tableau pour faire l'école !

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

"Sucre et papillon "

C'était un petit papillon, joliment rayé de rouge et de noir.

Quand il passait devant la caissière, elle le prenait pour un code-barres.

Le lecteur faisait « bip », et affichait 2,30 €.

Il avait élu domicile aux rayons des sucres.

Vivre au supermarché était un grand privilège.

Tous les jours, c'était menu trois étoiles.

Au choix : sucre blanc, sucre roux, et pour le dessert : sucre de canne à tous les repas.

Au goûter, quelques miettes sur la gondole des biscuits : au choix gaufrettes ou boudoirs.

Et même parfois, cadeau ! Un bruit de verre cassé,

Le papillon filait aux confitures.

Alors, délice, par chance, la fraise ou l'abricot coulait à flot.

On peut dire que beaucoup de papillons apprécient la grande distribution.

Ils y font de belles courses.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

« Tout conte fait »

Je suis ce que la prune est au prunier, ce que la noix est au noyer, le noyé à la rivière,

ce que la rivière est au diamant, le diamant à l'éclat.

Ce que l'éclat est au verre, le verre au vair.

Ce que le vair est à la pantoufle, la pantoufle à Cendrillon, Cendrillon au conte, le conte au compte, le compte aux prunes...sans valeur, pour des queues de prune.

Mais qui donc va payer pour tout cela ?



Fables vertes et contes bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant