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"–Je veux pas partir...
–Je sais, moi non plus d'ailleurs.
–Ça va être long ?
–Pas tant que ça, j'espère...
–Tu penseras à moi ?
–Tous les matins et tous les soirs ; en plus de chaque minute que je passerai sans toi.
–On se verra de temps en temps ?
–Pendant les vacances, oui.
–Et... Est-ce que tu seras triste ?
–Je le suis déjà."

Il me serra un peu plus contre son torse, pendant que mes pieds butaient contre mes sacs coincés entre mes jambes. J'essayais de faire en sorte que son odeur reste le plus possible sur moi, avant qu'il ne se détache de cette étreinte qui étonnamment avait duré beaucoup plus longtemps que ce que j'aurais pensé.
À ce moment précis, je n'étais même plus sûr de dire que mon cœur battait ; tout ce que je ressentais, était un drôle de fourmillement, prenant cet organe au centre d'une torsion... Du moins, c'était la peine que j'assimilais à cette sensation. D'ailleurs, ma mâchoire en venait à se crisper.
C'était quand même une séparation, nous allions nous séparer après la merveilleuse journée que nous avions passée comme si nous étions un vrai petit couple. C'était dur, horriblement dur. Jamais, je n'avais pu mettre mon corps dans un état pareil à l'idée de devoir me séparer d'une personne que j'aime -réellement pour une fois. Et dire qu'il me prenait dans ses bras, au milieu de la rue, en se moquant que quiconque nous voie...
C'est dire s'il tient à moi.
S'il tient à nous.

Je dénichai ma joue de son épaule puis regardai ses yeux atrocement parsemés de tristesse, pendant que mes iris tentaient elles de ne laisser transparaître aucun sentiment extrême ; et mon ventre me faisait payer cette comédie.

"–Embrasse-moi Daddy."

Il avança ses lèvres vers mon front, faisant plisser mes paupières pour capter l'instant présent, avant qu'il ne se sépare de moi entièrement. C'était comme si l'on m'arrachait mes ailes ; la disparition de son âme près de la mienne était semblable au niveau de la douleur, au fait que l'on arrachait mes ailes... Ma liberté.
Je lui souris et lui aussi.

Il me tendit mes sacs avant de chuchoter un "fais attention à toi, je t'aime" puis repartit dans le sens opposé d'où nous venions. Il avait eu la décence d'esprit de me ramener devant chez moi. Il était prêt à me raccompagner jusqu'à la porte, mais j'avais dû le convaincre de ne pas le faire malheureusement.

Nous étions mardi, aux alentours des 17 heures 15.
L'heure à laquelle je rentrais chez moi normalement le soir, après le lycée.
Daddy m'avait dit qu'il se porterait absent pour le reste de la semaine, histoire qu'au niveau juridique, on pense de lui qu'il est malade... Je crois surtout qu'il a besoin de se détacher ; il m'avait prévenu, avec un calme élogieux tout en me serrant contre lui, lui aussi assis au milieu du lit, que nous allions devoir faire quelques compromis pour pouvoir être ensemble. J'avais nié, oui, j'avais refusé sa déclaration. Je ne voulais pas le quitter, mais ses caresses et ses mots apaisants m'avaient fait voir des formes et des images si relaxantes, que je l'avais écouté comme s'il était le seul à détenir la clef de cet amour.

Je retournai alors sur le palier de chez ma mère, inspirant profondément à l'idée de me faire engueuler comme je le méritais, et de même, me préparer à la gifle que je recevrais.
J'entrai peu confiant puis me déchaussai rapidement avant de traîner mon corps las vers le salon, où sur le canapé noir, résidait uniquement Jungyeon son portable à la main et les jambes branlantes. Je m'arrêtai sur elle, attendant qu'elle daigne orienter son regard vers moi et une fois fait, un sourire s'étira sur ses lèvres finement pincées -comparées aux miennes.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant