27

6K 592 109
                                    

C'est alors que son sourire s'exalta sur ses deux lèvres pulpeuses.
Qui aurait cru que ce moment serait arrivé aussi vite... Jamais je n'aurais pensé l'accueillir chez moi, aussi tard, alors qu'un malentendu sévissait entre ses parents et lui ; c'était d'une part dangereux pour nous de faire ça, une partie de moi voulait lui hurler dessus, voire presque le gifler pour avoir fait ça... Mais une autre se réfutait, et laissait le garçon s'enfoncer un peu plus sur mon canapé, enroulé dans de grosses couvertures que l'on avait réussi à se partager.
La télévision servait uniquement de fond sonore, empêchant de rendre la situation encore plus triste et morose, même si son visage venait à peine de s'illuminer alors que nous frôlions les onze heures et demi passées.
Je voyais du coin de l'œil son téléphone s'allumer, j'arrivais même à l'entendre vibrer : mais il prônait une attitude complètement basée sur son "je m'en foutisme" personnel dont il faisait preuve un peu plus chaque jour.
Il ignorait, tout simplement, les coups de fil de sa mère probablement inquiète.

Quand il avait dit qu'il voulait faire comme si cette soirée ne faisait pas partie de la réalité, je ne pensais pas qu'il jouerait autant le jeu comme ça.

Depuis que Jimin avait pris -rapidement- ses aises chez moi, pas grand chose s'était passé au final.
Après avoir quitté notre étreinte, j'ai juste pris ses affaires et les ai amenées dans ma chambre, pendant qu'il rejoignait le canapé. Je lui avais apporté de quoi se couvrir, je lui avais même proposé d'aller prendre une douche chaude pour se détendre ; mais il avait refusé. Il m'avait dit qu'il tenait à ce que cette soirée soit banale mais en même temps, qu'elle ait ses touches d'originalité qui feraient que l'on s'en souviendrait comme si elle était floue, voire un simple bout de souvenir brisé dans notre mémoire.
Par moments, je me disais que ce petit était bien trop poétique pour être ce qu'il était. Mais bon, comme me l'avait enseigné un très bon prof au lycée : chaque artiste possède son tiraillement faisant de lui, le fou qu'il doit devenir.

C'était resté, quelque part dans ma tête... Et Jimin était un artiste fou, tiraillé par ses envies d'adolescent.

J'en vins à rapprocher ma main de ses genoux repliés sur eux-mêmes, au-dessous des couvertures neutres que l'on se prêtait. J'étais assis, droit, statique, face à l'écran qui nous proposait une vieille rediffusion de film ; pendant que Jimin pendait lascivement sur le rebord du sofa, là où tout le monde avait l'habitude de poser sa tête. Il n'avait pas réagi à mon rapprochement. J'en tentais alors un deuxième, remontant progressivement mes doigts vers le haut de sa cuisse qu'il mit à allonger en direction de mes jambes à moi, en me souriant.
C'était parti.
Mon ventre commençait à faire des siennes, et des images m'alléchant au plus haut point arrivaient à me déstabiliser. Je tournai ma tête vers la sienne, quand il décida de se rapprocher de mon corps, pour venir déposer sa tempe sur mon épaule gauche, encerclant partiellement d'une main mon torse, toujours enroulé dans mes couvertures. Je ne bougeais plus du tout du tout ; la gêne avait pris possession de moi, elle n'avait même pas laissé une petite partie saine et sauve. J'étais à un autre niveau actuellement. J'étais même perdu entre l'envie de lui bondir dessus, et celle de le laisser tendrement et petit à petit venir à moi.

Je tentais alors de déconnecter mon cerveau, en me concentrant sur les sensations que ce gamin me faisait encore et encore ressentir.
Ses doigts vinrent caresser ma paume de main recroquevillée, je sentis ses phalanges enfantines s'incruster dans ma main pendant que celle-ci se refermait sur la sienne. Nous ne nous étions jamais réellement tenu la main ; même durant les échanges que l'on exécutait en cachette. À vrai dire, tout geste rentrant dans la catégorie 'tendresse' n'était pas réalisé correctement, ou du moins, ne possédait pas les mêmes significations que ce soir-là.
Je déglutis, sentant son regard fixe sur ma pomme d'Adam et plongeai mes yeux dans les siens, pendant qu'il sortait de sous les couvertures, nos mains entrelacées ; il les regarda, et je le regardais en train de les regarder. La manière dont ses yeux définissaient la courbe de nos doigts se caressant les uns les autres me fit décrocher un sourire, qu'il me rendit inconsciemment lorsqu'il l'eut senti.
J'avais l'impression qu'en ce moment même, sa compagnie valait beaucoup plus que n'importe quelle autre richesse présente sur cette terre.
Nous échangions quelques regards électriques jusqu'à ce que naturellement, nous nous embrassions comme deux collégiens... Ce genre de baisers me manquait.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant