47 -fin

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Je marchai, las, en colère, agacé, triste, morose : tous ces simples mots du quotidien arrivaient à me qualifier.
Seulement, aucun de tous ceux-là ne pouvait me convenir.
J'étais à bout, à bout de tout.
À bout de nerfs, fatigué de pleurer et de me sentir seul au monde comme je le suis maintenant et comme j'ai toujours eu l'habitude d'être.

Et s'il avait compris que c'était moi sur le site, et qu'il savait que je savais que c'était lui ?

Wow.
Yoongi ne serait pas du genre à faire un silence radio pour ça.
Il serait plutôt venu m'en parler, pour essayer de dialoguer. C'est parce que c'est un prof et un adulte, qu'il aurait plus fait ça que de s'enfuir face à nos responsabilités.

En fin de compte, j'avais été heureux de savoir qu'il ne s'était pas présenté au rendez-vous avec 'Chim', mais quand j'ai compris qu'après 19h, il n'était même pas passé à la maison : j'ai commencé à m'inquiéter.
À me faire des films, à m'inventer des histoires.
Je l'ai appelé, je l'ai harcelé mais aucune réponse.
Des SMS, des appels, des messages vocaux.
Aucune réponse.
Le résultat c'est que je suis en colère contre lui maintenant. En colère parce qu'il me laisse encore comme il l'avait fait la première fois, en me réitérant ses mots et en me faisant croire que notre futur lui, aurait été beau et parfait, limite semblable aux contes de fées. Mais non.
Non.

Rien de cela, uniquement des larmes s'engouffrant dans mes pas, pendant que ma silhouette, elle, se traînait lamentablement vers son appartement.
Mes mains se confondaient dans mes poches, soutenant mon poids qui s'acheminait sur le trottoir en face de sa résidence, je repensai brutalement à nous, à tout.

La première fois que je suis venu ici, la première fois que l'on s'est touchés, la première fois que l'on a passé une nuit ensemble.
Qui aurait cru qu'en pratiquement cinq mois, on aurait traversé autant de choses.

Je pointai du nez le ciel s'éclairant avec parcimonie.
Je sais qu'il aurait aimé être sous ce ciel étoilé avec moi.
Il est du genre niais, il a toujours été du genre niais.
Par moments, je me pose tellement de questions à son sujet. Je me demande pourquoi il est comme ça, aussi mystérieux et attachant, aussi mature et innocent comme un gosse de trois ans. Il est tellement unique que mêmes les questions à son sujet font partie d'un autre monde.
Il fait partie de toute manière d'un autre monde, un monde dans lequel je n'ai qu'un pied.

Pourquoi n'a-t-il pas encore fermé les fenêtres ?
J'observais au milieu de la nuit trépidante ce qui me semblait être le néant total niveau signe de vie de son côté.
Est-ce qu'un jour, on m'avait prévenu que je serais assis sur le trottoir en face de chez lui, avec une appréhension au ventre, digne d'un manque de confiance en sa personne ?

C'est vrai, après tout, depuis que l'on s'était remis ensemble, j'avais plus confiance en lui qu'en mes parents. Qu'en mon père de qui je n'ai que très peu de nouvelles mais qui habite sur le même palier que moi.
Que ma mère de qui je n'ai vraiment plus aucune nouvelle pour le coup, mais qui s'obstine à être en contact en me suivant partout.
Jamais je n'aurais cru que cette folle qui a osé me foutre à la porte deux fois, ne se retiendrait pas de venir me voir à Goyang. Je l'ai aperçue plusieurs fois en train de nous suivre Yoongi et moi, ou de me suivre simplement.
Je ne vais même pas parler de mes sœurs et de mes amis, qui eux aussi ont préféré ne plus me parler à mon déménagement.
Le seul qui était resté était lui au final.
Et le revoilà, une nouvelle fois, parti.
Je ne comprends pas...
J'avais tout fait, absolument tout, pour que lui et moi soyons en sécurité.
J'aurais presque pu mourir pour qu'il soit en sécurité.
J'étais prêt à sauter d'un pont pour qu'il reste à tout jamais l'homme, pour qui j'aurais pu mourir.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant