17

7.7K 806 117
                                    

"–Jimin ?"

Je redressai mes yeux entièrement étonnés vers la voix qui m'appelait avec un semblant d'inquiétude...
J'étais tellement à des kilomètres d'ici que je n'arrivais pas à savoir où j'étais, qui me parlait et quel sentiment, autre que la honte, pouvait m'envahir.

Je retournai alors ma tête qui pointait auparavant le sol, puis croisai le regard de mon professeur de littérature. Je le voyais lutter pour ne pas venir me prendre dans ses bras, je le sentais au plus profond de ses tripes. Cependant, il accourut presque vers moi puis déposa sa main sur mon épaule tachée de sang -probablement du mien- avant de la retirer, comme horrifié de cette vue.

"–Qu'est-ce qui t'est arrivé ?"

Je tentai de m'échapper de ses pattes en essayant de faire un pas en avant, mais je le sentis clairement m'en empêcher. J'incrustai mes yeux qui se remplissaient continuellement de larmes, qui sans pour autant n'arrivaient pas à s'échapper de mes paupières, puis serrai la mâchoire. Je ne voulais pas qu'il me voie comme ça, je ne voulais pas qu'il sache que je pouvais être faible sous les autres.

Mais j'ai finalement craqué.









Je laissai échapper un sanglot mais le retins de justesse, puis relevai la tête d'un air dédaigneux.

"–Viens. j'accentuai mon regard étonné vers ses lèvres, il venait vraiment de me dire ça ? Je t'emmène chez moi."

En temps normal j'aurais souri mais actuellement, je n'ai su que me pencher en avant pour lui montrer toute ma reconnaissance... En même temps, je ne voulais pas que les gens sachent, il ne voulait pas que les gens sachent...

Hyung se contenta de sortir un mouchoir pour que j'efface de moi-même les quelques traces de sang séché et coagulé sur mon visage avec de l'eau provenant d'une bouteille, qu'il m'avait aussi passée. Il m'orienta légèrement vers l'arrêt de sa ligne de bus. On n'échangeait aucun regard, aucun mot mais il se contenta de me passer sa carte de bus discrètement en portant son téléphone à son oreille. Il mima tout simplement une conversation, en me disant indirectement que j'allais me servir de sa carte et m'assoir un peu plus loin de lui. Par moment, j'avais l'impression qu'il se comportait comme dans un film avec moi, ce qui me faisant tendrement sourire. Il était aussi gamin que moi au final.
Puis, peut-être qu'il a tout simplement besoin de ça aussi.
Lorsque le bus arriva, je passai dans la borne la carte-passe de Hyung, allai m'assoir au milieu du véhicule de transport en commun et patientai sans quitter des yeux celui qui était mon professeur.
J'évitais les regards envers quiconque, peu de gens étaient venus me demander le pourquoi du comment je me retrouvais avec une arcade à moitié fracassée, ainsi qu'une bouche légèrement fendue comme quelques autres zones de mon visage. Oui, seulement deux-trois adultes sur une vingtaine étaient venus pour savoir pourquoi mon uniforme était taché, pourquoi mes mains étaient bleuies et pourquoi je ressemblais à un punching-ball. Une dame pensa à de la maltraitance pendant qu'un homme plus vieux émit l'hypothèse d'un racket. Ils avaient faux sur toute la ligne. Mon sourire complaisant les fit fuir pendant que le toussotement de Hyung m'indiqua que je devais descendre pour le suivre.

J'obéissais à chacun de ses mouvements et ce, dans une certaine discrétion. Je pouvais être conciliant quand cela m'arrangeait mais là, j'en avais plus besoin qu'envie.
Je marchai derrière lui tout en surveillant autour de nous. Je vais rarement à Hongdae, même si ma maison n'en est pas loin. Ceci peut paraître étrange pour quelqu'un de mon âge, un tas de choses y est à faire mais seulement, je préfère être dans des quartiers plus... calmes ? Fleuris peut-être. Des quartiers qui ne me font penser à rien d'autre qu'à ce que je fais, c'est-à-dire rien, la plupart du temps. Des quartiers pratiquement morts ou seuls les adultes vont. C'est peut-être un moyen de me confronter à mon futur... Puis comme je suis souvent privé de sortie, disons que je n'ai pas le temps d'aller me promener ici.
C'est surtout ça, la raison.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant