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"ygfucker" n'avait pas répondu depuis mon dernier message d'hier soir, visant à lui demander à lui de me faire ressentir tout un tas de trucs. Du coup, je m'étais réveillé sexuellement frustré.
Et ce qui m'avait encore plus frustré sexuellement, c'était les scènes que j'avais moi-même décrites, en imaginant mon professeur à la place de cet inconnu.
Au lieu d'être dans un café, je nous avais imaginés dans sa classe, en train de faire tout un tas de cochonneries sur son bureau, au beau milieu de ses copies.

Cela faisait en tout deux semaines qu'on se voyait. Jamais quelqu'un n'était resté autant ancré dans ma tête, je ne savais même pas comment il avait fait pour s'incruster à ce point-là dans mon esprit : ça me rendait fou.
Vraiment, c'était obsessionnel, au point que je lui laissais une photo dans son casier aujourd'hui encore, avec un petit message secret au dos. J'avais hâte qu'il la découvre de nouveau, qu'il découvre de nouveau mon corps et que ses yeux se baladent dessus. Qu'il pense à ce que moi j'avais pensé en écrivant inconsciemment sur nous-deux.

Et s'il me reportait à l'administration ?

Ou pire....
Et s'il jetait les photos, n'appréciant pas le charme de mon corps ?
Je faisais les cent pas dans ma chambre pendant que ma mère était occupée à engueuler ma petite sœur, pour avoir séché les cours avec un garçon de deux ans son aîné. 
Je l'entendais s'époumoner sur elle, pendant que je réfléchissais à mon problème avec Monsieur Min. Qu'est-ce que je devrais faire s'il en parlait à d'autres profs ou si d'autres profs le voyaient ? Il serait dans la merde à cause de moi, et moi aussi... Mais du coup, plus de petit jeu de séduction.

Quand j'y pense, je me demande comment les aveugles de ma classe ont fait pour pas voir à quel point nos regards étaient bourrés de tension sexuelle. Quelle bande de cons.

Je poussai un lourd soupir en m'asseyant sur la chaise face à mon bureau, en tapant de mes mains le plastique à la surface du meuble. J'avais une flemme phénoménale concernant la lecture pour vendredi, celle de Notez-moi. Je riais comme un gosse... Qu'est-ce que j'aimerais qu'il me note.
C'est décidé, s'il nous fait un contrôle et qu'il nous les rend assez rapidement, je ferai mon scandale et l'attendrai à la fin de son cours puis sortirai le grand jeu... Mais avant ça, je devais bien sûr lui écrire ce putain de mail, en disant que je ne comprenais pas le sens des mots entourés, même si la vérité était autre. Bien sûr que je comprenais. À chaque page, il entourait un mot, me forçant à poursuivre la lecture pour en trouver un autre, formant une phrase à la fin.

Pour l'instant j'avais uniquement eu : je / trouve / que / ce

Je devais encore lire une infinité de pages mais l'envie que j'avais était autre. Je voulais lire certes, mais lire des mots sur les lèvres de mon professeur, en me frottant à lui subjectivement, lui tenant l'arrière du crâne pour entendre sa voix prononcer les phrases qu'il lisait, de manière provocante et sensuelle. Après quoi, il resserrerait sa poigne sur mes fesses pour me forcer à embrasser ses parties sensibles pendant que j'entendrais sa voix dérailler, au fur et à mesure que la lecture avancerait. Je m'exciterais sur lui en soufflant à son oreille que j'ai envie qu'il me fasse du bien, puis il balancerait le livre au travers de la pièce en me faisant monter sur le bureau contre lequel j'appuyais mon dos. Il me laminerait de baisers tendres et chauds en enlevant ma ceinture, s'attellerait à me demander de faire la lecture en sortant un autre livre, puis s'agacerait lorsque ma voix jouerait entre les aigus et les graves, sous ses coups de langue magiques.

Je secouai la tête.
C'est moi ou il fait chaud ici ?

Putain, ce prof a un talent fou pour me faire voir des étoiles, et j'en étais conscient.
Je me jetai hors de mon dossier puis passai la porte de ma chambre, venant me planter vers Bernard qui était assis sur le canapé, un journal à la main.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant