35

4.3K 470 244
                                    

De la rage.




Une putain de rage carabinée s'est emparée de mon corps.
Lorsque j'ouvre les yeux, j'ai un bref souvenir de la veille, une brève idée, un bref ressenti.




Mon réveil n'a pas sonné, je ne me suis pas retourné trois fois dans mes draps, je n'ai pas regardé les photos de lui à moitié dénudé -correctement rangées dans le tiroir de ma table de nuit- que Jimin avait laissées dans mon casier il y a maintenant presque 2 mois et demi de ça, au début de notre relation.
Je n'ai pas l'esprit embrumé, je n'ai pas le sourire en coin pour aller travailler... Je n'y suis même pas d'ailleurs, au travail. Le travail qui m'a valu une descente aux enfers, avant de finalement me faire remonter dans le paradis des vices. Le travail qui m'a fait rencontrer ce gosse de 16 ans pour qui mon cœur s'endolorit depuis hier, 17h22 précisément.

Quelle heure est-il ?

"–Bien dormi ?"

À qui appartient cette voix ?

Je me retourne, perplexe, la bouche pâteuse et une sensation de martèlement dans le bas du dos. J'humidifie patiemment mes lèvres en clignant plusieurs fois des yeux, comme si cela allait m'aider à me réveiller, puis constate qu'à côté de moi se trouve quelque chose. Quelqu'un, une silhouette, de nature féminine et plutôt correcte. Ses petits yeux me traquent, ils sont à l'affût des miens, comme s'ils renfermaient le plus beau joyau du monde, alors qu'ils sont juste remplis d'une colère amoureuse ; la colère qui montre toute ma surprise et ma désolation à propos de son départ.
Elle me regarde toujours.
Ses fines lèvres s'étirent dans un sourire plutôt commun, elle tente même d'arranger sa tête calée sur ses deux mains collées l'une à l'autre, paume contre paume. Ses cheveux courts aussi noirs que les miens caressent à peine la ligne de sa joue, rejoignant son sourire trop commun, justement. La voilà qui se rapproche, doucement mais sûrement de moi, pendant que je garde une main sur mon thorax et l'autre de l'autre côté de mon corps, collée à ma cuisse.
Je le sais que je suis nu, et je sais qu'elle l'est aussi.
Je suis simplement allongé sur le dos pendant qu'elle se glisse vers moi, appuyant sa bouche contre la mienne, en fermant les yeux pendant que je décide de faire de même.
Nous échangeons un baiser.

Je n'ai jamais été aussi entreprenant que depuis que je le connais.
Oui, j'ai eu des aventures avec des filles durant mon adolescence : j'ai aimé, j'ai trompé, j'ai détesté, j'ai juste baisé aussi.
Mais là, ça prenait une tournure différente.
Sa langue touche la mienne au moment où je commence à peine à partir en rêve. Mes mains se placent naturellement sur son corps, glissant sur sa peau collante, jusqu'à rencontrer la ligne de son dos. Cette femme est faite de courbes intéressantes ; mais banales, trop communes.
Elle écrase un petit geignement au moment où je caresse le bas de son dos, sortant son visage de devant le mien, en riant de manière très peu mélodique.

Est-ce qu'elle sait que je ne me souviens pas de son nom ?

"–Doucement, j'ai encore mal.. elle reprend sa place initiale, le corps toujours orienté vers le mien. N'oublie pas que c'était ma première fois quand même."

Je fronce les sourcils.
Quelle première fois ? De qui ? De quoi ? D'où exactement ?
Mes joues se gonflent légèrement d'air pendant que je m'oriente face à elle, comme lorsque Jimin et moi nous étions endormis dans ce même lit, dans mon lit.
Face à face, nos visages l'un vers l'autre, comme le reflet de deux miroirs reflétant indéfiniment la silhouette dans le verre réflecteur.
Sauf qu'en face de moi, ce n'est pas Jimin, mais une fille dont l'identité m'est toujours inconnue.

ᴋɪɴᴋ ᴍᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant