4. Chironex

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Tout se déroula très rapidement. Enzo s'interposa d'un bond entre Lucia et les autres. Dante, M. Delaro et Arlo restèrent en retrait, incertains de la réaction appropriée à adopter - mais le père Adrian et M. Valenti, eux, s'étaient rapidement rapprochés de la fillette dans une tentative très évidente de se saisir d'elle. Ils s'étaient approchés si près d'Enzo qu'ils le touchaient presque. 

"Dégagez!" Ordonna dans un souffle Adrian, avec une froideur qui ne lui était pas propre. Ses mouvements et ceux de M. Valenti étaient saccadés, nerveux, mais emplis d'une violence désespérée. 

Dante, n'osant pas s'interposer à cet instant, fut impressionné par le courage dont faisait preuve son compagnon; mais sa surprise atteint un autre niveau lorsque Arlo intervint, essayant de calmer les deux adultes. Réussissant à mettre une certaine distance entre les deux groupes, Enzo et Arlo furent alors victimes des accusations profanées par les agresseurs; M. Valenti avança qu'il était tout indiqué que Lucia soit la coupable, étant la seule survivante sans explication logique. Le père Adrian, quand à lui, insulta littéralement Enzo en lui laissant savoir qu'il n'était qu'un étranger qui n'avait rien a faire dans cette histoire. Dante eut beau s'approcher pour faire remarquer que monsieur Valenti l'était tout autant, le curé n'y porta aucune attention. Enzo tenta désespérément de les calmer, mentionnant que la situation leur faisait perdre leur bon jugement, et qu'ils devaient prendre conscience des actions qu'ils tentaient d'effectuer présentement. 

Ses yeux se tournèrent en direction de M. Delaro dans l'espoir d'y trouver un quelconque soutien. Le regard que celui-ci lui jeta, cependant, était empreint de la même panique qui habitait les deux autres. Il n'avait simplement pas osé se lancer sur Lucia directement. Après quelques secondes toutefois, comme s'il avait ressenti l'obligation de choisir un camp suite a la requête silencieuse d'Enzo, M. Delaro se joint aux accusations portées sur la fillette. Rapidement, leur langage physique devint plus agressif; ils formaient maintenant un demi cercle autour des autres, comme s'ils s'apprêtaient a les attaquer. Leurs gestes étaient de plus en plus agressifs, de plus en plus insistants. Tout n'était qu'une question de temps avant que les choses n'éclatent; Dante, ayant rejoint le groupe défendant Lucia, ne faisais que pâle figure devant les trois adultes qui devaient faire au moins quatre fois son poids. Arlo n'était pas plus imposant que lui; une expression de terreur sourde était d'ailleurs très visible dans son visage, et Dante se prépara corps et âme pour une démonstration de violence imminente de la part des trois hommes.

C'était, cependant, sans compter ce que fit Enzo dans l'instant qui suivit.

Le coup initial vint de la part de M. Valenti, sur la droite. Un coup de poing visant le visage du jeune homme qui se tenait seul aux côtés des enfants. Enzo le dévia in extremis d'une main, et de l'autre, répliqua d'un léger mouvement, tout près de la gorge du marchand. Dante put facilement voir, d'où il se tenait, qu'il l'avais a peine effleuré; peut-être même ne l'avait-il même pas touché; ce fut un simple petit mouvement, effectué avec l'index et le majeur, de gauche a droite comme un trait qu'il aurait précautionneusement tracé. L'effet fut presque immédiat; Monsieur Valenti, fort de ses cinq pieds onze, 250 livres, s'effondra a genoux sans un mot. Il porta maladroitement les mains a sa gorge. Rapidement, la panique le saisit. Dante constata qu'il n'arrivait plus a respirer, et qu'il avait, sans nul doute, perdu tout contrôle de ses voies respiratoires. Le père Adrian tenta de saisir Enzo par le collet, mais ce dernier donna, avec son index, une petite tape sur la tempe de l'homme d'église. 

Le père Adrian se retourna alors, et comme si cela faisait parti de la suite logique des événements, se jeta avec la même fureur qui l'habitait quelques moments plus tôt sur M. Delaro, qui n'eut que le temps d'afficher une expression de confusion absolue avant de tomber à la renverse. Ils commencèrent a lutter ensemble alors que M. Valenti, pour sa part, cherchait toujours son souffle au sol.

REALITIES (La Communauté de l'Ombre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant