Chapitre XLI - Consumé Par Les Flammes

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Les deux adolescents entrèrent dans la chambre d'hôtel de Dante en trombe. L'alcool dans leur sang avait rendu leurs membres lourds et engourdis, et leurs mouvements plus lourds et maladroits. 

La chambre aurait été plongée dans l'obscurité si ce n'avait été des rideaux ouverts, ou la lumière de la lune et de la ville s'infiltrait avec le vent par la fenêtre. Des feuilles d'arbres étaient venues se perdre sur le tapis près du lit. 

Dante trébucha dans ses chaussures et dut s'agripper a Lucia pour ne pas tomber. Celle-ci, de sa main libre, leva la bouteille aux effluves houblonnées et en but la dernière gorgée, avant de jetter le corps mort au sol. Avec un bruit de verre creux, la bouteille roula sous le lit et s'immobilisa contre le mur. Dante traversa la pièce dans un angle précaire et s'effondra sur le canapé. Il but pendant quelques secondes dans sa propre bouteille jusqu'a la terminer lui aussi, puis la déposa sur le sol a côté de lui.

Il ferma les yeux et put sentir le monde autour de lui tourner dans plusieurs directions en même temps. Il dut ouvrir les paupières pour ne pas être malade. Lucia s'était assise a côté de ses jambes et le regardait l'air rieur.

- Tu es saoul.

- Toi aussi, marmonna-il en souriant.

C'était bien évidemment la première fois que les jeunes buvaient réellement - être dans cet état était une surprise pour eux deux, qui n'avaient jamais experimentés les effets de l'alchool auparavant.

- Quand j'y pense, tu es la plus vieille personne que je connaisse, dit Dante en regardant son amie.

- Quoi?! Repliqua Lucia, un rictus aux lèvres.

- Je veux dire, tu es la personne que je connais depuis le plus longtemps.

- Oh. Idiot, dit Lucia.

Elle se pencha vers lui. Le parfum de ses cheveux était plus poignant que celui de l'alcool, et très certainement plus enivrant. Pendant une seconde, il put sentir son souffle sur son visage. Il ne comprit pas directement ce qu'elle faisait mais son rythme cardiaque accéléra instinctivement. Dante eut l'impression que le visage qu'il contemplait avait traversé toute la pièce pour venir rejoindre le sien, et il sentit sur ses lèvres la pression douce et chaleureuse d'un baiser - le premier qu'il eut jamais reçu. Il était confus, incertain de comment réagir, mais son corps ne répondit pas de la même façon; Il respira brièvement par le nez, puis répondit plus adéquatement au baiser, plaquant le corps de la jeune fille fermement contre le sien. Quelque chose d'électrisant se produit dans son cerveau, instigateur d'un instinct sauvage, donnant une certaine fougue a chacun de ses mouvements, chacun des contacts. La logique avait fait un pas en arrière pour laisser place a ce Dante totalement impulsif, authentique qu'il ressentait être a ce moment même.

- Ta théorie n'est pas entièrement vrai, Danty.

Dante ouvrit les yeux a nouveau. Ce n'était pas la voix de Lucia qui avait prononcé ces mots, et a voir l'expression qui était apparut sur son visage, il avait raison.

Il ne fallut qu'une fraction de seconde pour que les adolescents trouvent la source de cette interruption inattendue. Assis sur le rebord de la fenêtre, charmant et souriant comme à son habitude, Nicolai aurait pu être l'incarnation de l'innocence. Dante le vit arborer une expression de surprise pour la première fois, les sourcils haussés. Visiblement, il ne s'attendait pas a les retrouver dans ce genre de circonstance.

- On c'est connus le même jour, tous les trois, si tu te rappelles bien.

Dante et Lucia se séparèrent, un peu honteusement, mais surtout aux aguets. Nicolaï n'avait pas essayé quoi que ce soit d'étrange ou de louche envers eux dernièrement, et même si Dante pouvait en comprendre les raisons, il ressentait toujours le même malaise en sa présence.

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