Chapitre XXVII - Le Déclin d'une Rose

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Depuis son tout jeune âge, le petit dernier de la famille Pirris s'était avéré extraordinairement talentueux avec ses mains. À peine enfant, il réalisait toutes sortes de tâches manuelles avec ses mains; il reparaît des roues de calèches, fabriquait des systèmes de poulies et replaçait les gonds des portes; bientôt, il alla jusqu'à démonter des horloges juste pour apprendre comment elles fonctionnaient.

Les Pirris, n'ayant pas eu beaucoup d'argent dans leur vie, chérissaient en contrepartie d'autres choses bien importantes; et l'une d'entre elle était la famille.
C'est dans ce contexte que les enfants de la famille grandirent. On leur enseigna la dévotion, la générosité et la douceur - entre autres. Personne, dans leur village, ne pouvait trouver quelconque raison de leur en vouloir. C'était une famille modeste qui se donnait corps et âme à ceux qui les entourait.

Un matin de mai, de bien mauvaises nouvelles leur parvinrent de la part du médecin du village; la grand mère des enfants était décédée durant la nuit, succombant à une maladie qui, à l'époque, n'était pas bien connue.

Les obsèques de la doyenne des Pirris furent humbles mais très belles; énormément de gens vinrent lui payer leurs respect. Même les plus jeunes se souvinrent des fleurs et des décorations colorées qui surplombaient le cercueil, au pied d'un orme géant, et peut être même parfois, des mélodies que l'on y chanta. Mais ce que le plus jeune de tous les Pirris se souvint le plus à ce moment là, ce fut le visage démoli de son grand père, perdu dans un deuil qui semblait sans lendemain.

Peut être que ce fut cela qui, dans les premières semaines suivant la mort de sa grand mère, poussa le jeune garçon à aller voir son grand père aussi souvent. D'abord confronté à la déprime écrasante de son aîné, il finit par faire craquer sa carapace grâce à quelque chose que son grand père aimait beaucoup - les instruments de musique. S'il possédait bien une chose, c'était ses précieux objets qu'il collectionnait comme des trésors. Se faisant vieux, il avait cessé d'en prendre soins et certains étaient abîmés pas les années. Le garçon, instinctivement, se retourna vers cela pour se rapprocher de l'homme en peine.

Doucement, il se mit a questionner son grand père. Il était désireux d'apprendre comment réparer les instruments, dans le simple but d'aider le vieil homme dans cette tâche fastidieuse. Bien vite, ce dernier enseigna à son petit fils comment accorder un piano et ajuster des instruments à corde. Le jeune Pirris appris très vite, et éprouva un réel plaisir dans ces activités nouvelles et peu communes. Il alla voir son grand père tous les jours jusqu'à ce qu'un jour, a son arrivée, il découvrit sur son lit son grand père sans vie. Il était mort paisiblement dans son sommeil.

Quelques jour plus tard, on trouva une lettre à son intention. Avide de connaître les dernières pensées que son grand père lui avait transmises, il se dépêcha de lire le message.

Mon petit génie,
Depuis quelques mois déjà, ta présence près de moi apaise la douleur que je ressent dû à la perte de ta grand maman. Tu as été le petit le plus courageux du monde, et j'ai eu le plus grand plaisir à t'apprendre à réparer ces instruments; tu es déjà si talentueux, je suis fier de toi. Je laisse derrière moi un jeune homme merveilleux qui a hérité de ma passion, mais je veux bien te laisser aussi tous ces instruments que tu as réparé. Ils sont à toi, continue à en prendre soins.

Je t'aime très fort,
Tu deviens tout ce qu'un grand père aimerait voir en son petit fils.
Adieu, mon petit Nill.
Prends bien soins de toi.

Et Nill, le petit dernier de la famille Pirris, passa le reste de son enfance à réparer des instruments de musique.

Plusieurs années plus tard, le petit garçon devenu un homme s'était installé, fièrement, dans sa première demeure; un atelier de lutherie dans lequel il vivait également. Une charmante maison d'aspect rustique aux volets de bois et au toit incliné. Les affaires commencèrent plutôt bien pour lui; et un jour, une cliente lui rendit visite. C'était une violoncelliste magnifique aux grands yeux rêveurs. Il en tomba automatiquement amoureux. Lorsqu'elle vint reprendre son instrument quelques jours plus tard, Nill lui demanda s'il pouvait la revoir. Elle avait rigolé, puis lui avait dit que c'était possible. Ce soir là, il la rejoint à un endroit où ils s'étaient donnés rendez-vous. Ils apprirent à se connaître, jours après jours, jusqu'à ce que Nill finit par lui faire la grande demande. Il se souvenait qu'elle avait versé quelques larmes avant de lui dire qu'elle en serait absolument heureuse.

REALITIES (La Communauté de l'Ombre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant