Chapitre XXXIII - Quand Revient la Méduse

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Il n'y eut, dans cette caverne naturelle ou Dante et le groupe se trouvait, que le bruit de sanglots durant de longues minutes, pénibles, pitoyables. Un vent frisquet soufflait sans relâche et bientôt, Dante eut l'impression que la pierre sous lui fut asser froide pour le changer en bloc de glace. Il leur faudrait quitter cet endroit - et laisser derrière, symboliquement plus qu'autre chose, leur compagnon resté de l'autre côté.

Ce fut Cerys qui vint voir Dante en premier.

- Allez, il faut y aller. Milo ne va pas bien, il saigne et il va falloir lui trouver des soins médicaux.

Mais le jeune homme put entendre une plainte déchirante tentant de l'en dissuader;

- Dante! - C'était Rory, toujours en larmes - Remmenez Chess, je vous en supplie! Vous devez faire quelque chose, trouver un passage...

- Je ne peux rien faire, lui dit Dante, un noeud dans la gorge. Il se sentait horriblement coupable, voir même impuissant. < Je ne sais pas comment retourner la ou nous étions. Ce n'est pas moi qui nous a menés la. Je n'ai aucune idée de l'endroit ou nous nous trouvions... >

Rory baissa la tête pour réprimer ses sanglots. Dante pouvait entendre ses efforts pour se contenir.

- Que faire maintenant?

Cerys les pressa a nouveau;

- Il faut partir, Rory. Noah, s'il te plaît, prend Milo avec toi.

Noah apparut devant eux et Dante passa très près de mourrir d'une crise cardiaque. Il avait entendu Chess dire, pendant leur trajet la journée précédente, que la spécialisation de Noah était l'invisibilité.

- Je le prends, dit-il, et Dante put voir qu'il avait les yeux rougis. Il avait pleuré aussi. Si devenir invisible était sa plus grande force, il n'avait certe pas réussi à couvrir son orgueil.

Dante et Cerys aidèrent Rory à se relever du sol rocailleux et la leader du groupe l'emmena jusqu'à la calèche, maintenant déserte. Noah avait hissé Milo sur ses épaules et il se dirigeait maintenant en direction des filles, laissant Dante seul avec Nill, toujours étendu sur le sol. S'il l'avait voulu, Dante aurait pu l'assommer. Il en avait envie, mais ressentait une certaine tristesse, un certain besoin de réponses face à tout ce qui s'était déroulé. Il aimait Nill. Il avait débarqué dans sa vie comme une source d'espoir inespéré. Maintenant qu'il le voyait la, pathétique, il éprouvait de la pitié pour lui - malgré tout le dégoût que sa trahison lui avait inspiré.

Sa voix, basse, profonde, résonna doucement malgré le son de la tempête qui résonnait de l'extérieur.

- Dante, mon gars.

- Qu'est-ce que tu veux, Nill.

L'adolescent s'avança péniblement. Son corps lui faisait mal et maintenant que l'adrénaline s'estompait, son oreille, en particulier, le faisait souffrir horriblement.

- Je suis désolé, petit. J'ai merdé.

- Tu as tué Chess... Tu as tué Chess, Nill. Je ne sais pas quoi te dire.

- Non - Je suis désolé pour toi. Je t'ai trahi. J'ai vu, en toi, la chance de récupérer toute la vie que j'ai perdu il y a si longtemps.

Quelques larmes coulaient encore sur son visage mais il semblait plus serein. Peut être commençais-il à redevenir le Nill que Dante avait connu; mais c'était bien trop tard, maintenant.

- Nill. Je n'ai que dix-sept ans, mais je sais très bien que le monde ne doit pas changer selon notre volonté. J'ai perdu la seule famille qui me restait à cause de tes hommes et j'ai été arraché à mon monde à cause de tes ordres. Et je sais que c'est la vie. J'ai vu ce que tu as remmené. C'était terrifiant. Tu t'es bercé d'illusions et je comprends pourquoi; mais tu es allé trop loin, Nill. Je ne veux plus jamais croiser ton chemin, peu importe où la vie me mène.

REALITIES (La Communauté de l'Ombre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant