Chapitre XX - Visage À Deux Faces

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Quelque jours déjà s'étaient écoulés et la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Lorsque l'officier qui avait trouvé Nicolaï raconta les circonstances de sa découverte, Dante eut du mal à y croire.

<Lorsque l'explosion a retenti, s'était exclamé l'agent devant les médias, le jeune homme à instinctivement tenté de s'échapper pour se protéger d'une potentielle seconde explosion; il aurait alors tenté de sortir du château, ou il s'est retrouvé dans la foule, tombant nez à nez avec les malfaiteurs. Ceux-ci étaient armés d'explosifs modifiés magiquement. Le sujet les a alors attaqués et abattus tous les trois.

Pendant l'interview avec les journalistes, Dante put entendre Nicolaï mentionner sa haine envers les révolutionnaires responsables de cet acte terroriste. Dante se souvint ce qu'Enzo lui avait raconté plusieurs années plus tôt. Comme lui, Nicolaï avait vu sa famille et son entourage se faire massacrer; des rebelles, selon lui, employant des méthodes extrémistes afin de retrouver un Passeur.

Ce fut tout ce qu'il put entendre à cet instant. Dans les quelques jours qui suivirent, des articles dépeignaient Nico comme un héros du peuple. C'était une des choses les plus troublantes qu'il ne lui ait jamais été porté à voir.

Et encore, des choses marquantes, il en vécu son lot durant les jours suivant l'indicent. D'abord, les garçons avaient été déménagés dans une chambre qui s'avérait plus être une suite luxueuse, quelque chose de ridiculement royal. À chaque heure, un serviteur venait leur apporter tout ce qu'ils pouvaient bien désirer. Habitué à manger ce qu'il trouvait dans la forêt, Dante s'était senti décontenancé par l'excès de nourriture sous laquelle ils avaient littéralement été ensevelis.

Un autre changement majeur était le fait que, bien qu'on les ait remis ensemble dans une seule chambre, ils étaient dorénavant libres de circuler ou bon leur semblait. Dante pensait que laisser une totale liberté à Nicolaï était la chose la plus dangereuse qui soit, mais il s'avéra être plus sage qu'il ne l'aurait pensé. La cohabitation avec lui, d'ailleurs, bien qu'extrêmement malaisante, n'avait pas encore laissée place à la violence une nouvelle fois. Les deux garçons se tenaient loin l'un de l'autre et ne s'adressaient en aucun cas la parole, s'évitant comme la peste.

Deux jours s'étaient passés déjà sans nouvelles de qui que ce soit. Dante avait l'impression d'être laissé à lui même, comme si on l'avait oublié. Torturé par l'inactivité dans laquelle il était plongé, sans indice de ce qui l'attendait maintenant, l'adolescent s'était mis à explorer l'endroit autant qu'il le pouvait; il put découvrir ainsi une partie du château, qui était tellement immense qu'il lui était impossible de tout voir en 48 heures. Il s'y était même perdu plus d'une fois, mais il ne lui suffisait que de rentrer dans une pièce occupée par des hommes importants (Dante n'avait en fait aucune idée de ce qu'ils faisaient ou de qui ils étaient) pour qu'on se retourne vers lui avec intérêt et qu'on le remette ensuite sur le bon chemin vers sa chambre.

Tout le monde semblait l'aimer. Partout où il allait, on le saluait. Le deuxième jour, lorsqu'il réussit à trouver son chemin jusqu'à l'extérieur, une femme se mit a genoux devant lui, sur la place publique, le suppliant de rendre leur vie meilleure. Dante n'avait pas trouvé quoi lui dire et s'était contenté de la rassurer maladroitement avant de quitter l'endroit d'un pas nerveux.

C'est cependant la nuit suivante que quelque chose de réellement anormal survint. Étendu dans son lit, Dante s'était mis à rêvasser alors que le sommeil l'emportait.

C'était une nuit plutôt chaude. Avant de se coucher dans l'immense lit a baldaquin ou il dormait maintenant, Dante avait entrouvert un battant de la fenêtre dans l'espoir de laisser entrer une brise fraîche.

Les yeux entrouverts, il observait les gravures au plafond qui encerclaient gracieusement le lustre un peu plus loin, devant son lit. L'air était chaud et sec, mais à un moment, Dante put entrevoir l'ombre des rideaux tressaillir doucement, et il ferma les yeux pour apprécier cette touche de fraîcheur nocturne.

REALITIES (La Communauté de l'Ombre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant