Chapitre XXXVIII - Le Véritable Passeur

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C'est un valet de chambre qui avait réveillé Dante le lendemain matin, dans sa petite chambre de l'hôtel modeste mais confortable de la rue Boivin, que la troupe avait choisi la veille pour le temps de leur séjour.

- Monsieur, on m'a fait part du fait que votre présence est demandée a l'assemblée des partisans.

Il avait laissé paraître une grande perplexité et avait même dévisagé Dante avec curiosité bien que sans mépris aucun.

- De quoi s'agit-il? Demanda Dante du tac au tac.

- Un rassemblement de personnes qui font partie intégrante du mouvement révolutionnaire. Il a lieu à l'hôtel de ville.

- Ah... Merci.

Légèrement confus, Dante se leva lentement. Toute cette histoire le dépassait souvent. Certes, l'Empire lui avait volé une enfance qu'il ne retrouverait jamais - Nicolaï aussi, bien entendu, mais l'Empire l'avait pourchassé dans une optique beaucoup plus profiteuse. Nicolaï ne voulait que le tuer (Il aurait pu rire devant une pensée aussi contradictoire, mais la fatigue matinale ne lui permettait pas le meilleur humeur possible) alors que l'Empire voulait l'utiliser à des fins plus dommageables. Il avait vu et entendu tellement de choses qui faisaient pour lui de l'Empire quelque chose de fondamentalement dangereux. Ethan lui même avait prononcé des mots, et agi de façons qui avaient alarmé Dante au plus haut point. On l'avait gardé prisonnier contre sa volonté, et lorsqu'il s'était enfui, on avait envoyé les chiens le plus féroces de l'empire pour le récupérer.

Il prit la carafe d'eau sur la table de chevet près de lui et s'en servit un verre. Il se remémora alors, avec moins de clarté qu'il aurait dû avoir, son combat mortel, traumatisant, contre Cadius. Tellement d'hommes s'étaient mis en travers de sa vie, et d'empereurs lunatiques à orphelins aveuglés par la vengeance, ils avaient tous frappés efficacement. Rien, cependant, ne l'avait autant révolté que la façon dont l'Empire l'avait considéré, comme un bien, un outil dans le but de parvenir à leurs fins. Et, même si ce combat se déroulait si loin de chez lui, même si, en toute honnêteté, il en ressentait une certaine indifférence, même s'il aurait préféré rentrer chez lui, une partie de son âme savait que rien ne l'attendait plus à la maison. Qu'il n'avait nul part où rentrer et, qu'autant avaient-ils, lui et sa famille de Monte Perdido, réussis à transformer une grotte humide en ce qui apparaissait comme un château aux yeux d'un enfant, elle ne restait qu'un refuge de fortune qu'ils avaient aimés plus que nécessaire, et rien d'autre.

Il déposa son verre un peu trop fermement. Il pensait à Nill qui, bien qu'il leur ait causé tant de mal, lui avait servi de modèle. S'il était le fameux passeur, et s'il pouvait, ne serait-ce qu'un peu, éviter à d'autres que lui le châtiment terrible de la mort, de la guerre et de la misère, il le ferai.

Dante sortit de la chambre sans réaliser les nombreuses choses qu'il avait comprises en ce matin ensoleillé.

Il lui fallut demander son chemin à trois reprises pour enfin retrouver la plaza ou ils s'étaient garés la veille, et en arrivant, il fût soulagé de voir que d'autres personnes entraient encore dans le bâtiment qui surplombait l'endroit.

Bien qu'il y soit entré une fois la veille, l'adolescent se surprit encore de la différence frappente entre cette maison certes bien immense, et le palais royal de la capitale, tellement grand que Torla au complet, bâtiments compris, s'y serai tenue au complet, deux fois. Ici, les couloirs étaient étroits, le sol était fait de simples planches de bois vernies, et des cadres pendaient un peu en désordre sur les murs crème de l'endroit. En suivant les gens qui étaient entrés devant lui, Dante se retrouva dans un salon gigantesque, circulaire, rempli de canapés et de chaises de salon, dont le plancher était formé de paliers descendant en cercles jusqu'au centre de la pièce, rappelant à Dante des images qu'il avait vu des millénaires de ça, chez sa maîtresse à l'école, d'estrades dans lesquelles s'asseyaient des gens pour regarder une partie de foot.

REALITIES (La Communauté de l'Ombre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant